J’aime tous mes petits patients, juste du fait qu’ils sont des animaux. Cependant, au fil du temps, j’ai développé une relation particulière avec certains d’entre eux qui sont plus malades ou plus fragiles et qui ont régulièrement besoin de mon expertise. Ce sont des animaux qui sont chanceux parce qu’ils ont des humains attentifs et désireux d’en prendre soin. À noter que les noms des animaux et des clients ont été changés dans le texte.
Cette journée-là, *Framboise était hospitalisée. Le cardiologue mobile était venu dans mon hôpital pour réévaluer son coeur. Comme en médecine humaine, nous avons des spécialistes vétérinaires dans plusieurs domaines. Ce sont des vétérinaires qui ont fait cinq ans d’études universitaires pour obtenir leur diplôme de médecine vétérinaire et être généralistes (ce que je suis). Ils ont ensuite poursuivi avec un internat d'un an puis, trois ans en spécialité aux États-Unis ou ailleurs avant de pouvoir se présenter à l’examen du Board et obtenir leur titre de spécialiste. Les nouvelles pour Framboise étaient bonnes. Sa condition cardiaque était stable. J’étais enchantée d’aller l’annoncer à *Nicolas, son humain, parce que je sais à quel point il l’aime.
Source image: Lucie Hénault
Soigner les humains, un chien à la fois
Dans l’aire d’accueil, Nicolas, heureux de la belle nouvelle, m’a redit combien Framboise était précieuse pour lui. Il s’est aussi ouvert sur le fait que Framboise lui avait permis d’arrêter de consommer. Travaillant dans un milieu où les tentations sont nombreuses, c’est son chien qui lui avait donné une raison pour rentrer à la maison le soir. Il a avoué cela en toute candeur, donnant tout le crédit à son chien. Immédiatement, l’image de Dumbo l’éléphant-volant qui croyait voler grâce à sa plume magique m’est venue en tête. Nous en avons discuté avec humour et je lui ai remis le mérite qui lui revenait. Il m’était aussi reconnaissant de prendre grand soin de sa belle Framboise et de la traiter comme un individu spécial. Il savait que grâce à la médecine vétérinaire, Framboise avait gagné de précieuses années de vie et de confort.
Lorsque Nicolas est sorti, un autre client qui avait été témoin de notre conversation a pris le temps de me dire que son adolescent ne parlait plus qu’au chien dans la maison. Le chien de la famille était aussi devenu le seul sujet de conversation avec ses parents. Cet adolescent, que je connais depuis qu’il est enfant, me fait confiance pour prendre soin de son ami poilu. Aussi fermé soit-il avec ses parents, il se responsabilise dans les traitements pour le chien et est reconnaissant à ses parents de lui offrir tous les soins appropriés. Madame m’a aussi remerciée de prendre grand soin de *Julius et d’ainsi contribuer à garder sa famille unie.
Se sentir sur son X
Ce jour-là, j'ai ainsi vécu un moment de grâce qui a compensé pour ceux où on me dit que la médecine vétérinaire n’est pas vraiment importante ou que je traite «juste» des chiens ou des chats. Que je ne devrais pas perdre tant de dimanches à faire de la formation continue pour rester le plus à jour possible et que je ne devrais pas me réveiller la nuit et m’inquiéter d’un chien ou d’un chat. Ce jour-là, ces deux histoires m’ont confirmé que tous mes efforts valent la peine et que je fais une différence non seulement dans la vie de mes patients, mais aussi dans celle de mes clients. J’ai été très reconnaissante à ces deux clients de me raconter leur histoire en toute candeur et de me faire confiance. À eux et aux autres, soyez assurés que je vais continuer à vous donner le meilleur de moi-même. Parce que vous en valez la peine et vos animaux aussi. Je suis vétérinaire par passion !