Il est 20h30, un jeudi soir. C'est la veille d'une séance photo pour Le Cahier. Je sors tous mes pinceaux sur le bord de mon lavabo, mon shampoing et je nettoie un pinceau à la fois. Je regarde qui seront les modèles, je prépare mon stock, et je commence déjà à réfléchir à quel maquillage je pourrais faire demain. Je suis sur le point d’aller dormir et je me dis : Bon, une autre belle journée de TRAVAIL qui m’attend demain! Oui, parce que tout cela est mon travail. Certaines personnes se préparent en se disant qu’elles iront travailler derrière un bureau toute la journée et moi ça consiste à une table, une chaise, des filles qui courent partout, des photographes et des jolis visages sur lesquels je m’amuse avec du maquillage! Les gens ne comprennent pas toujours en quoi consiste le métier de maquilleuse. Dites-vous que je me lève chaque matin pour travailler dans le plus beau domaine à mes yeux. Le métier de pigiste est loin d’être facile, car on n’a aucune assurance qu’il y aura toujours du travail et c’est pourquoi il y a si peu de gens qui peuvent le faire à long terme. Ça explique également pourquoi je me sens choyée de pouvoir le faire tous les jours. Il faut être fonceur, prendre des risques et se donner des buts à atteindre (aussi fous qu’ils puissent paraitre). Avant de vous expliquer c’est quoi être maquilleuse pour Le Cahier, j’aimerais vous partager le plus beau moment qui a fait le déclic et qui m’a mené à être maquilleuse.

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Je viens d’une famille de gens d’affaires. Depuis mon plus jeune âge, on essayait de me faire comprendre autant à l’école qu’à la maison que mon avenir était déjà tout écrit. J’allais terminer mes études universitaires en marketing, reprendre l’entreprise de mon père, faire mon travail routinier cinq jours par semaine, ce qui me permettrait de me payer un voyage dans le sud une à deux fois par année, élever mes enfants et prendre ma retraite à 65 ans. J’ai toujours eu un côté artistique très développé et mes parents m’encourageaient à continuer tant que ça reste un hobby. Je ne peux pas en vouloir à mes parents d’avoir agi comme ça avec moi, car avant que les réseaux sociaux et qu'internet ne sortent, c’était presque impossible d’imaginer faire carrière en télévision ou en cinéma quand tu n’avais pas de contact direct dans le milieu. L’entreprise de mon père avait un énorme terrain à l’arrière et un jour, une équipe de tournage pour Les Boys sont venus nous voir pour louer notre terrain quelques jours. La journée du tournage, on m’a permis d’y assister et de faire une visite des loges (bon, j’ai vraiment insisté, mais comment dire non à une jeune fille qui a des étoiles dans les yeux en les regardant! Haha). Je ne sais pas pour vous, mais l’excitation de voir les dessous d’un tournage était vraiment un privilège pour moi. À la fin de ma visite, j’ai rencontré une dame qui s’est présentée en tant que maquilleuse. Elle m’a montré son espace de travail, son bureau qui n’était pas rempli de papiers, mais plutôt un arc-en-ciel de couleur. Ça a eu l'effet d'une bombe sur moi. Je ne pouvais pas croire que c’était ça son métier!

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Un peu plus tard, j’ai réalisé que toutes les photos et les émissions à la télé, comportaient du maquillage. Je me suis mise à collectionner des magazines, déchirer les pages pour les accrocher sur mon mur et je les analysais sans cesse. Je voulais apprendre! C’était décidé, je deviendrais maquilleuse. Je me suis inscrite en secret à l’école de maquillage par peur du jugement de ma mère. Finalement, elle a ouvert elle-même ma lettre qui disait que j’étais acceptée et elle m’a dit VAS-Y, FONCE! C’était les mots que j’avais besoin d’entendre et c’est ce que j’ai fait. J’ai eu la chance de travailler avec des équipes extraordinaires et même si parfois je devais me lever à 5h du matin pour aller travailler, ce n’est pas un emploi, c’est une vocation et j’étais heureuse de le faire! Tout s’est déroulé comme un effet boule de neige, parce que je le savais au fond de moi que j’étais née pour ça.

Être maquilleuse pour Le Cahier, c’est des journées folles parfois oui, mais c’est des journées que je ne cesserais jamais de faire. J’arrive au bureau, chez Camille ou sur un lieu de tournage, je m’installe et GO, on y va! J’ai la chance de faire partie d’une équipe qui me laisse m’épanouir, qui me fait sentir que mon travail est apprécié et finalement on devient une belle gang d’amis qui a du plaisir ensemble. Être chef maquilleuse pour Le Cahier, c'est aider les autres à briller, c'est avoir une belle visibilité en faisant ce que j'aime le plus au monde. C'est également faire ma place dans le milieu en montrant ce que je suis capable de faire. C'est me dépasser chaque jour dans une ambiance qui sort de L'ORDINAIRE! Oh et c'est aussi avoir un chat trop mignon qui se promène un peu partout! Et vous, votre métier?

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Crédit photo: Andrée-Anne Joly

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