La semaine dernière, je vous ai parlé de Valérie, celle qui s’est transformée avec le temps pour prendre son envol vers un mode de vie plus près de ses valeurs.
Aujourd’hui, je vous parle « d’évolution ». Vous me direz : « Transformation et évolution, ce n’est pas supposé être la même chose? » Pas pour moi! Quand on se transforme, on devient une toute nouvelle personne, comme si une pomme devenait une orange. Quand on évolue, on apprend à chaque jour, mais on reste la même personne. Comme un pépin de pomme qui devient un arbre. C’est le même « être », mais qui grandit au fil des années.
Dans cette entrevue, j’ai rencontré Valentine Ressaire, professeure de yoga. En 2015, Valentine avait perdu ses repères et le yoga est arrivé à un moment opportun dans sa vie. Elle a appris comme une étudiante, elle l’a maitrisé comme un maître et maintenant, elle partage ses connaissances en l’enseignant.
Si vous prenez quelques minutes pour aller découvrir sa chaîne Youtube, vous allez découvrir une femme de talents qui vous apaisera par sa voix douce. Alors c’est parti, bonne lecture!
Quel est ton métier?
Bonjour Gabrielle ! Je suis commis en bibliothèque et professeure de yoga. J’ai mon entreprise Yoga avec Valentine et j’enseigne aussi au Studio M Yoga, à Sherbrooke.
À quel moment as-tu découvert l’univers du yoga?
J’ai découvert le yoga au printemps 2015 dans une période de ma vie où je manquais de repères. Et lorsque je me sens perdue, la première chose qui en souffre est l’image que j’ai de moi-même et de mon corps. Durant ce printemps-là, je retombais dans de vieux schémas où j’avais tendance à me dévaloriser en permanence et cela avait un impact sur ma vie en général et sur mes relations. C’est alors qu’une de mes meilleures amies a partagé sur Instagram une posture de yoga, car elle participait à un « yoga challenge » (qui consiste à publier sur les réseaux sociaux une posture par jour, selon un thème donné par exemple). Ça a piqué ma curiosité. J’ai eu envie d’essayer moi aussi afin de partager quelque chose avec elle.
De fil en aiguille, je me suis retrouvée à dérouler mon tapis de yoga tous les matins et j’ai vite réalisé que cette pratique était en train de transformer complètement la façon dont je me sentais et me percevais. Je n’ai plus jamais arrêté et j'ai suivi une première formation professorale en 2017.
As-tu toujours accordé de l’importance à la spiritualité, la méditation et au bien-être?
Je me souviens avoir été attirée par l’univers de la magie et la spiritualité quand j’étais adolescente. Malheureusement, en France, on a associé pendant très longtemps magie et spiritualité avec l’idée des sectes, et lorsqu’un de mes parents a découvert que je réalisais des petits rituels en cachette (que je faisais pour me sentir mieux dans ma peau et essayer d’être un plus maître de ma vie), j’ai eu l’impression de faire quelque chose de mal. J’ai tout arrêté et refoulé. J’ai redécouvert tout cet univers par le biais de ma pratique de yoga, presque 20 ans plus tard.
Crois-tu que chaque personne devrait évoluer pour trouver la paix intérieure?
Aborder la vie de façon sereine et avec le cœur apaisé est certainement quelque chose que je souhaite à tous ! C’est en étant en paix avec soi qu’on peut faire la paix avec les autres aussi… mais je crois que c’est le travail d’une vie !
Étant de nationalité française, que trouves-tu fascinant dans le fait de découvrir d’autres cultures et d’apprendre de celles-ci?
Le plus fascinant dans tout cela, c'est de réaliser que nous sommes à la fois tous très semblables (tous humains) et très différents ! C’est enrichissant et nécessaire. Enrichissant, car cela ouvre nos horizons, nourrit notre approche de la vie, la nuance. Nécessaire, car c’est en regardant les autres que l’on réalise aussi qui on est et qu’on prend conscience des privilèges avec lesquels on a éventuellement grandi.
Est-ce que d’apprendre et d’évoluer t’a permis de trouver réponse à diverses questions que tu avais en toi?
J’ai trouvé la réponse à certaines interrogations, oui. Durant les dernières années, je me suis beaucoup penchée sur mon enfance et aussi l’histoire de ma famille. Beaucoup d’épiphanies viennent de ces temps d’introspection. Simplement le fait de m’asseoir avec moi-même quelques minutes par jour peut aussi faire toute la différence, tout comme écrire, afin de clarifier ce qui tourne dans ma tête ! (Et mon Dieu, il y en a du stock là-dedans !) Mais j’ai l’impression que, lorsqu’on répond à une question, on en découvre d’autres cachées en dessous. C’est sans fin, tu ne penses pas ?
