Je suis une peureuse, je l'avoue et en plus, je l'assume pleinement. Je suis aussi très (trop) réaliste et je sais que le mal peut être partout. Qu'il est peut-être juste là; dans quelque chose, dans quelqu'un et quelque part.
Que le bonheur, ben oui, il peut foutre le camp aussi vite qu'il est arrivé; parfois en un claquement de doigts. Qu'on est là, on le touche du bout des doigts et déjà, on a un pied sur son contraire.
Depuis que je suis toute petite, j'ai peur. Peur de tout. Des gros chiens, des voleurs et de me perdre. Sur la route, dans mes pensées, à travers ou à cause de quelqu'un. Mais sans que je puisse l'expliquer, ma plus grande peur a toujours été celle de ne pas avoir d'enfant. Et c'est peut-être pour ça que j'ai si peur, maintenant que je t'ai, toi, mon bébé.
Je dois t'avouer que j'ai peur que tu aies peur comme moi. Un jour, une nuit. Du soleil, de la lune. De la lumière et du noir aussi. De ça et de ci. De toi, de lui et de moi. De nous deux et d'eux.
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J'ai peur qu'à un moment où tu en auras besoin, mes mots ne t'apportent pas le réconfort souhaité. Que ces derniers sonnent faux et que tu n'y crois tout simplement pas, tout simplement plus. Que ma voix ne sache plus calmer tes pleurs et qu'à tes oreilles, elle ne soit pas synonyme de calme et surtout, de confiance. Moi qui ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te savoir confiant et en sécurité, je ne me permettrais pas d'échouer.
J'ai peur que mes bras ne t'apportent pas la chaleur escomptée. Que ceux-ci ne trouvent pas la force de te bercer pendant des heures. Que tu trouves les bras d'une autre personne plus confortables que les miens et que les doigts de cette dernière parviennent à te faire la plus douce des chatouilles.
J'ai peur que tu te blesses. Malgré que j'aurai tout fait ce qui est en mon pouvoir pour t'éviter un accident, je ne me le pardonnerais pas. J'ai peur que mon baiser sur ton petit ou gros bobo ne soit pas assez fort pour lui enlever sa douleur. Qu'il n'arrive pas à s'envoler quand on lui enverra des "Bye bye, bobo!", par la fenêtre.
J'ai peur que quelqu'un te fasse mal. Volontairement ou sans faire exprès. Physiquement ou psychologiquement. Qu'un autre enfant te morde, te tape, te dise des mots blessants. J'ai peur qu'à cause de ça, tu ne te fasses pas confiance et que tu doutes de toi. Ça, il ne faut surtout pas. Jamais et pour aucune raison. Promets-moi.
J'ai peur qu'en devenant grand, tu me reproches de t'avoir trop couvé et protégé.
Mais bébé, ce jour-là, je t'en prie, pardonne-moi. Simplement, rappelle-toi que c'est parce que j'avais peur et que je t'aimais trop.