L’endométriose est une maladie affectant l’utérus, ou plus précisément l’endomètre, des personnes ayant un système reproducteur féminin qui en sont atteintes. Celles-ci sont aux prises avec un grand nombre de symptômes, comme la douleur pendant les règles, un saignement très abondant, une fatigue généralisée, etc.

Cependant, il ne s’agit pas uniquement du cycle menstruel qui est affecté par cette maladie, mais la vie sexuelle et affective de celles qui la vivent aussi. On abordera ici ce qu’est plus concrètement l’endométriose, un topo de son évolution dans la société et comment elle peut affecter la sexualité des femmes.

Hystériques, c’est ce qu’on disait des femmes souffrant d’endométriose il y a environ deux siècles.

C’était une maladie traitée comme un trouble mental. Certaines ont d’ailleurs été internées ; « L’endométriose est une maladie décrite depuis l’Antiquité, identifiée au XIXe siècle et très peu étudiée car jugée pendant très longtemps comme un problème féminin par le monde médical et scientifique, souvent rangée dans la psychiatrie. »

On peut penser à des histoires comme Le bal des folles, écrite par Victoria Mas, où des femmes sont enfermées dans un « hôpital » nommé la Salpêtrière et où des hommes font des expériences douteuses sur elles afin de soigner leur hystérie. À cette époque, on faisait sur les femmes des expériences consistant par exemple à insérer des doigts dans son vagin pour soigner la folie dont elle souffrait. En 2024, ce genre de pratiques ne passeraient pas pour des raisons plus qu’évidentes.

Pourtant, l’endométriose existerait depuis très longtemps ; on parle d’avant Jésus-Christ, au temps de l’Égypte antique et la Grèce antique. Ce n’est qu’en 1927 qu’un scientifique nommé John Sampson, qui était un chirurgien gynécologue américain a utilisé le mot « endométriose » pour la toute première fois.

Les études à propos de cette problématique ont commencé plutôt tardivement si on compare à certains autres troubles ou problèmes liés à la sexualité ; par exemple, les troubles érectiles ont commencé à être étudiés dans le but de les soigner entre l’an 0 et l’an 100 environ.

Bref, le problème est très vieux, mais la connaissance et l’information disponible sur le sujet sont particulièrement récentes.

L’endométriose est une maladie affectant la région reproductrice de la femme, mais pas seulement. On la décrit comme étant « une maladie hétérogène inflammatoire œstrogène dépendante caractérisée par la formation de tissus similaires à l’endomètre, mais à l’extérieur de l’utérus ». En gros, cela signifie que l’endomètre, qui est la muqueuse qui s’épaissit dans l’utérus en prévision d’une grossesse, se forme à l’extérieur de celui-ci. Les règles s’évacuent naturellement par voie vaginale, la muqueuse à l’extérieur de l’utérus, elle, n’a pas d’issue.

L’endométriose crée donc des lésions qui se trouvent généralement sur les ovaires, mais qui peuvent aussi affecter d’autres parties du corps, comme les intestins ou la vessie, par exemple.

Les parties touchées sont alors enflammées et des fibroses (augmentation anormale de la quantité de tissu conjonctif fibreux dans un tissu ou un organe) se forment.

L’endométriose touche au moins 10% des personnes ayant leurs règles.

Le Québec est peuplé d’environ 4 millions de femmes, c’est donc plus de 400 000 d’entre elles qui souffrent de cette maladie utérine, et ce, seulement dans la province.

Malgré le nombre élevé de personnes qui en sont atteintes, cela prend en moyenne 7 à 10 ans, et souvent plus, avant d’obtenir un diagnostic d’endométriose. Cela s’explique par différentes raisons.

D’abord, il faut savoir que chaque personne la vit différemment et que certaines auront des symptômes que d’autres n’auront jamais. De plus, l’apparence des lésions causées par la maladie diffère beaucoup d’une patiente à l’autre. Elles peuvent passer par toute une gamme de couleurs (rouges, brunes, bleutées, noires ou encore blanches) et d’une forme, texture et grosseur à une autre.

D’ailleurs, l’endométriose ne peut que difficilement être décelée via échographie. C’est donc la laparoscopie qui est utilisée pour la déceler, c’est-à-dire l’insertion d’une toute petite caméra par une légère incision de la région pelvienne. Toutes ces raisons font en sorte qu’il y a un très grand nombre de femmes qui vivent de l’endométriose sans être traitées, suivies par un médecin ou encore, malheureusement, prises au sérieux.

En effet, plusieurs pensent qu’il est tout à fait normal d’avoir de très grandes douleurs liées aux règles, mais il s’avère que ce n’est pas le cas. Au contraire, bien qu’il soit normal d’avoir de petites crampes et certains symptômes liés aux hormones, souffrir à en vomir, s’évanouir ou encore devoir se rendre à l’urgence pour des douleurs trop intenses, ce n’est pas dans la norme.

Il est également important de savoir que plus l’endométriose est découverte, diagnostiquée et prise en charge tôt dans la vie d’une femme, moins le risque qu’elle se propage dans le reste de ses organes internes jouxtant l’utérus est élevé.

La suite dans la partie 2 ici
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