J’ai toujours admiré les femmes qui osent s’habiller de façon sexy. Elles semblent si libres, si inatteignables, mais en même temps tellement en manque d’attention.  C’est sûr qu’en portant un nombre aussi limité de vêtements révélateurs, c’est pas pour rien qu’on les appelle aussi des filles faciles…à déshabiller. Une petite robe c’est ben plus facile à enlever qu’un jumpsuit fleuri avec des bretelles croisées dans le dos qui s’pogne toujours dans le zipper de dos qui coince à moitié du chemin et que je suis obligée de sortir ma tête du trou, de peine et de misère. On est loin d’une scène suave Des pages de notre amour, j’ai plus l’air de Charlize Theron dans le film Monster, crack en moins. C’est peut-être pour ça que ces filles-là n'ont pas de difficulté à se ramener de la chair fraîche à domicile après le bar.

Donc, la semaine passée, les hormones qui résonnaient dans ma tête à la vitesse où j’avais besoin d’expériences sexuelles nouvelles pour humilier un nouveau garçon dans un de mes articles, j’ai fait le test d’exhiber mon corps de jeune femme pudique à la recherche de vérité et de présence masculine.

Est-ce que mon physique déguisé prendrait plus de place que mon charisme naturel incompris ?

Moi qui, à l’habitude, misait toujours sur mes atouts non physiques, cette fois-ci j’étais prête à frôler l’indécence et ne pas faire attention au feu baby, c’est chaud c’est dangereux, parce que ce soir, j’allais faire l’et cetera.

Oui oui, Noémie allait s’habiller en charrue pour une expérience sociale complètement dédiée au nom de la science et…pour mon muscle pelvien, de peur qu’un jour il devienne flasque (c’est vrai, j’ai vu ca à Docteur suis-je normal pis j’ai eu la chienne de ma vie).

Pour bien faire les choses,  il me fallait bien sûr, l’aide de mon amie la plus experte pour ce genre de situation, alias mon amie qui m’envoie toujours des snapchat de graines avec qui elle passe ses nuits, parce que oui, mon amie appelle ses amants; Les graines. J’ai approximativement 12 photos de phallus de toutes les formes dans mon cellulaire, si des intéressées, je les ferai tirer sur la page du Cahier.

Donc madame Phallus (on va l’appeler comme ca pour garder l’anonymat de mon amie) débarque chez moi, une bouteille de vodka framboise à la main, une valise remplie de linge pis de maquillage dans l’autre tandis que je commençais un peu à avoir peur. Moi qui s’étais retirée du monde du nightlife depuis le jour de mes 18 ans, je me demandais vraiment où tout ça allait me mener.

Allais-je me retrouver à Tanguay pour incitation à des contacts sexuels sur un mineur de 17 ans?

Seul l’avenir pouvait me le dire, mais pour l’instant mes joues roses d’alcool et ma robe trop serrée sur ma brassière triple push-up, m’empêchait de me concentrer sur autre chose que l’éventuelle possibilité qu’une simple fausse manœuvre pourrait faire chavirer un de mes mamelons dans le libre monde.

Heureusement, mon amie faisait tout en son possible pour me mettre à mon aise, c’est-à-dire foutre du Sean Paul dans le tapis en me criant de « me fermer la yeule pass j’suis chix en cr*ss ».

Mais dans le dedans de mon corps, toutes mes terminaisons nerveuses, mes combinaisons de globules rouges et blancs, mes vaisseaux sanguins pis mon bons sens, s’étaient mis d’accord pour me chuchoter que c’était wrong en sacrament.

Mais la musique était trop forte, je n’entendais rien, je ne pouvais pas sentir ma peau qui me jugeait, mon jugement lui-même s’était dilué quelque part dans les vapeurs de l’alcool à la framboise mélangé dans du 7up pis des cerises marasquins.

