Je suis presque certaine qu’il n’y a même pas près de la moitié des êtres humains qui puissent dire être stables dans leur vie. Et je suis encore plus certaine que près de 100 % de ces personnes diront pourtant avoir le désir d’être stables. Et je n’en fais pas exception.
Financièrement ?
Émotionnellement ?
Professionnellement ?
Relationnellement peut-être ?
Remarquez qu’en vieillissant, cette recherche de stabilité devient de plus en plus importante. En commençant d’abord à travailler pour récolter de l’argent qui saura apporter une stabilité financière dans sa vie. Personne ne voudrait être stressé à l’idée de ne pas avoir assez d’argent pour s’offrir la vie à laquelle il aspire. Poursuivant par aller chaque jour sur les bancs d’école pour s’offrir un travail à la hauteur de ses attentes, ses passions… ou encore une fois la qualité de vie souhaitée. Finissant enfin par pouvoir s’acheter cette belle maison dans le but de s’assurer une demeure fixe pour au moins quelques années.
Au fond, n’y a-t-il rien de plus enviable que d’acheter la paix d’esprit en sachant que vous n’aurez pas à vous préoccuper avec l’argent, les paiements qui vont passer, la personne avec qui vous allez fonder une famille ou l’emploi que vous allez occuper dans six mois ?
Un peu comme tout le monde, j’ai toujours été attirée par cette stabilité.
Je serais même la première à vous dire à quel point j’ai pu être en amour avec l’idée d’une stabilité. Cette relation en est pourtant rapidement devenue une d’amour-haine lorsque j’ai compris que j’entretenais un désir que je repoussais à la fois.
Avez-vous déjà voulu profondément obtenir quelque chose, alors que vous saviez même que cette chose ou cette personne n’était pas bonne pour vous ? Ou alors, tout le contraire, avez-vous déjà profondément tellement aspirer à quelque chose sans toutefois savoir qu’elle était aussi mauvaise pour vous ?
Entretenir le désir d’une vie stable, alors qu’on fuit et repousse constamment la stabilité dans notre quotidien, c’est un peu la même chose. Certains, comme moi, savent que cette stabilité n’est pas bonne pour eux, mais continuent de la désirer malgré tout. D’autres n’en ont tout simplement pas encore conscience et continuent eux aussi de la désirer. Et c’est pour cette raison que nous entretenons une relation toxique avec la stabilité.
J’ai commencé à remettre en doute la stabilité qu’on aspire tous d’avoir un jour dans notre vie à un certain niveau.
Bien conscientes de ses effets positifs sur l’anxiété par exemple, ne devrions-nous pas commencer à nous demander si ce n’est pas cette stabilité qui nous pourrit un peu la vie qu’on a présentement ? J’ai le profond sentiment qu’en voulant à tout prix tout faire en fonction d’une vie équilibrée et contrôlée en tout point, on ne se perd pas un peu en cours de route.
Alors qu’on perçoit la stabilité comme une finalité idéale à atteindre, elle semblerait être à l’origine d’un brouillard nous empêchant de savoir ce qu’on cherche réellement à travers elle. Un peu comme un visage à deux faces ou une pomme pourrie ; si attrayant de l’extérieur, mais cachant une facette bien moins désirable.
En fait, la stabilité dissimule la peur du changement. Lorsqu’on manifeste le désir d’être stable, on manifeste aussi parallèlement un blocage face au changement. Pourtant, le changement fait partie de la vie. Même toute bonne routine comporte un certain degré de changement. Chercher à le repousser en se tournant vers la stabilité c’est comme dire non à ce que la vie tente de nous apprendre.
La stabilité sous-entend aussi l’idée du long terme.
C’est en quelque sorte une assurance contre tous les éléments perturbateurs de la vie. Ceux qui nous obligent à nous adapter. Et je suis encore une fois certaine de ne pas être la seule ici à avoir de la difficulté à faire face à l’adaptation. Elle aussi fait partie de la vie.
Mais à quoi bon vouloir prendre une assurance pour le futur, alors qu’on oublie de penser à ce qui a de l’importance pour soi aujourd’hui ?
S’il y a bien une chose que nous devrions commencer à comprendre, c’est que la recherche d’une stabilité à long terme ne vaut pas tous les efforts et les sacrifices qu’on y met dans le moment présent. Nous ne devrions pas tout faire en fonction de cette stabilité future. Nous ne devrions pas avoir à nous mettre de côté aujourd’hui pour espérer être mieux demain.