Pour ma part, j’ai eu deux post-accouchements très différents. Avec Charlie, ma première, j’aurais dû prendre plus au sérieux le post-partum. Je m’étais fait une fausse image d’elle. Je m’étais dit que cela ne m’arriverait pas et que j’avais en main toutes les stratégies nécessaires pour passer au travers. J’avais tellement en tête l’image d’une femme qui se tire les cheveux et qui pleure durant toute la journée, mais chez moi, c’était vraiment plus discret.
Lorsque Charlie a été déposée dans mes bras, une immense peur s’est créée au creux de mon ventre et s’y est logée pour la première année. Je n’ai jamais été aussi souvent au médecin de ma vie. Elle avait des boutons, une rougeur, elle mouchait et j’étais déjà rendue dans mon auto. On dit souvent qu’au premier bébé, c’est normal, car c’est l’inconnu. C’était normal jusqu’à ce que ça devienne trop. Je redoutais les moments où j’allais être seule avec elle, par peur de ne pas bien faire les choses. Je refusais qu’on vienne la chercher pour aller en auto quelque part, car si par malheur il y avait un accident, je ne me le pardonnerais jamais. J’étais constamment inquiète et j’étais très dure avec moi. Lorsqu’elle pleurait, et ce malgré le fait que je l’aie changée, consolée, que j'aie joué avec elle, je m’en prenais à moi en me disant que j’étais la pire mère du monde. Ça a été très dur mentalement pour moi.
Je venais d’accepter et d’acquérir le rôle qui allait changer ma vie. Je voulais être un bon modèle pour elle, lui introduire les bonnes valeurs et être bienveillante. La vérité, c’est que je m’emportais par moments, et je lui expliquais ensuite que je m’excusais et que j’étais brûlée. Elle ne comprenait pas, c’est certain, mais moi j’apprenais à me permettre un certain jeu, loin de la perfection. Mon corps n’avait pas vraiment changé, on m’enviait. J’étais redevenue toute petite, mais la vérité, c’est que mon stress me grugeait de l’intérieur. Je dormais mal et je me sentais seule.
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Tranquillement pas vite, une alliance s’est formée entre moi et ma Charlie et on a appris à se connaître, appris à savoir nos limites, appris à se faire confiance et j’ai appris à me faire confiance. J’ai décidé d’arrêter d’essayer de suivre les règles du Naître et grandir et je me suis laissée aller. Ma Charlie va bien et elle est heureuse. Elle en a dedans et ne se laisse pas marcher sur les pieds. Lorsqu’elle avait deux ans, sa sœur est arrivée dans notre vie. Cette fois-ci, j’étais vraiment calme. Je m’en faisais pour beaucoup moins, car je savais un peu comment me repérer. Aussi, je savais que comme mère, je faisais du bon travail et j’avais l’entourage pour m’aider.
Ce que j’ai trouvé difficile à ma deuxième fille, c’est la maudite culpabilité. J’avais tellement peur que ma Charlie se sente mise de côté et que j’aie moins de temps pour elle. C’était difficile de donner du temps égal à mes deux bébés. Mais ma grande a vite compris qu’elle pouvait devenir une mini maman et m’aider. Elle y prenait même plaisir. Bon, parfois, elle réglait ça de manière un peu directe avec sa sœur, mais en général, ça lui a appris plein de choses, dont le partage, la patience, l’entraide et l’écoute.
Personnellement, j’ai vécu beaucoup mieux cette deuxième grossesse. On peut dire que j’ai été chanceuse, mais mon corps n’a pas changé, bon sans les seins qui oui eux ont changé grâce à l’allaitement. Je suis heureuse d’avoir porté la vie et ce changement ne me dérange pas vraiment. J’apprends à vivre cette deuxième vie avec mes enfants, d’un côté positif et j’essaie de demeurer zen. C’est fou pareil comme le temps passe vite, ma Charlie va avoir quatre ans cette année, et j’ai de la misère à la tenir en entier dans mes bras. Elle fait ses petites choses et a beaucoup moins peur qu’avant, elle fonce sans trop regarder où je me trouve derrière. Elle sait que je serai toujours là pour elle et que notre amour grandit chaque jour. Mila, elle, elle est casse-cou et je m’approche rapidement d’elle hihi. Elle me fait de gros sourires et elle commence à parler.
On a un beau lien moi et mes filles, et ce malgré les fois où on peut se chicaner. Je pense que le post-accouchement, c’est se donner droit au plus bel apprentissage, malgré sa difficulté, elle donne de très beaux résultats, pour ma part, ma plus grande fierté, mes filles.