***Si tu n'as pas encore lu la partie 1, tu peux la lire juste ici!***
Elle m’annonce que j’ai le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Le quoi? C’est quoi ça? Elle me rassure en me disant qu’étrangement, je n’ai pas le profil type de la jeune femme qui développe ce syndrome. Normalement, on voit apparaître ce syndrome chez les jeunes femmes ayant des problèmes de glandes thyroïdes, un taux de cholestérol élevé, de mauvaises habitudes de vie (manque d’activité physique, consommation de malbouffe) ou encore un surplus de poids. Aucunement mon profil... On peut tout à fait voir ce syndrome apparaître chez une personne n’ayant aucunement ces critères de diagnostic donc, dans ce cas, le syndrome est génétique. Rassurant? Génétique? Impossible de m’en débarrasser? Devrais-je vivre avec lui pour le rester de mes jours?
À 29 ans, elle me dit que si je ne fais rien, je deviens très à risque d’avoir le cancer des ovaires et que le jour où je voudrai tomber enceinte elle ne pourra, malheureusement, pas m’accompagner dans ce processus, que ce n’est pas impossible, mais qu’elle me réfèrera à une bonne clinique de fertilité. Elle revient sur le fait que j’ai arrêté la pilule pour des raisons d’éthiques et philosophiques, mais que selon ma condition, je n’ai pas le choix de reprendre des hormones et, plus précisément, de la progestérone puisque ce syndrome implique que les personnes atteintes produisent trop d’œstrogène et pas assez de progestérone. Pour rééquilibrer mon système hormonal et retrouver un « faux » cycle menstruel, deux possibilités s’offrent à moi: installer un stérilet ou reprendre la pilule. Je deviens alors confrontée à des valeurs personnelles…
Source image: Claudia Meunier
J’ai eu mes premières règles à 14 ans, ce qui peut être considéré comme tard dans la vie d’une adolescente. À cette époque, j’avais mes règles au 3-4-5-6 mois. On, c’est-à-dire ma mère, son gynécologue et moi, ne se préoccupait pas vraiment de la situation, car on justifiait cette situation au fait que j’étais très sportive. Je dansais presque tous les jours, je faisais partie d’une troupe de danse compétitive et semi-professionnelle. À vrai dire, j’avais déjà le syndrome, mais aucun diagnostic.
J’ai commencé à prendre la pilule à l’âge de 22 ans. Quand je la prenais, j’avais mes règles tous les mois. Au total, j’ai pris la pilule pendant six années consécutives. J’écris ces lignes sans arrière-pensée, je ne veux pas encourager le fait d’arrêter de consommer la pilule contraceptive ou encore valoriser un mode de vie végétaliste. Je ne prétends pas faire des liens entre certains comportements, habitudes ou choix de vie. J’expose le fait que, pour moi, le fait d’être partie sur un coup de tête un 1er janvier, d’avoir changé mes habitudes alimentaires et du coup d’avoir cessé la prise de la pilule m’a fait découvrir un problème caché.
Après avoir reçu cette annonce comme un coup de brique sur la tête, j’ai sombré dans des pensées noires : je n’aurai jamais d’enfant, je vais avoir le cancer, aucun homme ne voudra d’une fille comme moi, je vais mourir jeune. C’était flou et en même temps clair dans ma tête, je n’étais pas très chaude à l’idée de reprendre des hormones dans un but de camoufler un problème.
Je suis repartie dans le seul endroit au monde où je me sens complètement abandonnée et à la fois connectée à moi-même, là où je me sens écoutée, là où je me retire de toutes pressions sociales, là où je me sens liée à mes valeurs, là où on n’attend rien de moi. Embarquement immédiat vers la Californie. Là-bas, j’ai essayé de revoir clair et je suis revenue une fois de plus à Montréal avec une nouvelle tête et un nouveau plan d’action. Je me suis donné une autre année pour explorer différentes options : la médecine alternative. Encore une fois, je ne tente pas de promouvoir quoique ce soit, j’expose mes décisions. J’ai consulté deux naturopathes afin de revoir mon régime alimentaire. Elles m’ont aidée à créer les meilleures combinaisons possibles afin d’optimiser la sécrétion de progesterone et de limiter les aliments riches en phyto-œstrogène dans mon corps en plus d’augmenter mon taux de fer dans mon sang. De plus, je consulte depuis quatre mois, à raison d’une fois semaine, une acupunctrice spécialiste en cycle menstruel et fertilité.
Enfin, ça y est, j’ai retrouvé mes règles aujourd’hui. Est-ce que je les aurai tous les mois à un moment précis de mon calendrier hormonal? Est-ce que je pourrai tomber enceinte de façon naturelle? Est-ce que j’éviterai d’avoir le cancer des ovaires? Ce sont toutes des questions sans réponse. Je peux seulement vous dire qu’en ce jour 1 de mes règles, j’éprouve une énorme dose de gratitude envers mon propre corps. Je tiens à le remercier pour son grand pouvoir d’autogestion et sa capacité à s’éduquer. Je veux aussi me remercier pour mes efforts déployés envers mon état de santé. J’admire toute la complexité et l’ingéniosité de notre machine humaine. Je comprends à quel point elle est non négligeable. Je priorise aujourd’hui mon bien-être avant toute chose. Je ne me suis jamais sentie autant femme que le jour où j’ai retrouvé mes règles.