6 acrobates, 3 trampolines. Un moment de chute, de suspension. La descente, l’atterrissage, inévitable.
ESQUIVE est un ballet sur trampoline, une partition à plusieurs corps où se détachent des envolées solos tout en poésie et légèreté, comme une méditation. ESQUIVE porte mal son nom : le public y a davantage vu le contact, la présence, la recherche d’un point d’ancrage. Pas la fuite ou la feinte. Avec sincérité, les acrobates échangent et conversent dans un esprit de complicité et de solidarité qui est réconfortant pour le public autant que pour eux, probablement. Dans la douceur et l’attention, les six hommes évoluent sur des trajectoires parallèles, s’entrecroisant par moment pour donner lieu à la plus belle collision de talent et de lumière.
La mise en scène est brillante.
Sans chercher à en faire trop, elle laisse plutôt les silences et les suspens parler d’eux-mêmes. Grâce à l’éclairage, la musique et les diverses configurations de cette scène polyvalente, le travail des athlètes est rehaussé de manière à provoquer l’émerveillement chez le public et sa réflexion. Assurée par Gaëtan Levêque, un artiste dévoué au trampoline depuis 25 ans, la mise en scène permet de faire briller les acrobates, sans prendre le pas sur leurs prouesses, par sa versatilité, son intelligence et sa finesse.
De l’apesanteur légère, libre, de l’envol à la brutalité du poids qui retombe, « ESQUIVE est une invitation à contempler le désir humain de s’élever, à ressentir son effort continu pour s’extraire de la chute. » L’enchantement de la hauteur n’a d’égal que la force nécessaire pour redescendre au sol. Le spectacle se construit à travers le corps, tantôt droit, fier et en contrôle; tantôt relâché, à la merci des impacts et des chocs.
La qualité des mouvements, s’apparentant parfois à la danse, contribue à élever la performance et à la faire voyager entre les disciplines. Toute en textures et en musicalité, « la partition acrobatique devient un langage qui traduit les fondements intimes du cirque : l’art de l’envol et de la prise de risque, un éloge à la fragilité et à l’utopie. »
À travers une chorégraphie recherchée et leur gestuelle propre, les artistes ont livré une performance poétique, aérienne, quasi méditative. Le spectacle prend fin ce soir et c’est vraiment à ne pas manquer. La Tohu accueillera également, à la fin mai, le spectacle des finissant.e.s de l’École nationale de cirque, ainsi que le Festival Montréal complètement cirque en juillet.
Laissez-vous épater par l’art et les prouesses circassiennes présentées à la Tohu cet été!
Image de couverture via TOHU