Et si on arrêtait de se cacher?

Il est 22h23. Et je n’arrive pas à dormir. Mon cerveau va à cent milles à l’heure.

Les murs sont en carton dans mon bloc-appartements. Et mon voisin joue de la guitare. C’est sa routine du soir. Vers 22h, il prend sa guitare et gratte quelques chansons. Il chante aussi. Mais il ne sait pas que je l’entends. Ça me fait sourire de l’entendre jouer et chanter comme ça. Ça devrait me déranger, non? Du bruit à cette heure de la nuit. Mais non. Même pas. J’apprécie son petit concert. Et je suis contente de savoir qu’il fait ce qu’il aime le temps de quelques minutes.

Mon voisin, je l’ai croisé une ou deux fois dans le couloir. C’est un grand gars costaud. Et il portait un chandail de l’équipe sportive de mon université quand je l’ai vu la première fois. C’est drôle pareil. Le jour, il joue probablement le grand tough devant sa gang d’amis. Le soir, il chante du Charles Aznavour dans sa chambre, pensant que personne ne l’entend. Un peu comme s’il avait une double personnalité. Une double vie même. Mais peut-être le cache-t-il pour mieux se fondre dans le moule de la société.

Peut-être. Ce sont des suppositions. Je ne connais pas sa vie. Mais j’aime m’imaginer des choses parfois. Je suis une des seules à avoir accès à ce côté de sa vie. Je suis dans le secret. Il ne le sait pas, mais de l’entendre jouer comme ça, ça me fait prendre conscience de bien des choses.

Je me dis que la vie est terriblement courte. Et qu’il faudrait donc bien en profiter davantage. Et faire ce qu’on aime réellement. Tout le monde a ce petit côté de sa personnalité qui ne demande qu’à sortir et à se laisser aller. Mais on le garde pour soi. On a peur de ce que les gens vont penser, peut-être. Parce que ce n’est pas vraiment nous, d’agir de telle ou telle façon, de faire telle ou telle chose. Comme si les gens nous connaissaient réellement… On est les mieux placés pour savoir ce qui nous plait ou non.

Au fond, ce que j’essaie de faire comprendre, par ce texte un peu confus et brouillon, c’est qu’il faut arrêter de se freiner. Que si on a envie de faire quelque chose, qu’on le fasse sans se restreindre. Qu’on cesse d’agir en fonction de ce que les gens vont penser de nous. Notre vie, on la vit avant tout pour nous. Pas pour les autres.

L’être humain est beau. Dans toutes ses facettes. Et il est temps qu’on s’en rende compte. Et qu’on s’encourage les uns les autres au lieu de se rabaisser.

Alors si vous avez envie depuis toujours de partir en voyage, de prendre des cours de danse ou encore d’écrire votre premier roman, lancez-vous! On a juste une vie, n’est-ce pas?

Cher voisin, merci de me faire retrouver espoir en la vie. Un soir à la fois. On ne se parlera probablement jamais, toi et moi. Et je dois avouer que c’est un peu bizarre d’écrire sur toi alors qu’on ne se connait pas.

Mais voisin, même si je ne connais pas ton nom et que je ne t’ai jamais adressé la parole, je veux que tu saches que tu as du talent. Et je voudrais tant que tu oses chanter une toune à ta gang d’amis lors de votre prochain party.

La vie est courte, beaucoup trop courte pour qu’on la passe à se cacher.

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