Grosse, maigre, dodue, énorme, squelettique, tous des termes ayant une connotation péjorative et mesquine. Ces mots, on les utilise souvent entre nous : les filles. On appelle ça du bodyshaming. Notre génération est de plus en plus obsédée par sa quête d'un idéal. Pour l'atteindre, on peut adopter des régimes intenses, faire du sport de manière excessive ou pire, tomber dans les troubles alimentaires.

J’ai souvent entendu dire que la vie de mannequin est un rêve et ô combien les mannequins de Victoria Secret sont à envier! Effectivement, ces femmes sont d’une beauté indéniable et elles ont accès à un certain prestige auquel nous, communs des mortels, n’aurons jamais accès. Toutefois, je pense qu’il faut pousser sa réflexion un peu plus loin.

 

flatlay coffee jamais assez maigre mannequin

 

À travers ma lecture du livre « Jamais assez maigre : journal d’un top model » de Victoire Maçon Dauxerre et de mes expériences antérieures, je peux vous dire que ce métier est extrêmement exigeant et d’une superficialité sans pitié. Ça m’a effrayée de constater à quel point ce métier peut manquer de chaleur et d’empathie envers ses modèles. 

À titre d’illustration personnelle, j’étais habilleuse lors d’un défilé d’un certain designer que je ne nommerai point. Ma tâche était d’habiller le mannequin afin qu’elle ne tache/détruise pas ses vêtements lors d’un changement de robe. Tout le long de mon expérience, j’observais mon modèle qui se faisait maquiller ses imperfections sur son visage et son dos. Oui, j’ai bien dit le dos! J’avais eu de la peine à la voir se faire tripoter de tous les côtés afin de dissimuler ses « défauts ». Lors d’un quickchange, celle-ci ne réussissait pas à enfiler sa robe. Il a fallu être deux pour y parvenir. Pourtant, le mannequin était en forme et n’avait pas du tout de surpoids. Ceci n’est qu’un banal exemple de ce qu’un mannequin subit lors d’une journée.

En ajout, la mannequin, Victoire Maçon Dauxerre, a voulu mettre en garde les jeunes filles contre le monde du mannequinat. En effet, celle-ci a sauté dans l'univers de la mode à l'âge de 18 ans. Elle rêvait de grand hôtel, de luxe et de voyage. Défilant pour les grands designers comme Céline, Alexander Wang et Miu Miu, elle a vite désenchanté lorsqu'elle a compris l'envers du décor. Peu de temps après son insertion, elle a commencé à souffrir d'anxiété et a développé un trouble alimentaire, l'anorexie. Accaparée par ses pensées destructives, la mannequin s'est imposé un régime restrictif : trois pommes par jour. Stressée et exténuée, celle-ci a décidé de mettre un terme à sa carrière internationale. Depuis, elle a comme mission de dénoncer les hauts standards de l'industrie et de mener un combat contre l'anorexie. 

Souvent,comme Victoire, ces mannequins ont recours à des moyens draconiens tels que l’utilisation de laxatifs et de lavements. Certaines développent même un trouble comme l’anorexie et la boulimie. La plupart du temps, elles ne sont même payées et souffrent d’anxiété de performance. La majorité de leur rémunération est composée de cadeaux offerts ou la simple notoriété donnée par le fait de participer à des séances photos/défilés.  

 

mannequin victoire designer

Source : https://jai30ans.wordpress.com/

Nous aussi, on se met des pressions quotidiennes et certains standards de beauté à atteindre. Nous comprenons en quelque sorte leur réalité.

Alors, que pouvons-nous faire? Il suffit de nous entraider et de nous accepter entre nous. Il faut arrêter de juger ou critiquer gratuitement le corps d’autrui. Je pense que nous devons bannir les propos péjoratifs à propos de nous-mêmes. Il faut cesser les « Ah! Je ne suis pas belle aujourd’hui » ou encore « Je suis trop grosse ». Heureusement, on voit de plus en plus de changement dans la diversité corporelle dans les magazines! Certaines personnalités rationalisent les standards en publiant des photos sans maquillage ou encore en montrant des photos de leur corps dans une position moins avantageuse. C’est tout de même un grand pas dans la bonne direction, un début.

Je vous laisse réfléchir à cette problématique sociétale avec cet extrait de Charlie Paillé : « Aujourd’hui, les gens trouvent normal de critiquer les autres sur leur apparence. On se cache derrière nos écrans et on se permet de juger les autres, sans pourtant montrer notre vrai visage. »

Et vous, avez-vous été victime de bodyshaming?

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