Il y a quelques années, quand j’ai choisi de devenir mère, je me suis bien souvent imaginé porter une petite fille accrochée à mes bras. Je voyais ses longs cheveux bruns et bouclés, la beauté des traits de son visage et son nez qui venait chatouiller le mien. Je rêvais de nos moments de complicité qui seraient rythmés par nos discussions sur la femme qu’elle deviendrait.
Le jour où je suis devenue maman, c’est un magnifique petit garçon qui est venu pointer le bout de son nez. Il est mon grand bonheur !
Être mère, c’est une expérience incroyable, ça me bouleverse parfois dans les moments durs, mais ça me remplit surtout d’une joie immense dès que j’entends son rire. C’est aussi faire passer mon enfant en priorité, apprendre à vivre avec de nouvelles peurs et à vouloir le meilleur à chaque instant pour lui.
C’est passer des heures à l’observer avec un sourire niais, figé sur le visage, et m’en foutre complètement.
C’est parfois revivre des difficultés émotionnelles bien plus fortes que ce que j’ai pu connaître en étant moi-même enfant : le sentiment de ne pas être à la hauteur, la peur de ne pas être acceptée telle que je suis et l’inquiétude du regard des autres. Ma plus grande angoisse restant qu’un jour mon enfant disparaisse brutalement de ma vie.
Aujourd’hui, je ne suis pas certaine d’avoir l’énergie de vivre de nouveau les joies d’une grossesse ni le chamboulement qu’implique la naissance d’un nouvel enfant.
J’ai souvent pensé que j’aurai une famille nombreuse, c’était même une évidence avant que je ne rentre dans le monde merveilleux et chaotique qu’est celui des parents. La maternité a été un chemin tumultueux pour moi, j’ai souffert physiquement et j’ai lutté pour me remettre émotionnellement. Avoir un enfant, c’est un engagement de chaque instant, c’est du temps à accorder au quotidien pour son éducation et c’est avoir de la patience pour chaque nouvel apprentissage. À présent, on a la chance d’avoir trouvé un juste équilibre et une douce harmonie avec mon fils. Cela me permet d’apprécier chaque instant de bonheur que nous offre la vie.
Envisager de ne pas avoir une famille nombreuse, c’est aussi devoir renoncer à cette petite fille dont j’ai toujours tant rêvé, ce qui est un deuil réellement difficile à faire pour moi.
Parfois, je pense à ce que deviendra mon fils quand il sera grand. Je l’imagine voyager dans le monde à la rencontre de personnes de cultures différentes. Je l’imagine faire le pitre pour faire rire ses copains dans les rues d’une ville animée. Je l’imagine libre d’aimer la personne qu’il choisira, que ce soit un homme ou une femme. Je l’imagine jouer au basketball et faire une passe décisive sous le regard admiratif de son père. Je l’imagine à mes côtés lisant un bon bouquin tout en écoutant le chant des oiseaux.
Je l’imagine prêt à tout pour réussir à vivre l’une des plus belles histoires qui soient : celle que l’on vit avec soi. Je l’imagine heureux tout simplement et prêt à tout recommencer s’il réalise un jour que ce n’est plus le cas.
Image de couverture de Bethany Beck