Je me souviens de la première fois où tu m’as remarquée, j’étais dans le jardin du voisin pis «j’empruntais» une citrouille pour en faire ma déco de balcon. Ça faisait longtemps que tu ne m’avais pas donné de nouvelles de toi. En fait, je n’en attendais pas non plus. J'étais aussi surprise que si j'avais vu Éric Lapointe arriver en pantalon de cuir dans mon cours de yoga chaud. Les derniers souvenirs que j’avais de nous, c’était à mes 17 ans, quand nous nous étions endormis dans la cour du voisin sur le film de Notorious Big qui jouait sur mon cellulaire trop gros pour une poche standard de Jeans. J’en voulais pas plus, ni moins, notre histoire en était restée ainsi et ça me suffisait. Je ne voulais pas d'une fin alternative, et encore moins des commentaires inutiles du réalisateur. Mais n’empêche que lorsque je t’ai revu sur mon balcon en décomposition de stade avancé, m’attendant les yeux qui brillaient dans la noirceur de la nuit, c’est à ce moment-là que je t’ai accepté dans ma vie, du fait que le timing était bien choisi et que mon cœur, lui, se portait léger de nouveau. Ça devait être les bienfaits du yoga chaud. Je dois dire que tu as bien réussi ton coup, que tout y était, ton entêtement, ton affection, ta simplicité, l’ordre dans lequel tu as su mettre les bons éléments en place et, par la même occasion, installer un bordel dans ma tête. Un maudit bordel, comme disait la poète Marie-Chantal Toupin.
Tu avais réussi à me faire penser à toi, trop souvent.
Tous les soirs, tu étais là et tu m’attendais. Toi et mes factures en souffrance dans ma boîte aux lettres, dissimulées sous les coupons rabais du Dairy Queen.
Puis un jour, j’ai arrêté d’avoir de tes nouvelles. Un jour de semaine, un jour banal, c’était ma fin du monde. Je t’appelais, le cœur gros, mais sans réponse, tu m’avais déjà oubliée, j’imagine. C’était en mai après tout, et les rencontres sont plus faciles à l'approche des temps chauds...
Tu avais réussi à me faire regarder mon cellulaire toutes les deux secondes à la recherche d'une photo de toi. Même en jouant à Angry Birds, j'hallucinais ton reflet qui fonçait dans un mur de briques.
Tu avais réussi à t’imposer dans chaque petite parcelle de moi, tel un condo à vendre à Montréal.
Je voulais te regarder à nouveau dormir près de moi, te caresser. J’avais envie de briser toute les fenêtres du monde et crier à tue-tête comme Rocky l’aurait fait.
Et un jour, j’ai finalement arrêté de m’occuper de toi dans ma tête. J’étais fatiguée de me torturer le cerveau avec mes questions sans réponse. Je saurai jamais pourquoi tu es parti sans me donner d’explications et t'oublier me semblait être la meilleure option.
Hier j’ai rêvé à toi, à nous. Je pensais à nous ensemble et ce qu’on aurait pu être aujourd’hui. C’était un nous joli, un nous en attendant, un nous pour passer le temps, je sais ben. T’étais tellement sauvage, toujours à la recherche de nouvelles proies pour satisfaire tes envies de peau. C’est moi qui s’est attachée comme une conne, comme une débutante. Je m’étais pourtant promis de pas y croire, il n'était pas question que je m’engage en quelque part. Je n'avais pas le temps de m'occuper de toi.
Et malgré tout, au fond de moi, je le savais, mais la réalité est toujours plus moche que vivre dans le déni (pour un temps). Tu faisais toujours exprès de partir juste assez longtemps pour que je te rappelle, un soir de blues, quand j’avais froid la nuit.
J’aurais dû m’en douter, qu’un jour tu me crisserais là, sans rien. Je commençais probablement à te faire peur parce que je voulais te garder pour moi toute seule. Tu me rendais presque parano, tellement j’avais peur lorsque tu descendais l’escalier en spirale de mon appartement. La peur de plus te revoir de ma vie.
T’étais juste un maudit vagabond de l’amour qui a pris mon cœur en chemin.
Foutu Casanova.
Mais je voulais juste te dire merci une dernière fois. Merci d’avoir su creuser un trou à travers les doutes que j’avais à propos de l’amour que je portais pour ton espèce, ton espèce qui a mauvaise réputation. Tu m’as peut-être donné la rage, mais je ne t’oublierai jamais, Gaston.
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Wanted
Crédit photo de couverture: tumbnation.com