Je le savais que c’était mal. Que si je me lançais là-dedans, je t’acceptais toi au complet. Toi pis ton passé trouble, toi pis ton humeur changeante, toi pis tes silences pendant des jours sans nouvelles, toi pis tes vagues, toi pis tes comportements que je ne comprends pas, toi pis tes crises existentielles, toi pis tes imprévus quand on doit se voir, toi pis tes excuses qui me font te croire.
Je savais que je me lançais dans quelque chose de gros. Je savais que je ne choisissais pas le chemin facile. Que je ne m’enlignais pas pour la petite vie calme comme un lac miroir au matin. Pour la routine tranquille à chaque lendemain. Pour la même voix qui me répète chaque soir sur la même intonation un bonne nuit chérie sans hésitation.
Je le savais que ce qui m’attendait, ce n’était pas ce dont je rêvais. Pas mon histoire parfaite et sans obstacle. Mais j’ai choisi de foncer les yeux fermés dans ce beau spectacle. Foncer en suivant mon intuition plutôt que ma raison. Foncer en disant oui alors que les autres me criaient non. Foncer pour me prouver que ça en valait la peine.
Je voulais en valoir la peine.
Je voulais rapiécer tes trous avec mon corps, te redonner la confiance avec mon écoute, pis faire sourire ta face avec mes mots. Je voulais que tes silences me rappellent de ne plus rien prendre pour acquis, que ta présence me donne le goût de dire merci pis que nos chicanes me forcent à comprendre la vie. Je voulais que tes mains soient faites pour aucune autre peau que celle que je suis, que les hauts me fassent oublier les bas pis que tes mots me rassurent quand je ne l’étais pas.
Amour-haine
Rage-désir
Question-passion
Tu vois le genre de relation? Et pourtant, je m’y abandonnais sans hésitation en sachant au fond de moi qu’on était sans mauvaise intention.
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Je le savais que c’était mal. Tu le savais que ça me ferait du mal. Que certains matins, tes mains me grafigneraient le dos et que tu ne dirais pas un mot. Que les jours où tu disparaîtrais subitement me rentreraient dedans sans faire attention à ce que je ressens. Que t’allais parfois rester distant sans m’expliquer ce qui se passe en dedans. Je savais tout ça. Je le voyais qu’il y aurait de la vague, mais je me sentais prête à me lancer à l’eau parce que je croyais que ça pouvait mener à quelque chose de beau.
Je me suis longtemps questionnée à savoir si je voulais me prouver à moi que t’en valais peut-être la peine, à travers le meilleur comme le pire, les joies puis les martyrs, ou si je ne voulais pas plutôt te prouver à toi que j’en valais sûrement aussi la peine, que je méritais finalement d’être tienne.
Une chose est sûre, on aurait pu vivre quelque chose de beau en dehors du bateau. Pour de vrai.
T’aurais dû te lancer à l’eau. Au complet.
Moi, je te prenais.
Avec tout ce que ça impliquait.