Je ne prends pas souvent le temps de m’arrêter pour apprécier ce que j’ai. J’en ai tout récemment pris conscience lorsque ma vie, comme celle de milliards d’autres personnes, fut chamboulée par les évènements de 2020. Dans le court laps de temps d’une semaine, on a fermé écoles, bureaux, magasins et autres lieux non-essentiels afin de nous mettre en confinement. On s’est contraint aux règles, pour le bien de tous, avant de retourner finalement à un semblant de vie « normale ».

Malgré tout, je m’ennuie de ma vie d’avant. Des foules, des bars, des cafés bondés, des centres commerciaux, des cinémas et même de l’école. De toutes ces choses qui me donnent l’impression d’être libre et en contrôle. Sortir de chez moi pour rencontrer des amis ou passer l’après-midi à flâner dans les centres commerciaux simplement pour occuper le temps. Assister à des rassemblements tels que les festivals, les concerts, le théâtre ou même les musées. Vivre mon été à fond ; voyager, faire de nouvelles rencontres et au passage me créer des souvenirs mémorables. Tout ça sans me soucier de garder mes distances, porter un masque ou même calculer le nombre d’invités à un souper, car celui-ci ne doit pas dépasser le nombre de 10.

je m'ennuie de la normalité 1Source image : Pexels

Je m’ennuie de ma routine. Me lever chaque matin pour aller à l’école, me préparer et m’habiller plutôt que de passer la journée en pyjama devant l’ordinateur à assister à mes cours donnés en ligne. Prendre l’autobus et finir écrasée entre trois personnes à l’heure de pointe. Occuper les couloirs bondés d’élèves qui comme moi se sont réveillés dans l’intention de venir apprendre. Aller au boulot pour y retrouver mes collègues ou alors les habitués qui quotidiennement viennent me livrer leur plus beau sourire. Même les têtes de mules me manquent : leurs «râlages» apportant un semblant de piquant à ma routine. Je regrette les bars, où l’instant d’une soirée je pouvais sortir de chez moi pour m’évader, me sentir vivante. Danser jusqu’aux petites heures du matin en ayant pris un verre de trop.

Je m’ennuie du contact humain. De mes grands-parents, ma famille, mes amis et des inconnus rencontrés à l’improviste avec qui j’avais des conversations. Prendre ma grand-mère dans mes bras sans avoir peur pour elle, lui dire que ça va bien aller, que tout ça va bientôt se terminer.

Je regrette ma vie d’avant. Celle où le coronavirus, la distanciation, les masques, la peur des autres et de la contagion n’étaient pas des choses que j’imaginais possible. Celle où on se souciait des vrais choses, tels que l’environnement, la politique et l’économie. Tandis qu’aujourd’hui on forme des clans séparant ceux qui sont pour le port du masque à ceux qui sont contre. J’aimerais, l’instant d’une journée, retrouver cette vie qui n’est pas régie par la pandémie. Mon ancienne vie, celle où je n’étais pas pleinement consciente de la chance que j’avais et où je tenais toutes ces choses pour acquises.

Source image de couverture : Pexels
Accueil