Je me présente, je suis une barmaid/serveuse. Je paie mes études grâce à mes pourboires. L’université, on va se le dire, CE N’EST PAS DONNÉ. Donc petit conseil général : ton 5¢, je vais m’en passer.
Qu’est-ce qu’être barmaid de nos jours?
C'est d'entendre sans cesse des répliques du genre ...
J’vais te prendre une Corona sans le virus.
J’vais te prendre la Barmaid pour emporter.
Le last call se passe après minuit dans mon lit.
Prenez-vous le paiement en nature?
Es-tu célibataire? (Et te le faire demander 172639273x, même si la réponse est toujours non)
T’as de beaux yeux! (Sans avoir même regardé la bonne paire)
Source image : Unsplash
C’est de voir des clients faire sans cesse ce genre de choses…
Tousser hors de son coude et crier : J’AI L’COVID !
Tousser hors de son coude et crier : J’AI PAS L’COVID !
Entrer dans le bar sans masque, croire que de mettre ses mains de façon incognito sur sa bouche fera la job et que, bien-sûre, je serai trop bête pour m’en rendre compte.
Toucher beaucoup trop les mains de la Barmaid lors de l’échange : alcool /cash , pour le nombre de bouteilles de Purell que contient le bar.
Inscrire son numéro de téléphone sur sa facture (Arrêtez, ça se retrouve à la poubelle ; à part si tu t’appelles Jason Statham, là tu peux continuer.)
C’est aussi de se faire convoquer en duel pour des raisons totalement valables.
Par exemple : le fameux last call.
Barmaid : « Désolée, je ne peux plus vendre de consommation, le last call est déjà passé. »
Client un peu (vraiment) trop saoul : « Tu me mets dehors? Eh bien va falloir que tu me sortes de force! » « Tu me cherches ? » « Veux-tu te battre ? » « Amène-toi qu’on règle ça dehors! »
Réponse que celui-ci aimerait sans doute recevoir dans un monde idéal : « Laissez-moi prendre mon armure et mon épée jeune chevalier, que le meilleur combattant se resserve un doux nectar de vie et puisse la soirée continuer. »
Non mais nous sommes en 2020 ou dans un film des années 80?
Donc , je tiens à te dire cher client, que malgré mes 5 pieds 5 et mon 105 lbs mouillée, je suis bien loin d’être impressionnée par ton jeu d’acteur laissant à désiré, autant Daniel Radcliffe, dans un autre film qu’Harry Potter.
À tous ces futurs clients déplaisants, à priori je vous prierais de vous diriger tranquillement vers la sortie, sans quoi vous serez directement escortés jusqu’au donjon.
Dans le dictionnaire la définition du terme Barmaid devrait être la suivante...
Courir (au sens propre) pour du monde saoul qui cherche à être encore plus saoul.
Bref... Je ne cherche pas à me plaindre, seulement à faire comprendre que ce n’est pas toujours évident. Et malgré tout, si je continue tant bien que mal de faire ce job, c’est bien parce que je l’aime. Je l’aime, puisque je passe mes chiffres à rire. Je ris tellement. Je ris souvent (je vais t'avouer que je cris aussi tellement souvent). Parce qu’avec 2-3 shooters de trop, certains régressent au stade antérieur de l’homo sapiens. Heureusement pour moi, ou pas, la dégénération se stop généralement au stade de maturité d’un jeune ado. Mais attention, pas seulement un ado un peu turbulent, celui qui dans l’autobus se cache toujours en dessous de son bancs. Non. Plutôt celui qui a bu quatre ou cinq Monster de trop, avant le cours d’histoire de monsieur Thibodeau. Qui s’amuse à catapulter des chewing-gum dans les cheveux et qui crache sur le prof parce qu’il le trouve soi-disant trop grincheux (P.S : respect à tous les messieurs Thibodeau). Donc oui, ceux-là. Ce genre de client qui se pense vraiment cool à dévisser la lumière du plafond tout en haut du bar, comme si l’on se trouvait dans une émission de rénovation. Est-ce que tu t’appelles Stéphane Bellavance? Non. Bon. Redescends, et arrête de te prendre pour l’animateur de méchant changement. Parce que crois-moi, si tu continues, c’est dans ma face que tu risques de d’apercevoir un méchant changement. Alors oui, parfois (souvent) je joue à la gardienne, mais c’est correct. Je veux des enfants, alors pour l’instant, je gère ma garderie.
Ce que vous ignorez…
Source image : Unsplash
Être Barmaid, c’est aussi d’avoir des clients qui sont plus que des clients. Qui deviennent peu à peu des amis. Qui deviennent en quelque sorte une deuxième famille. C’est d’apprendre à connaître réellement la personne qui se trouve derrière ton comptoir. Oui, connaître par cœur ce que ceux-ci vont te commander, tel qu'une grosse Dry avec un petit verre, pour les petites gorgées. Mais c'est aussi d’apprendre à connaître leurs projets, leurs familles, leurs peurs, leurs souvenirs. D’apprendre à connaître l’incroyable histoire qui se cache derrière chacun. C’est de réaliser que devant toi, se trouve un humain. Au même titre que toi, qui lis ce texte, au même titre que moi. Et ce côté-là de la médaille... ce côté humain, me rappelle chaque matin le comment du pourquoi je continue d’aimer et d’endurer chacune des répliques désobligeantes de quelques clients un peu trop éméchés.