La grossesse est censée être une belle période pour la plupart des femmes. Hormis quelques petits inconvénients parfois contraignants, tels que les nausées, les drôles d’envies culinaires et les visites fréquentes à la salle de bain. Pourtant, mon histoire fût terriblement différente que ce que les livres « traditionnels » nous apprennent.

Le petit couple, duo parfait

Ayant déjà un petit coco à la maison, nous espérions une petite fille. Quoique, peu importe le sexe, tant que le bébé était en santé, nous étions aux anges. Arrive l’échographie de 20 semaines et on nous annonce que c’est une belle petite puce que nous attendons pour mai 2023. Cette nouvelle ne venait toutefois pas seule. On nous annonce aussi à ce moment que son os nasal est considéré comme hors norme, que mon placenta est devant et qu’elle accuse un léger retard de croissance au niveau de l’abdomen. C’est environ à ce moment que tout a commencé à dégringoler…

L’hôpital, un deuxième domicile

Dès ce moment, ma grossesse s’est transformée en cauchemar. Quand ton cellulaire intelligent indique sur l’application « MAPS » que ton domicile est l’hôpital, c’est que tu y passes beaucoup trop de temps. En effet, de novembre 2022 à mai 2023, j’ai passé près de 20 hospitalisations allant de 3 jours à 3 semaines. Je vivais une complication hyper rare due à l’emplacement de mon utérus par rapport à mon placenta et comment bébé était positionné.

Ainsi, les petits tubes entre nos reins et notre vessie, les uretères, étaient comprimés et l’urine remontait donc dans mes reins, ce qui créait de l’hydronéphrose et éventuellement une pyélonéphrite. Bien que tous ces mots valent chers au Scrabble, j’aurais préféré ne jamais les connaître. Finalement, c’est 7 interventions aux reins que j’ai dû subir enceinte et ce, entre autres, pour l’installation de néphrostomies bilatérales. En résumé, j’avais des petits tubes implantés dans mes reins, qui sortaient par mon dos et qui étaient reliés à des sacs collecteurs sur mes cuisses.

Les opioïdes et la femme enceinte

Juste avec le sous-titre, j’entends déjà la révolte de plusieurs personnes… Avez-vous déjà subi des coliques néphrétiques, avez-vous déjà subi des interventions aux reins, avez-vous déjà enduré des néphrostomies? Tout cela, c’est plus que douloureux…

Bien que pour la plupart des interventions je n’avais pas de médicaments pour m’endormir ou me rendre « Gaga », il y a eu des moments où j’ai dû recevoir de forts narcotiques pour ne pas ajouter des stresseurs à ma grossesse et pour réussir à gérer la douleur.J’étais donc connue comme la femme enceinte qui prenait du dilaudid.

D’ailleurs, le dilaudid, parlons-en.

Ce médicament est un puissant analgésique et peut être administré de plusieurs façons. En effet, avec le Karmarde que j’ai (parce qu’avec autant de malchance cette année, ce n’est plus simplement un karma), je suis allergique à plusieurs composantes de nombreux médicaments, ce qui fait que je dois souvent les recevoir intraveineux, intramusculaire ou encore sous-cutané. Ce médicament est connu comme étant très addictif et difficile à arrêter. Dans un autre contexte, peut-être que ça aurait été le cas, mais la culpabilité que je ressentais à chaque dose reçue aidait grandement à ne pas y rester accrocher.

Bien malgré moi, j’ai reçu plusieurs doses de ce médicament durant mes hospitalisations et postinterventions à mes reins. Mentalement je n’avais pas besoin du médicament, mais physiquement, mon corps en réclamait ou tombait en sevrage lorsque je n’en avais plus, mais surtout, les grosses douleurs revenaient rapidement et intensément.

