Une découverte alarmante

Automne-hiver 2008-2009, je suis en pleine formation en ligne, impatiente d’apprendre et d’élargir mes horizons. Jour après jour, je m'aperçois vite qu’une certaine gêne m'accable; ma vue devient de plus en plus floue. Moi qui n’ai jamais eu besoin de lunettes, qui autrefois avait le compact dans l'œil, je suis prise de court par cette réalité. Comme si un voile s'était doucement glissé devant mes yeux, obscurcissant le monde que je connaissais si bien.

Inquiète et perplexe, je prends rendez-vous chez l’optométriste. Jamais je n’aurais cru que cette visite allait marquer le début d’un parcours semé d’embûches, un chemin qui me ferait découvrir d’une manière que je n’avais jamais anticipée.

La réalité des lunettes et les nouvelles épreuves

Le verdict tombe: je dois porter des lunettes de vue en permanence. Bingo, j’ai gagné le gros lot me dis-je. Heureusement, je voyais encore, du moins pour un court laps de temps. À cette époque, je suis coiffeuse, propriétaire depuis 24 ans et passionnée, et bien sûr, il est primordial de bien voir, tant sur le plan professionnel que personnel. Six mois passent et de nouveaux problèmes font surface. Pas un, mais bien mes deux yeux. Les mots de l'ophtalmologiste résonnent dans ma tête : une intervention chirurgicale est inévitable.

J’avais toujours redouté l’idée d’avoir une opération aux yeux, moi qui avais toujours fait mention que jamais je ne subirais une telle chirurgie par crainte de perdre la vue. Nos yeux sont trop précieux pour être touchés. Mais avais-je le choix ? Non, car si je désirais retrouver une vision claire, c’était la seule solution.

Une chirurgie inattendue

Le grand jour arrive, je ressens un mélange d’appréhension et d’espoir. Mais en même temps, comme si mon petit doigt m’avait mis en garde, tout ne se passe pas comme prévu. Durant l’intervention, la chirurgienne me perfore le nerf de mon œil droit. La guérison de mes deux yeux est longue et compliquée. Les infections se succèdent, je fais face à des réactions à certains antibiotiques oculaires.

Le temps s'écoule, chaque jour est un combat. La douleur physique est accompagnée d’une montagne d’émotions, frustrations, peur et parfois même désespoir. Mais au plus profond de mon être intérieur, une petite voix me rappelle la résilience qui m’a toujours habité.

Les années qui passent

Les saisons filent à toute allure, je continue d’être suivi de près par de grands spécialistes. Malheureusement le glaucome fait son entrée sans même que je ne l’aie invité. Mon œil droit, lui étant le plus affaibli et le plus touché. À ce moment-là, je n’ai aucune idée de la tempête qui se profile à l’horizon.

Et puis la COVID-19 frappe à la porte de notre belle planète.

Le monde, la terre, tout semble s’arrêter. Les commerces ferment, les événements sont annulés et nous sommes tous envahis par la peur du contact humain. Cette période d’incertitude et d’isolement entraîne une négligence de ma santé contre mon gré. Les mois passent et je me sens laissée aux oubliettes par le système de santé. Mais le pire était encore à venir.

Le plongeon dans l’obscurité et l’éveil de la résilience

Puis, ce qui devait arriver arriva : me voilà dans le noir total. Mon œil droit ne voit plus, c’est l’obscurité complète. La perte de ma vision est un choc immense, une douleur indescriptible. Malgré les visites répétées chez les spécialistes, l'espoir s'effrite peu à peu. Le 17 août 2022, la nouvelle tombe : le nerf optique de mon œil droit a été sévèrement attaqué par le glaucome, causant l’irréversible.

La tristesse, la frustration, mais surtout la colère me submerge. On m’explique que, si j’avais été suivie comme je le devais durant cette pandémie, le pire aurait été évité. Les soins appropriés auraient pu empêcher cette perte irréparable.

