Tu as lavé mon jeans ? Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? Elles sont où mes baskets ? Est-ce que, toi aussi, tu connais ce refrain ?

Je vivais avec une jeune fille encore adorable il y a quelques mois et voilà que je me retrouve aujourd’hui à cohabiter avec une adolescente de 16 ans, autocentrée, qui ne me parle qu’en cas d'extrême urgence et qui passe sa vie allongée sur le canapé ou sur son lit, accrochée à son téléphone ? Soupirs… Classique, hein ? Oui, mais j’espérais, comme j’imagine chaque parent, que pour moi cela se passerait en douceur. Mais que nenni, je me suis bien fourvoyée !

Alors, j'ai fait comme tout le monde : j’en ai parlé autour de moi, j’ai lu des livres, des articles, j’ai pris des conseils auprès de mes amis. Il n’existe pas de guide universel de parents et encore moins de parents d’ados. Mais il suffit de taper “ados” dans son moteur de recherche sur internet pour voir apparaître une multitude d’articles sur ce sujet. Toute cette littérature est encore plus déconcertante et angoissante.

Finalement, une amie m’a proposé de participer à un atelier réunissant une petite dizaine de parents un peu dépassés, ayant envie de mieux comprendre leurs ados et de communiquer de manière plus détendue avec eux. Je me suis dit qu’avec cette formation, je trouverais bien des outils concrets qui aideraient mon adolescente à transitionner plus gracieusement vers l’âge adulte.

Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire un résumé de cet atelier ! Je vais simplement vous parler d’un exercice que la coach nous a fait faire et qui m’aide chaque jour.

Elle est venue avec des lunettes d’observation pour éclipse solaire que nous avons studieusement placée sur le bout de notre nez. La symbolique des lunettes m’amuse encore aujourd'hui : auraient-elles la fonction de nous protéger du rayonnement nocif de notre ado, soleil de notre vie ? 😉

Puis, elle nous a demandé de faire une simulation d’échanges entre parents et ado.

Nous nous sommes prêtés au jeu avec plaisir. C’était une bonne manière de partager et de se rassurer face à la similarité des comportements de chacun de nos ados.

La coach nous a apporté ces lunettes afin de changer notre perspective sur la situation. Râler sur l’attitude de nos ados nous aide à dédramatiser, mais cela renforce le plus souvent nos oppositions, et cela ne nous aide pas à mieux dialoguer avec nos enfants.

Ces lunettes symbolisent un filtre et c’est là que cela devient intéressant !

Filtre 1 : “c’est un ado, ça va passer”.

Cette idée renvoie au fait que notre adolescent vit des transformations fondamentales (physiques, relationnelles, intellectuelles, identitaire) et que c’est une période de transition normale. Je dois prendre conscience que mon enfant a besoin de s’opposer pour se construire et que c’est temporaire.

Les ados, c’est bien connu, ils savent nous chercher et appuyer là où ça fait mal. Et on leur en veut parce qu’on surréagit et on se transforme en une personne qu’on n'aime pas beaucoup. N'est-ce pas moi, l’adulte, qui ait un problème de comportement à ce moment-là ? Quand ma fille me parle, c’est quasiment instantané, j’ai envie de la reprendre sur sa manière de me parler, sur son manque de respect, sur son attitude en général. Je réagis avec ma sensibilité et mon histoire et j’attends d’elle qu’elle se comporte comme je le souhaite.

Filtre 2 : “mon ado est unique, mon ado n’est pas moi”.

Être dans l’écoute plutôt que la réaction impulsive. Faire le deuil de mes projections, de mon enfant parfait ou de celui qui me ressemble est un travail que je dois faire pour accueillir la jeune femme qu’elle s’efforce de devenir. Ces lunettes m’aident à faire redescendre cette trop grosse charge émotionnelle qui vient de mon histoire personnelle et que je porte quand on se parle.

En fait cet exercice m’aide à me recentrer sur moi plutôt que sur mon ado. J’attendais de cet atelier des outils pour m’aider à gérer mon ado. Au final, j'en ressors avec un outil pour gérer mon irritation qui vient de mes propres frustrations et désillusions. J’essaye de laisser mon ado vivre ses expériences, j’accepte de mieux en mieux ses échecs, car elle doit expérimenter pour se connaître. Je m’accorde aussi le droit de prendre soin de moi et de me dire “oui” car c’est parfois un “non” pour elle et c'est ma manière de poser un cadre d’éducation dont elle a besoin.

Et vous, comment faites-vous ? Avez-vous des outils qui vous aident à mieux dialoguer avec votre ado ? Essayez de porter ces lunettes imaginaires et rappelez-vous, ça va passer ! 😉
Image de couverture de Bartosz Sujkowski
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