L’arrivée de notre princesse

C’est finalement le 13 mai 2023 à 20 :09 que notre petite fille a fait une entrée précipitée dans notre monde. Après 29 heures de souffrance, elle était enfin là. J’ai dû être provoquée à cause de plusieurs raisons médicales, si ce n’est que de ma haute pression mal contrôlée, mes néphrostomies et son petit retard de croissance. Donc à 38,2 semaines, on commença à me provoquer avec les méthodes traditionnelles. Cependant à ma grande déception et au grand désarroi du personnel médical, mon travail n’avançait pas du tout.

Le cœur de bébé tolérait mal les médicaments et j’étais tellement souffrante que je n’arrivais pas à me détendre suffisamment pour que le travail avance et que le col dilate. Ce n’est qu’après 18 heures de douleur consécutive qu’ils m’ont proposé l’épidurale, malgré le fait que je n’étais qu’à 1 cm, et ce, dans le but de faire avancer le travail et de me permettre d’être moins crispée. Ayant toutes mes contractions dans mes « reins » et les néphrostomies nuisant grandement à ma mobilité, l’épidurale arrivait comme une délivrance incroyable et nécessaire pour me permettre de me reposer. Sans grande surprise… toujours après 27 heures de travail, je n’avais passé que de 1 à 2 cm.

Toutefois, de la 27e heure à la 28e heure, j’étais miraculeusement passé de 2 cm à 8 cm et là, tout s’est enchaîné à une vitesse folle.

Code sur l’étage

À peine 5 minutes après que le docteur ait vérifié mon col, je rappelais l’infirmière en lui disant que je sentais que ça poussait… surprise, elle a tout de même vérifié et à lancer un code sur l’étage… bébé arrivait et plus vite que prévu.

Une panoplie d’infirmières, d’inhalothérapeute, le médecin et la gynécologue de garde sont toutes entrés en pleine vitesse et ont à peine eu le temps de revêtir leur équipement de protection. Trois poussées plus tard, Maïka était là. On l’a déposé rapidement sur moi et on l’a repris aussi vite pour l’évaluer. Elle rencontrait quelques difficultés respiratoires, mais le reste semblait parfait. Mes membres inférieurs étant encore sous l’anesthésie de l’épidurale, j’ai dû attendre près de deux heures pour aller rejoindre ma petite cocotte en néonatalogie. En l’as voyant dans son petit incubateur, si petite et remplie de fils, j’éclatais en sanglots.

Coupable

Coupable… c’est tout ce à quoi je pensais…la culpabilité d’avoir eu du dilaudid durant ma grossesse… moins de 24 heures déjà après sa naissance, elle présentait des symptômes de sevrage. Elle a donc dû recevoir des médicaments en microdose, adaptés à son poids, pour contrôler les symptômes difficiles à gérer pour un bébé. Je vous épargne les détails, mais ce n’est que 21 jours plus tard qu’elle aura son congé sans médicaments ou autre traitement particulier pour la maison.

Le parcours en néonatalogie c’est vraiment comme des montagnes russes. Un jour on avance d’un pas, le suivant on recule de deux et trois jours plus tard on avance de dix pas. Bref, l’important c’était que bébé se portait bien et qu’elle était en pleine santé.

Bienveillance

J’ai envie de terminer en disant à toutes les mamans ou futures mamans qui ont des parcours particuliers et qui doivent prendre des médicaments « non-recommandés » durant leur grossesse, gardez la tête haute. Sans maman, il n’y a pas de bébé et notre corps doit être assez fort pour pouvoir fournir tout ce dont bébé a besoin. J’ai dû pleurer toutes les larmes de mon corps, de douleur, de désarrois et de tristesse… mais maintenant, celle qui coule parfois, sont celles de joie.

La joie d’avoir deux enfants en santé à la maison et que mes reins aient retrouvé leur fonction à 100% sans séquelles. Maintenant, la question qui tue et que je me fais poser déjà souvent depuis mai dernier…

À quand le prochain bébé? Franchement, je ne sais pas et seul l’avenir me le dira!
Image de couverture de Kelly Sikkema
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