Face à cette nouvelle réalité, j’ai dû m'adapter. Dans cette obscurité nouvelle, quelque chose de lumineux a commencé à briller en moi : ma force intérieure. Cette force, que je ne soupçonnais pas, m’a permis de me relever malgré la perte. Avec l’aide de ma spécialiste et de son équipe formidable, nous travaillons sans relâche pour préserver l'œil qu’il me reste.

Chaque jour je m’adapte tant dans mon travail que dans ma vie quotidienne. Coiffeuse depuis 40 ans, j’ai toujours tenu à ce que mes clients reçoivent le meilleur service, même avec mes nouvelles limitations. Désormais, je m'assois lorsque je coupe les cheveux, afin d’être à la bonne hauteur et de bien voir ce que je fais, tout en évitant de blesser mes clients et moi-même, bien sûr avec mes ciseaux ou rasoirs à main.

Cela prend plus de temps qu’avant, mais je tiens à préserver la qualité de mon travail et la confiance que ma clientèle a envers moi. Même avec ces ajustements, je ne me laisse pas abattre. Ce n’est pas seulement une question de métier, c’est une question de fierté. Peu importe le temps que cela prend, je tiens à honorer mon nom et à continuer de servir mes clients comme j’ai toujours su le faire.

Une leçon de vie

À travers l'œil qu’il me reste, la vie m’enseigne des leçons précieuses. La résilience, à quel point je suis forte. La vie essaie de me rappeler que ma force intérieure est plus grande que tout. J’apprends l’acceptation de l’imprévu. Je ne peux pas tout maîtriser et il ne faut pas que je me le cache, mais l’acceptation est nécessaire pour me permettre d’avancer.

Pour trouver un nouvel équilibre, j’ai dû laisser aller certaines choses. Cela m’a appris l’importance du présent. En perdant une partie de ma vision, la vie me rappelle à quel point chaque moment est précieux.

Depuis des années, je dis toujours que « la vie est belle et on frise naturel ». Cette citation résonne avec cette idée : la beauté réside dans l’imperfection et dans le moment présent, malgré les épreuves. Même avec des frisottis naturels, il y a toujours de la beauté à découvrir dans les imperfections de la vie.

La fragilité de la santé

Il est crucial de prendre soin de soi, surtout quand on a tendance à s’oublier pour les autres ou à se laisser emporter par les aléas de la vie, comme la pandémie. La santé de nos yeux, mais aussi la santé mentale et physique en général, est fragile et demande une attention constante. En y réfléchissant bien, la vie m’apprend que, même si certaines choses échappent à mon contrôle, j’ai quand même le pouvoir de trouver du sens et de la beauté dans chaque étape de mon parcours.

Ce que je traverse ne me transforme pas en victime, mais plutôt en quelqu’un qui trouve toujours un chemin vers la lumière. Nos yeux sont si importants et nous en prenons souvent conscience seulement lorsque le pire nous arrive.

Ne remettez pas à demain: vos yeux ont besoin de vous

Chaque jour compte quand il s'agit de la santé oculaire. La pandémie a laissé des traces et, malheureusement, j’en ai payé le prix avec la perte de mon œil droit. Ce n’est pas parce que j’ai négligé ma santé, mais bien parce que le système, paralysé par la crise, m’a oublié. Cependant, même si je ne peux plus changer le passé, je choisis de retrousser mes manches et de continuer d’avancer. Pleurer ne me rendra pas ma vue, mais agir peut m’aider à préserver l'œil qu’il me reste.

À vous tous qui traversez des moments difficiles, sachez que vous n’êtes pas seules. Prenez soin de vos yeux, consultez régulièrement et ne remettez pas à demain ce qui peut être fait aujourd’hui. Mon message est celui de l’espoir et de la détermination. Ensemble, nous pouvons surmonter les obstacles et continuer à avancer, peu importe les défis. Rassurez- vous, j’ai un œil sur vous.

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