Non, mais je vais l’être!
Je vais être dans ma «s’maine»… D’ici deux ou trois jours, je vais encore laisser passer ma chance d’être maman pour ce mois-ci. Je le sais, pas seulement parce que j’ai un bouton sur le menton, ni parce que j’arrive au bout de la ligne de ma boite d’annovulants blancs, non non! Je le sais parce que j’ai les hormones dans le piton.
Les hormones sont des molécules sécrétées par une des nombreuses glandes du système endocrinien et elles contrôlent plusieurs processus physiologiques du corps humain dont le fameux «contrôle des émotions». C’est ainsi que durant une courte période lors du cycle menstruel, je suis tout sauf en contrôle de mes émotions!
Je suis en réalité un bol de soupe d’oestrogène et de progestérone baignant dans un bouillon d’irritabilité, d’instabilité et d’hypersensibilité. Ma personnalité normalement sympathique et sucrée tourne en un mélange doux-amer et légèrement épicé.
Mon quotidien généralement paisible et serein est maintenant entrecoupé de petits commentaires passif-agressifs et d’éruption d’émotions incontrôlables. Ma tendre moitié ne met pas de cœur à la fin de son message texte de bonne nuit… Panique! Il ne m’aime plus! Ma mère trouve ma marinade de poisson «différente»… Frustration! «Tu te le feras ton souper la prochaine fois».
« Durant cette période critique, je me comparerais à du lait que tu mets à bouillir sur le poêle.»
Je suis comme le nuage épais de bulles de lait qui se crée à la surface et qui dépasse des parois du chaudron. Toujours à la limite, mes émotions risquent à tout moment de briser cet équilibre précaire et de se renverser sur la cuisinière toute propre de ma vie.
Mon intérieur est en effervescence. Je bouillonne d’émotions diverses et contradictoires ne sachant jamais vraiment laquelle finira par s’échapper du couvercle. De belles larmes de joie qui coulent sur mes joues peuvent rapidement se transformer en de lourdes larmes de tristesse et ça, sans aucune raison logique.
Les commentaires non pertinents m’énervent, la stupidité humaine m’irrite, les mauvaises manières m’enragent, l’humain me décourage… Et je pourrais continuer cette liste d’ingrédients à l’infini.
J’ai l’air d’une totale hystérique à écrire tout ça, mais soyez sans crainte, je ne mords pas. Je fais comme toutes les femmes. Je ferme le couvercle le plus hermétiquement possible afin d’éviter tout débordement potentiel. J’essaie de touiller le potage en faisant des activités afin de me changer les idées en croisant les doigts que rien ne colle au fond et j’attends que les heures passent.
Alors, si vous aussi vous vous sentez comme une soupe aux pois quelques jours par mois, si vous aussi vous avez envie de péter un plomb quand on vous demande si vous êtes «dans votre s’maine»:
À vous, à nous, je dis, levez le couvercle du chaudron et laissez échapper la vapeur! Accordons-nous le droit de déborder et de tacher ce fameux beau poêle immaculé de notre vie!