On connait sans doute tous des mamans, de près ou de loin, qui ont deux, trois ou même quatre enfants et qui ont l’air de nager dans le bonheur. Plusieurs d’entre elles occupent même des emplois exigeants. Elles naviguent entre le travail, l’épicerie, les repas, le ménage, la garderie, la gestion des vêtements, les loisirs et j’en passe. Moi, des enfants, je n’en ai qu’un… Et mon Dieu que je trouve ça dur !

Parce que deux, c’est mieux!?

Quand j’étais petite, lorsque j’imaginais ma vie d’adulte, je me voyais avec deux enfants. Parce qu’un seul, c’est poche il me semble. Avec un enfant, la famille forme un chiffre impair. Quand on est un chiffre impair, il y en a toujours un qui finit seul. Seul dans les manèges, seul dans les glissades d’eau, seul dans le T-bar à la pente de ski…

Il me semble aussi que c’est moins instragrammable, une famille de trois. C’est moins mignon, moins fini, moins winner qu’une fratrie souriant au coucher du soleil en se tenant la main.

Et l’enfant, lui, ne mérite-t-il pas de partager sa jeunesse avec un p’tit frère ou une p’tite sœur?

Il me semble que ça l’aiderait à apprendre le sens du partage, la patience, la générosité et l’entraide. Ça serait bon aussi pour son estime de soi d’être un modèle pour son cadet!

Sans compter tous ces gens qui s’en mêlent : « À quand le prochain? », « Vous ne pouvez pas juste vous arrêter à un! », « Je suis enfant unique, moi, et je me suis dit que je ne ferais pas vivre ça à mon enfant! ». Rien pour nous aider à assumer le choix de s’arrêter après le premier!

Quand ça frappe aux yeux

Peu importe que ça soit ou non en adéquation avec mes rêves d’enfance, avec les stéréotypes sociaux et avec l’image qu’on se fait d’une famille parfaite, la réalité parle: mon conjoint et moi avons du mal à porter tous les chapeaux qu’implique la vie avec un enfant actuellement. Je sens que je cours sans arrêt pour tout accomplir, pour que personne ne manque de rien. Moi, je manque de temps et de liberté. Je me perds dans cette vie où faire l’épicerie en famille est le fait saillant de notre weekend. C’est clair que nous ne pouvons pas faire un autre bébé!

Suis-je moins bonne que les autres?

Pourquoi elles sont capables, elles, d’avoir deux/trois enfants et de travailler à temps plein tout en paraissant accomplies et fraîches comme des roses? Y a-t-il quelque chose que je n’ai pas compris? Est-ce moi qui suis une petite nature? Est-ce que je suis une mauvaise personne de ne pas me sentir satisfaite de jouer à la poupée pendant des heures et de vouloir avoir du temps pour prendre soin de moi?

Creuser pour comprendre

La réalité, c’est que nous avons gagné à la loterie des enfants difficiles. Vous savez, le bébé qui hurle toute la journée, qui ne dort pas plus de 45 minutes par jour et qui régurgite et vomit à répétition? C’est nous qui l’avons eu. Celui pour qui on a consulté maintes fois en ostéopathie, en physiothérapie, en podiatrie et en pédiatrie, car il ne suivait pas les courbes de développement normales ? Nous. Celui qui est sur la liste d’attente pour voir l’ergothérapeute et la nutritionniste, car il présente tous les signes d’une hyperréactivité sensorielle et qu’il se nourrit presque exclusivement aux boissons de suppléments nutritionnels ? Nous. Celui pour qui on collabore actuellement avec une travailleuse sociale parce qu’il s’oppose à toutes les consignes, qu’il faut le mettre de force dans son siège d’auto, qu’il crie, qu'il frappe et qu’il nécessite de se mettre à deux pour changer sa couche ? Nous.

Accepter la réalité

N’allez pas croire que je me plains. J’ADORE ma fille. Je suis la plus chanceuse du monde d’être tombée sur elle, une cocotte si allumée, enjouée, créative et énergique! Mis à part les particularités qu’elle a, elle est en excellente santé. Il y a tant d’enfants dans ce monde (et de parents!) qui n’ont pas cette chance. Je ne peux pas me plaindre. Je ne VEUX pas me plaindre.

Par contre, j’ai le droit de dire que c’est difficile. Qu’il y a eu un AVANT et un APRÈS sa venue au monde. Que j’ai commencé à avoir des cheveux blancs suivant mon retour de congé de maternité! Que mon mode de vie d’avant ne convient plus! Que j’ai frôlé la dépression à essayer de trouver un nouvel équilibre dans ma vie suite à son arrivée!

Aujourd’hui, je commence seulement à comprendre que je ne suis pas moins bonne que les autres. J’ai seulement ma propre réalité, à moi. Une réalité qui est venue ébranler mes rêves, mes croyances, mes valeurs; toutes mes certitudes, quoi. Une réalité que j’apprends encore à apprivoiser, bien que ma fille soit déjà rendue à deux ans et demi ! Ça ne laisse donc pas place pour un autre enfant actuellement. C’est comme ça et je l’assume de plus en plus.

Image de couverture de Hollie Santos
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