Je m’installe ce matin avec mon café. Les yeux encore petits de la nuit, les cheveux ébouriffés, la lumière de l’écran encore au minimum. Je défile vers le bas, la seule idée qui parcourt ma tête c’est « calvaire, ça va ben mal ». Je me réconforte de pouvoir servir deux toasts à ma fille qui écoute les « comiques ». J’me sens privilégiée.
Et j’entends certains me dire : « attention aux médias poubelles ». Poubelles ou pas, vert, brun, bleu… ça va mal dans tous les médias, aucun ne fait exception. Même le petit bac de compost qu’on a sur le comptoir de la cuisine va mal.
12 octobre 2022
La guerre en Ukraine en premier plan, ça fait peur. La crise du logement, vol qualifié, colère des facteurs, Royaume-Uni manque de sang, tentative d’enlèvement, scandale hockey Canada, 500 baleines mortes en Nouvelle-Zélande, les militants anti-avortement, un piéton happé délibérément, manifestation en Iran, hausse du prix du pétrole, coup de feu sur le plateau, fraudes. Je finis avec l’article « Les jeunes vont mal et les adultes aussi ». J’imagine… Nous sommes le 12 octobre 2022, aujourd’hui à 6h46, je n’ai rien lu sur l’inflation, la covid, le réchauffement climatique et le nucléaire. Je sais que ce sera dans le bac vert de demain ou dans le bac brun de vendredi.
Est-ce que nous sommes de la dernière génération où ça aura un brin d’allure autour de nous? Est-ce que ma fille décidera d’avoir des enfants?
La décision d’avoir des enfants en sera telle une empreinte d’égoïsme? Mettre au monde des enfants dans un environnement de violence quotidienne, sur une planète malade ou l’automatisation prendra de plus en plus de place. Seront-ils, entourés de leurs enfants, les acteurs du film Le jour d’après version 2? Je me le demande sincèrement. Il me semble que ça se dégrade rapidement, que notre réalité s’apparente à la première partie du film. Tu sais, la vie est belle et BOUM l’apocalypse, les villes désertes, les zombies, les autoroutes abandonnées à la verdure. Sueurs froides! Hitchcock peut aller se rassoir!
On parle parfois d’éco anxiété. Mais si la tendance se maintient, nous ne parlerons plus seulement de solastalgie. Il y aura l’anxiété liée à la violence, à la pauvreté, au virus, au nucléaire.
Chez moi, on n’a pas le câble, j’me dis que si en plus fallait que ça tourne en boucle dans le salon, ce serait l’enfer.
Lire ou ne pas lire les nouvelles, là est-elle la question? On nous casse le chou avec les pensées positives, l’énergie positive, la « vibe » positive. Entourez-vous de positif qu'ils disent! Est-ce que de lire tout ça détruit mon énergie? Ou est-ce que m’éduquer sur ce que la planète endure fait de moi quelqu’un qui peut faire la différence. Ce serait facile de me mettre la tête dans le sable, l’autruche est d’ailleurs le bipède le plus rapide du monde. Non seulement tu ne lis pas, mais en plus tu te sauves à grande vitesse. J’ai comme envie de me lancer dans « le bonheur sans bullshit », un balado québécois sur la puissance de la pensée positive, mais en même temps, j’hésite. Je n’ai pas juste envie de regarder mon nombril, d’être groundée. Mais je me sens infiniment petite devant l’immensité de ces conflits.
Ma solution : m’informer à petite dose. Accorder tous les jours un temps « x » à l’actualité, le balancer avec un temps « y » pour la pensée positive. Poser des actions concrètes qui font la différence, même si c’est une petite différence.