J’ai la tête dans les nuages

Je passe un bon vingt minutes déjà à réfléchir sur comment je vais bien pouvoir vous l’expliquer. En réalité, c’est tout simplement ça... Être là et tenter d’écrire ce texte alors que dans ma tête, je suis à des années lumières. Je me répète une bonne dizaine de phrases qui font toutes plus de sens les unes que les autres avant de décrocher pour penser à mes futurs écrits.

Je vis dans le présent, mais en réalité je suis complètement ailleurs. Je me crée toutes sortes d’histoires, je pense à ma routine, à certains dialogues qui n’arriveront jamais, aux séries du moment, à des livres ou alors à des choses banales. Il m’arrive de suivre une conversation et réaliser deux minutes plus tard que je n’ai aucune idée de ce qui s’est réellement dit. Je fais un sourire, hoche la tête, puis retourne à mes pensées. Elles ne s’arrêtent jamais.

Je suis hyperactive. Lorsque je ne suis pas occupée par le travail, l’école, mes amis ou ma famille, je pense aux différents moyens de surcharger davantage mon horaire déjà archi plein. J’ai le sentiment que je n’en fais pas assez. J’ai l’impression que la vie dure une éternité. Je remets toujours tout à plus tard. J’ai seulement certains objectifs en tête : travailler, ramasser de l’argent pour payer mes études, obtenir de bons résultats scolaires et finalement trouver un emploi dans mon domaine.

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Plus jeune, j’étais si anxieuse à l’idée de ne pas performer que je me rendais malade à force de trop travailler. Il faut dire qu’avec les années je ne me suis pas améliorée. Plutôt que de faire comme les autres jeunes de mon âge, soit sortir, voir des amis, faire des activités et le plus important, décompresser, je me suis recroquevillée sur moi-même avec un seul objectif en tête : avancer. À l’âge de vingt ans, j’ai parfois l’impression que mon adolescence est loin derrière moi, que je dois maintenant vivre une vie «d' adulte ». Pourquoi avoir du fun et faire le party si ça ne t’avance nulle part dans la vie?

Certains étés, j’ai eu un, deux, voire trois emplois. Durant la période scolaire, je jongle entre assister à mes cours, faire mes devoirs, étudier et travailler un maximum. Il faut dire qu’à l’âge de vingt ans, j’occupe un emploi comme serveuse, j’ai ma propre salle de tatouage et j’étudie à l’université à temps plein. J’ai longtemps douté de mes capacités. Avec mon trouble de l’attention, je n’ai jamais été première de classe et pour moi, le simple fait d’avoir été acceptée à l’université est une grande réussite. Vous auriez dû voir la face de mon père. Avec seulement 15% d’étudiants admis dans mon programme, lui-même m’a avoué qu’il ne m’en pensait pas capable.

La dernière année m’a beaucoup fait réfléchir sur cette mauvaise habitude que j’ai de vouloir tout contrôler. Le confinement m’a fait réaliser que je ne prends pas assez de temps pour moi ou pour mes proches, que je passe subtilement à côté des meilleurs années de ma vie. J’essaie tranquillement d’apprendre à garder les pieds sur terre. Vivre le moment présent et arrêter de me faire du soucis quant au futur, car même si je n’excelle pas dans tout ce que je fais, j’ai la vie devant moi pour travailler d’arrache-pied.

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