J’ai le subconscient légèrement troublé par mes multiples et vaines fréquentations des dernières années. Je suis tellement convaincue de savoir ce que je cherche, que je n’arrive même pas à le voir quand je le trouve. C’est bizarre pareil d’avoir la vue obstruée par les critères que j’ai moi-même établis.
Source: Sickchirpse
J’ai pris l’habitude d’évaluer mon intérêt selon le nombre d’heures passées à stalker mon prétendant. Lorsque je découvre le nom du meilleur chum de sa cousine, j’estime que ladite personne est digne de mes sentiments les plus tendres. Et plus je le stalk, plus mon intérêt est grandissant. Si l’envie de m’abonner à son compte LinkedIn me titille les doigts, je me dis : «Voilà! C’est lui! C’est le bon!»
Le problème est qu’il y a une bordée de personnes à espionner sur les réseaux sociaux. Chaque session d’espionnage fait naître en moi une nouvelle curiosité émotionnelle. Parfois, c’est le meilleur ami de l’individu qui semble désormais plus alléchant. Et ça ne s’arrête pas là! Le¨stalkage¨ est une donnée exponentielle. On calcule chaque minute au carré. Parce que l’autre, l’être désiré, s’affaire à la même tâche de son côté du clavier.
Dans le temps de nos parents, on rencontrait son chum sur le bord de la rue en se rendant au dépanneur. Un échange d’informations s’en suivait et le premier rendez-vous était fixé. S’il était beau, attentionné et ambitieux, on interrompait nos recherches. Pas besoin d’aller voir plus loin.
Mais nous sommes, aujourd’hui, dans l’ère des choix. Sans le savoir, ta date est en compétition avec l’ensemble des personnes se trouvant sur tes divers fils d’actualité. D’un coup que le banquier qui habite à Londres et que t’as rencontré dans un voyage aux États-Unis soit le bon pour toi. Tu voudrais pas faire perdre son temps au bon petit gars de Trois-Rivières qui veut t’amener souper.
Comment un prétendant peut-il se faire valoir cependant s’il est constamment comparé à toutes ces autres possibilités? Le dicton le dit bien, l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Elle n’est pas plus cultivée, plus sportive ou mieux équipée non plus. Il faut parfois se rappeler que des likes allègrement parsemés sur tes photos Instagram ne sont pas nécessairement synonymes d’engagement.
Et si, au contraire, nous nous entraînions à occuper notre esprit par ceux que nous ne stalkons pas. Ceux dont nous ne connaissons rien, mais avec qui il pourrait être plaisant de discuter autour d’un café. N’était-il pas plus excitant justement de ne pas savoir? De découvrir des petites bribes de son enfance au fil des rencontres et non en réactualisant sa page Facebook?
Peu importe son nom, Mathieu, Jean-Jacques ou Maxime-Michel demeure probablement plus divertissant qu’un écran de cellulaire. En cas d’angoisse dans les moments de doute, sa page Facebook accueillera volontiers ton curseur, mais la chaleur de son cœur n’est malheureusement pas disponible dans le monde virtuel.
N.B. : Une recherche Google est cependant nécessaire pour vous assurer que vous n’allez pas prendre un café avec un ex-détenu, déclaré coupable de meurtre au premier degré.