Je sais, ça peut paraître bizarre, 2020 aura été deux extrêmes pour moi. Elle n’a pas été facile, rien qui n’allait bien, mais jamais rien de grave en même temps, juste particulièrement désobligeante. J’ai l’impression d’avoir été un peu une funambule, toujours en équilibre sur une corde raide, à travers toute ces nuits d’insomnie, ces crises d’anxiété, ces soirées bien arrosées et ces rencontres opportunes; elle m’aura finalement été nécessaire.

Une p’tite blessure niaiseuse, 3 opérations, 10 mois d’arrêt de travail, petite séquelle permanente ayant peu d’impact sur mon quotidien, mais qui aura été mentalement difficile. Et malgré tout, mon physique se porte à merveille, mieux que jamais en fait. J’ai profité de cet arrêt pour perdre du poids, me remettre en forme et redécouvrir le plaisir du sport. J’ai commencé à méditer et comprendre l’importance de ralentir, d’être en phase avec moi-même. J’ai l’impression que mon corps reprend vie, peu à peu. 

J’ai encore du chemin à faire, cependant, je m’en suis tellement mise sur les épaules en même temps, tellement pousser mon corps à bout, pour tellement pas grand-chose finalement. La belle grosse maison que je me suis achetée après ma séparation, qui me rendait tellement fière, indépendante et maître de ma vie, ne m’a rien vraiment apportée. J’ai mis du temps, de l’argent et de l’énergie dans quelque chose qui ne me ressemblait pas tant que ça, qui n’évoluait pas du tout dans le même sens que moi. J’avais l’impression que je pouvais tout accomplir parce que j’avais tout ce que je voulais, mais d’un autre côté, je m’empêchais de tout le reste. Le mode de vie classique nord-américain, une culture bien ancrée en nous, le rêve de la belle maison, son terrain et son jardin, le supposé reflet de nous-même n’est qu’en réalité un faux semblant. Avec un peu de recul, je me rends bien compte de l’impertinence de ce besoin, de la perte d’énergie, de temps et d’économie; j’ai mis de côté des rêves de voyage pour avoir un beau toit... et pourquoi? J’ai beaucoup appris ; la résilience, la quête de l’équilibre, la recherche de mes valeurs et mes aptitudes. J’ai découvert à travers cette période de ma vie, celle que je voulais être et qui doit prendre une décision; qu’est-ce que je veux réellement? 

tempête, champs, sombreSource image :  Unsplash

J’étudie en développement durable et en administration. J’apprends à vivre économiquement, socialement et environnementalement équilibré; mais je vivais en banlieue, je prenais ma voiture à chaque fois que j’en avais le besoin et j’investissais tout dans ma maison. J’encourageais peu les entreprises d’ici du à mon mode de vie, toute ma vie était l’inverse de l’écoresponsabilité et des valeurs que je prônais. Je surconsommais simplement pour vivre. On découvre certainement qui l’on est en vieillissant; on essaie, on apprend, on recommence. Peut-être que 2020, avec tout ce qui vient avec, m’aura au moins servi à quelque chose; passer à l’acte.  

J’ai décidé d’agir en fonction de mes valeurs, d’accepter de me libérer d’un mode de pensée et d’une culture beaucoup trop intrusive. J’ai accepté que j’étais un mouton noir culturel, que je pouvais très bien vivre par moi-même et m’intégrer quand même. J’ai appris qu’être en phase avec moi-même me rendait heureuse. 

J’ai vendu ma maison de banlieue pour aller vivre dans un 3 et demi en plein centre-ville. J’ai commencé à vivre de façon plus écologique et transiter vers un mode de vie zéro déchet. Je vends ou donne ce dont je n’ai plus besoin au lieu de jeter, j’achète d'occasion le plus possible pour réduire ma consommation, je change d’alimentation et expérimente une autre façon de vivre. Je profite d’une liberté nouvelle pour prévoir des voyages durables (parce que oui, le tourisme durable ça existe), je m’imagine faire ce que je me suis toujours empêchée inutilement, j’accepte celle que je suis et j’agis enfin comme je le devrais.  

soleil, champs, natureSource image : Unsplash

2020 est bel et bien une année merdique, mentalement difficile, mon domaine professionnel est l’un des plus touché; le premier à fermer et le dernier à ouvrir. J’ai toujours vécu à travers le plaisir et l’entourage social et on m’oblige maintenant à m’isoler et ne rien faire. On est peut-être tous différents, mais personne ne peut vivre de façon solitaire sans faire ce qu’il aime éternellement. Cette année aura été marquée par l’adaptation, le changement, l’évolution, l’introspection et les découvertes. Elle n’aura pas été gage de facilité, mais certainement d’intensité. Mais surtout, elle m’aura permis de me retrouver, de m’accepter réellement, d’enfin oser un changement tangible, de mettre un terme à la supposé normalité et d’imposer MA normalité.  

2020 m’a assurément atteint, la résilience et l’adaptation n’auront jamais été autant de mise, mais c’est pendant son mois le plus gris de l’année que j’ai finalement trouvé la paix, le bien-être et le bonheur. 

Vivement 2021!  

Source image de couverture : Unsplash
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