Ce texte s’adresse à toutes les personnes qui vivent avec une maladie mentale et qui hésitent à commencer un traitement. Celles qui songent à arrêter croyant que pour aller mieux, il s’agit « juste » d’une question de volonté et malheureusement, à toutes les personnes prisonnières de leurs préjugés aveuglants. Parce que c’est faux de dire qu’on est à l’abri. La maladie ne fait pas de cadeau. Tu peux ne pas vouloir la laisser entrer quand elle sonne à ta porte, mais elle risque d’entrer par effraction quand tu t’en y attendras le moins.

Pour ma part, j’ai  eu « trop » longtemps honte de prendre des antidépresseurs. Je me rappelle le malaise vécu quand je commandais mes médicaments à la pharmacie. Je me rappelle m'être cachée pour prendre mes comprimés, afin que ma fréquentation ne découvre pas que j’étais sous médications, tout en croyant pertinemment que ça l’aurait fait fuir. Maintenant, si quelqu’un voulait me fuir pour ça, je lui ouvre la porte le plus grand possible avec le plus grand empressement.

Je dois dire qu’aujourd’hui, je n’ai plus honte. Je trouve que c’est un signe de s’aimer assez pour se donner le droit d’aller mieux, dans le sens où tu prends l’ensemble des moyens pour t’aider. La mise en action d’une panoplie de moyens comme de saines habitudes de sommeil, d’alimentation, d’exercice physique, de méditation et de thérapie cognitive ne suffisent pas dans mon cas. Oui, cette routine de vie m’aide assurément, mais malheureusement, l’hyperactivité de mes neurones est si intense que je dois me munir de ce moyen chimique en complémentarité.

Je trouve ça dommage qu’on ait de l’empathie pour les gens souffrant de maladies physiques alors qu’on juge ceux qui souffrent de maladies mentales. Parce que la santé, c’est lorsque le mental et le physique sont en harmonie. Les deux sont étroitement liés. Ça te dit quelque chose la fois où tu as contracté un rhume alors que tu te sentais épuisé? La fois où tu n’arrêtais pas d’aller aux toilettes en période de stress? La fois où tes muscles te faisaient tellement mal tellement que tu étais tendu d’angoisse? Coïncidence? Je ne crois pas, non.

pot médicament transparentSource image : Unsplash 

On entend souvent le parallèle de l’insuline pour la personne diabétique et de l’antidépresseur pour les maladies mentales. Certaines personnes arrivent à bien gérer leur taux de sucre par leurs saines habitudes de vie, mais pour d’autres, l’insuline est nécessaire. C’est un peu mon cas à moi. Je trouve que ce qui serait le plus fou, c’est de s’empêcher d’utiliser un médicament pour une maladie qui a une composante biologique. Oui, l’anxiété a des origines biopsychosociales. Certaines personnes ont donc besoin d’intervenir sur ces trois niveaux (biologique, psychologique et social) pour atteindre la guérison ou une stabilité.

Savez-vous que ceux qui ont déjà fait une dépression ont 50% de chances (comme si c’était une question de chance, pfff!) d’en refaire une dans le futur? Les médicaments sont également utiles dans le traitement et de la prévention de la rechute. Dans mon cas, j’aime bien mieux devoir prendre des médicaments toute ma vie que de devoir repasser par le fond du baril à maintes reprises.

J’ai encore plus compris que les troubles de santé mentale sont un enjeu social lorsque je travaillais dans une pharmacie comme technicienne de laboratoire. Rares étaient les dossiers où aucun médicament n’agissant sur le système nerveux central prescrit pour des maladies ou symptômes psychiatriques n’apparaissait pas. Je savais que c’était davantage reconnu de nos jours, mais je ne me doutais pas d’à quel point ce l’était avant d’y être confrontée de manière aussi concrète et tangible.

J’ai compris aussi que la santé mentale et la maladie mentale ne sont pas synonymes. Bien des gens ayant une maladie mentale peuvent jouir d’une santé mentale en fonctionnant très bien dans le quotidien. D’autres personnes, n’ayant pas de trouble à proprement dit, ont une très mauvaise santé mentale. On ne classe donc pas les gens dans le clan « bonne santé mentale » ou « mauvaise santé mentale ». La santé est avant tout un continuum.

Je ne veux pas nécessairement t’encourager à prendre des médicaments, le choix te revient et te reviendra toujours. Tout ce que je peux te dire, c’est que j’espère que ta décision sera à la lumière de ta volonté et non à la lumière des préjugés qui font encore surface de nos jours. Parce que ceux-là, ces préjugés ne méritent jamais que tu les priorises à ta santé. JAMAIS. Compris?

Source image de couverture : Unsplash
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