De toute façon, je ne pouvais plus reculer, ca faisait déjà deux heures qu’on me pimpait la carrosserie, ça aurait été cheap de choker, ca coûte cher du maquillage.

Donc j’ai pris ma carte d’identité, (on sait jamais), mon gloss qui faisait coller mes cheveux sur mes lèvres, mon blush qui faisait creuser mes joues de bébé, le tout dans un mini sac à main trop petit qui laissait pas rentrer l’essentiel : Un taser-gun.

Ben quoi? On est jamais trop prudente…Y pourrait avoir un Pitbull sorti de nulle part qui s’pitch sur moi….

En pleine ascension vers le métro Pie-IX, une fille, non loin derrière nous, me crie avec sa voix des plus envieuses (un doux mélange de cancer de la gorge mélangé à une fine brise de Craven A velouté).

« Belle Juuuupe ».

J’ignore si c’était la salope en moi qui l’avait charmée, ou ma jupe qui était tristement restée prise dans ma petite culotte en sortant des toilettes un peu plus tôt, mais cette gentille lesbienne-tribade-homosexuelle-saphique-bisexuelle-queer, name it, avait, pour une quelconque raison que j’ignore encore aujourd’hui, réussi à dissiper mes craintes quant à ma transformation physique radicale de femme libérée sexuellement.

J’étais prête à m’approprier ce nouveau moi, ce moi gurda.

L’affaire c’est qu’arrivée au bar, je me suis vite aperçue que je ressemblais à 80% des femmes de la place et pourtant, le 20% restant était selon moi, les plus belles. J’étais comme celles qui passent des heures devant le miroir à faire des efforts pour être la plus jolie mais qui finissent toutes par se ressembler, alors que….Celles qui s’assumaient, qui s’affirmaient et qui exposaient leur féminité et leur beauté naturelle au monde entier sans peur et sans honte, était ce qui faisait d’elles, selon moi, de vraies femmes.

Et moi, qui avais pourtant l’habitude d’en faire partie, je me sentais à présent étrangère d’un corps qui ne m’appartenait plus et j’étouffais sous ces couches superficielles qui encombraient ma peau et mes cheveux. L’extérieur de qui j’étais, s’était mélangé avec l’intérieur et j’étais à présent hantée par un sentiment de dégoût. Je me sentais sale, sale comme si je m’étais réveillée un matin encore maquillée, sale comme la fois où j’ai échappé ma coupe menstruelle pleine sur le plancher de la salle de bain…de ma job.

Comment est ce que je pouvais attirer quelqu’un de cette façon-là? C’est comme aller à la pêche avec des confettis et tous ceux à qui je risquais de plaire ce soir là, auraient été de vieilles algues de fond de lac pollué ou des bottes pourries.

Je me suis dirigée vers les toilettes crasses aux murs décorés de vulgarités, et je me suis débarrassée de mes rallonges, mes faux ongles, mes faux cils, ma brassière, ma gaine, mon gloss qui brille trop, et mon décolleté qui me volait la vedette et je suis partie, laissant derrière moi, une toilette qui déborde.

Et c’est à ce moment là, qu’un garçon s’est dirigé vers moi (il était majeur, je vous jure) et m’a dit comme ça: « T’es vraiment belle. »

***Avis à tous***

Oyé, oyé! Je tiens à préciser que ce texte, que j'ai écrit sans prétention, le sourire aux lèvres, une corona à la main un dimanche après-midi ensoleillé, que mes mots, ne sont que des mots pour faire rire et non pour provoquer ou juger. J'aime écrire des textes humoristes, et donc, je considère que mes lecteurs comprendront que c'est pour faire rire et non pour juger qui que ce soit. Que tu t'habilles en Pussycat dolls ou en Mary Poppins, ça t'appartient. Alors s'il te plait, j'espère que tu comprendras ici que ce texte est à prendre à la légère et que je ne souhaite blesser personne. Je suis gentille. Je le promets. J'aime les animaux pis les enfants pis le sarcasme.

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