J’écoutais récemment la bande sonore du film The Greatest Showman, dans laquelle il y a une chanson intitulée This is me. Elle représente un hymne de fierté envers sois-même, envers qui nous sommes malgré nos cicatrices. C’est un cri du cœur qui inspire la confiance et l’acceptation de soi. Elle me donne des frissons aussitôt que je l’entends, l’effet est immédiat.

Je l’écoutais parce que je ne suis pas dans un bon état d'esprit par rapport à moi-même ces temps-ci. On connait tous ces moments où on a l’impression de se trouver des défauts chaque jour, des rides, des vergetures, des boutons, des livres en trop, des poches sous les yeux, etc. Ces genres de moments où on remet en question tout ce que l’on fait en se disant que l’on en fait pas assez, qu’on est lâches, qu’on est pas pertinents, qu’on devrait se botter le derrière, sans vraiment le faire. En prêtant une oreille plus attentive aux paroles de cette chanson, j’ai eu une prise de conscience un peu triste, mais ô combien révélatrice :

I’m not a stranger to the dark. “Hide away”, they say, “Cause we don’t want your broken parts”.

I learn to be ashamed of all my scars. “Run away”, they say, “No one’ll love you as you are”.

Dans le contexte du film, c’est une femme à barbe qui chante ceci ; elle fait référence à tous ces gens qui ridiculisent les artistes du cirque, qui se moquent de l’anormalité, qui leur disent d’aller se cacher, car ils ne veulent pas voir ces abominations. Plus tard dans la chanson, et c’est ce qui la rend si puissante, on y entend «I am brave, I am bruised, I am who I meant to be : This is me. ». Je suis courageuse, je suis blessée, je suis celle que je dois être : Me voici. (Traduit de mes talents très discutables de traductrice, pardonnez-moi!). Nous devrions tous nous identifier à cette chanson, s’affirmer comme on est et être fiers de nous. C’est le propos même de la chanson. Or, ce n’est pas ainsi que je me suis sentie dernièrement.

this is me blesséeSource image : Unplash

Je me suis rendue compte que je suis moi-même ces gens qui ridiculisent les artistes du cirque. Et je suis moi-même un artiste du cirque. Les « va te cacher », « on ne veut pas voir tes blessures, tes faiblesses » et les « personne ne va t’aimer comme tu es », ce sont des couteaux que je me lance à moi-même. J’ai toujours tendance à minimiser ce qui se passe de pas si beau dans ma vie pour ne pas rendre les gens mal à l’aise, pour que tout ait l’air de bien aller. Et ces temps-ci particulièrement, je ne suis pas capable de me regarder dans le miroir et de me dire que je suis belle. Je sais que ça va revenir. Je sais que je vais passer par-dessus. Mais, c’est une certitude du genre COVID-19 ; on sait que la crise va passer, mais on sait pas quand, et on sait pas ce sera quoi les dommages finaux. Eh bien présentement, je suis mon propre petit virus. Un petit virus bien bien sournois, qui se traduit par des excuses de ma part pour mes moindres faux pas, les moindres malaises que je peux engendrer. Je passe ma vie à m’excuser.

Je me suis rendue compte, en écoutant la chansons, que c’était un problème plus gros que ce à quoi je pensais. Car j’en étais à un point où, même lorsque je recevais des compliments sincères de ma famille, mes amis ou même mon chum, je n’étais même pas capable des les accepter. Je pensais : « Ils disent ça pour me faire plaisir. Mais, tu sais bien que ce n’est pas vrai. ».

Je parle au passé, comme si c’était réglé. Évidemment, ça ne l’est pas. Mais, alors qu’avant, lors de ma prise de conscience, je ne ressentais que du découragement, aujourd’hui, je me suis trouvé un but. Je ne veux plus être comme ça ; je ne veux plus éviter les miroirs ; je ne veux plus m’excuser. Je veux être la seconde partie de la chanson. Je veux pouvoir me dire :

Look out 'cause here I come
And I'm marching on to the beat I drum

I'm not scared to be seen
I make no apologies

This is me 

Je ne fais qu’entamer le processus. Je suis loin de ce résultat, mais je peux l’entrevoir. Et j’aime bien ce que je vois.

Source image de couverture : Unsplash
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