Pourquoi as-tu choisi d’enseigner le yoga et de partager tes connaissances?
Le yoga ne doit pas appartenir à une élite ou à un type de personne en particulier, au contraire : il est fait pour rejoindre chacun de nous. D’une part, la pratique physique est très diversifiée et donc adaptable. D’autre part, le yoga se vit aussi en dehors du tapis sous la forme de la méditation, la bienveillance, le non-jugement, l’exploration de soi, etc. Je pense que tout le monde peut trouver quelque chose qui l’appelle dans le yoga ! Et j’ai donc eu à cœur de mettre ma pierre à l’édifice afin de faire connaître cette discipline au plus grand nombre.
Nous méritons tous d’avoir un regard bienveillant sur nous-même, nous méritons tous d’avoir les outils pour mieux nous comprendre et donc comprendre les autres. Lorsque j’ai donné mes premiers cours et que j’ai vu cet éclat s’allumer dans les yeux de certains élèves, cet éclat que j’ai moi-même eu lorsque j’ai réalisé le pouvoir de cette pratique, j’ai alors su que je devais continuer à transmettre humblement ce savoir.
Chaque professeur de yoga est unique et aura donc une approche unique. Je sens que j’ai ma place ici et je me dis que si je rejoins ne serait-ce qu’une seule personne, si cette personne peut ensuite vivre sa vie (ou juste sa journée !) plus sereinement grâce à ça, alors mon choix en vaut la peine. Et puis… Le monde parviendra peut-être à se guérir si nous prenons le temps de guérir nos blessures personnelles en premier, et le yoga est assurément là pour ça.
Nous vivons dans la surconsommation et le besoin que toutes nos envies soient comblées rapidement. Pourquoi serait-il sain d’apprendre à ralentir notre mode de vie?
Nous aurons toujours des besoins et des envies. La consommation se base sur cela, et la surconsommation nous empêche de vivre cet instant précieux où nous prenons un temps d’arrêt pour contempler l’entre-deux, pour réaliser ce qui est déjà là. Hors, c’est dans ce genre de moments (entre deux envies/besoins) que la satisfaction est la plus grande et donc le sentiment de bonheur accessible, car nous réalisons que ce que nous avons déjà est suffisant. Nous pouvons donc enfin souffler. Prendre le temps de contempler ce que l’on a, savourer le temps qui passe, ralentir donc, nous ramène à être à 100% dans l’instant présent. Et c’est là que l’anxiété s’apaise, que le hamster arrête de courir frénétiquement. C’est là qu’on peut enfin se sentir bien. Et puis tous nos besoins, toutes nos envies sont-elles vraiment profondes ? Nécessaires ?
Ralentir permet aussi de se poser la question et donc de faire des choix vraiment alignés avec notre cœur. Nous mettons alors notre énergie dans ce qui compte vraiment pour nous.
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Dans notre société, quel est le problème #1 face à l’évolution humaine?
L’individualisme.
L’année 2020, ou le sujet de l’urgence climatique le démontrent : au lieu de penser au bien de tous, au lieu de voir ce que nous pourrions créer et changer en étant unis, on préfère se concentrer sur notre nombril et ce qui nous touche directement. Je crois pourtant qu’il est grand temps de voir plus loin et que chacun se considère comme faisant partie d’un tout. Nos actions, à petite ou grande échelle, ont un impact sur les autres et sur la planète.
As-tu un conseil pour les personnes qui souhaitent évoluer pour devenir mieux, mais qui n’osent pas par peur du changement?
Tout est toujours en train de changer et c’est normal, inévitable (d’ailleurs j’adore cette célèbre citation : « Il n’existe rien de constant si ce n’est le changement. » – Bouddha).
Mon premier conseil serait donc de ne plus lutter contre le changement, mais bien de réaliser qu’il fait déjà partie de nous et de la vie, à l’image de la nature qui se transforme à chaque saison. Le changement est l’allié de notre propre évolution.
Et mon second conseil (j’ai droit à deux?) qui va avec le premier, est de garder en tête que rien n’est définitif, jamais. Si on décide d’aller dans une direction, d’essayer quelque chose de nouveau, il faut se rappeler que si ça ne nous convient pas, nous avons le droit… de changer à nouveau !
Je trouve que cette notion apporte une grande dose de soulagement et de liberté, surtout lorsqu’on se retrouve face à des choix que l’on juge importants.