Je suis fâchée, je suis déçue. On n’a vraiment rien retenu. On a dit, clamé haut et fort que l’année 2020 avait été difficile, destructrice et qu’on s’ennuyait de notre monde. On a dit qu’on allait et devait faire attention à notre entourage, s’entraider, se soutenir dans cette épreuve.
Je suis fâchée et déçue parce que c’est laid ce qui arrive. En plus d’être en pandémie, on est en train de se diviser, de se chicaner, de se traiter de nom et voir même se souhaiter la mort. En plus d’être confiné, épuisé, inquiet, on se rajoute du stress en se rendant porte-parole derrière notre écran. Confinement dit être plus souvent à l’intérieur, et pour certains être davantage sur les médias sociaux. On dira ce qu’on voudra, on ne peut pas bloquer tous les comptes qui nous découragent, nous rendent tristes ou sont négatifs. Je suis d’accord par contre qu’on devrait davantage choisir et faire le tri de nos comptes afin de se limiter à cette vague de laideur. On peut dire que cela ne nous affecte pas tant que ça, mais je crois qu’on se trompe. Je crois que cette négativité, cette méchanceté gratuite, ça affecte. Personnellement, par moments, ça me fait sentir impuissante, alors que d’autres moments, je trouve que ça fait vraiment, mais vraiment dur. Depuis quand on est censé combattre la haine par la haine, la guerre par la guerre? On est une société pro communication, mais quand c’est le temps d’avoir des idées qui divergent, on est bon en maudit pour s’envoyer promener, créer des comptes et se cacher derrière notre ordinateur.
Je les ai vus, les gens qui voyagent, qui manquent de respect à tout notre personnel hospitalier et autre. Je les ai vus et je ne suis pas d’accord avec leurs choix. De là à créer un compte pour se moquer collectivement d’eux, les insulter, les détruire. Je me pose la question, vraiment, c’est quoi ça?
J’ai des opinions, un peu sur tout, comme tout le monde. Je pense vraiment que tout peut se dire, s’écrire, mais qu’il y a des temps et des façons de faire. On aime dénoncer, on veut dénoncer et c’est important, mais quand c’est le moment de le faire, on encourage à détester et critiquer publiquement. C’est vraiment comme cela que ça fonctionne? Une influenceuse a un compte public et ne se gêne pas pour publier ce qu’elle désire, alors allons collectivement lui donner une bonne leçon. Beau message, vraiment. Il ne faut pas oublier qu'on enseigne aussi à une autre génération, une manière d’agir, de réagir. La COVID est destructrice, elle brise des vies, des familles. Je ne suis pas d’accord avec le fait que certaines personnes la prennent à la légère, vraiment pas même. Je crois tout de même qu’ils le savent que des gens désapprouvent et ce, sans avoir besoin de recevoir des menaces de mort.
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J’ai vu aussi des chicanes, des gens exposent des conversations privées. J’ai de la difficulté à voir l’humain se rendre à un niveau si bas. Un niveau où l’entraide, l’amour, la communication constructive, l’échange ont disparu. C’est une situation grave qui nous entoure, on se renferme de plus en plus sur nous-mêmes parce qu’on a peur de ce virus-là. C’est normal.
Par contre, on n'est pas obligé de perdre notre côté humain. Notre côté je me mêle de mes affaires et je partage mon opinion, lorsque nécessaire, de manière constructive et respectueuse. L’année 2021 s’annonce déjà stressante, il me semble que de juste essayer d’être là les uns pour les autres, c’est le gros bon sens. Il ne faut juste pas oublier que, malgré le fait que c’est fâchant, frustrant, rien ne justifie de manquer de respect et de se détruire, parce qu’au bout du compte, qu’est-ce que ça change de plus? L’action est déjà faite, à quoi ça sert de monter dans l’échelle de qui a le plus raison ou qui va avoir le dernier mot.
Ce que j’essaie de dire finalement, c’est juste d’essayer de voir plus loin qu’une publication et croire qu’on sait tout et qu’on doit faire valoir qu’on a plus raison que quelqu’un d’autre parce qu’au final :
Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre.
- Bernard Weber