J’ai pris la décision de m’en aller. C’était mon choix. Pas le tien. J’avais besoin de partir. De me découvrir. De vivre des affaires. Seule. Sans attaches. 

Mais c’est difficile à expliquer à quelqu’un. Difficile de faire comprendre à la personne qui partage notre vie que ce n’est pas sa faute. Qu’elle n’a rien fait de mal. Qu’au fond, si je veux partir, c’est pour être mieux avec moi-même. Pour apprendre à m’aimer complètement avant de pouvoir donner tout mon amour à un autre être humain. Tout ce que tu méritais, je n’étais pas capable de te l’offrir. Je n’étais pas en mesure de te combler. Pas à ce moment de ma vie, en tout cas. 

Alors je suis partie. Je n’étais pas prête à me caser tout de suite, tu sais. Mon âme avait encore besoin d’être libre. Heureusement, tu l’as compris sans que j’aie besoin m’expliquer cent fois. Et tu m’as laissée partir. Comme ça. En une fraction de seconde, je n’étais plus la tienne. Et tu n’étais plus mien. 

C’était ce que je voulais, non?

Une partie de moi aurait cependant voulu que tu me retiennes. Que tu me supplies de rester. Que tu me dises que tu avais besoin de moi comme tu as besoin d’oxygène. Mais tu m’as laissée m’en aller. Tu m’as même dit à quel point tu trouvais que ma décision était courageuse. Et que j’étais forte. Ça m’a fait pleurer. Tu les as vues, les larmes, couler sur mes joues. Tu sais que ça n’a pas été facile. Pourtant, je l’ai fait. Et ça m’a pris du temps avant de réaliser l’ampleur de cette décision. 

Depuis ce jour où je me suis choisie, j’apprends à vivre on my own, comme on dit. Mais c’est tout sauf facile. 

Je ne t’ai pas quitté parce que je ne t’aimais plus. Je t’ai quitté parce que j’avais besoin de grandir. Je n’étais pas faite pour toi à cet instant où nous nous sommes rencontrés. On n’était pas rendus au même endroit dans la vie. Et je ne crois pas que j’étais celle qu’il te fallait. 

Ça me fait mal d’écrire ça. Ça me fait mal, parce que je t’ai aimé vraiment fort. Vraiment. Ça ne paraissait pas toujours, mais je t’aimais. Je t’aime encore d’ailleurs. D’un amour différent, mais je t’aime. Parce que tu es une personne incroyable. Et que tu as su m’aimer quand je n’étais pas capable de voir ce qu’il y avait de beau en moi. Pour ça, je te serai éternellement reconnaissante.  

Je pense encore à toi des fois, tu sais.

Souvent, même. Tu te balades dans mes pensées. Tu viens faire un tour dans mes rêves, aussi. Je pense à tes yeux, ton sourire, tes mains. J’entends ta voix dans ma tête. 

Puis, il y a plein de chansons qui me font encore penser à toi. Toutes les fois où je les entends à la radio, tu surgis dans mon esprit. Et je me remémore les moments où tu grattais ta guitare, le soir. Moi, je te regardais jouer. Les chats dormaient à mes côtés sur le divan. Tu jouais toujours les mêmes chansons. Et ça me tannait un peu, pour être honnête. Mais ce sont ces chansons qui me font penser à toi aussi fort aujourd’hui. 

Est-ce que c’est mal?

Est-ce que j’ai encore le droit de penser à toi, dans les circonstances? Ma tête me dit que c’est une mauvaise idée de ressasser le passé. De repenser à nous deux. Mais mon cœur me crie le contraire.

Je sais que j’ai pris la bonne décision en te quittant. Mais je pense à toi pour ne pas t’oublier. Pour ne pas nous oublier. Parce que malgré tout, ce fut une belle histoire.

Image de couverture par Sinitta Leunen
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