L’arrivée fracassante des technologies dans les dernières années nous permet d’être connectés à pas mal tout 24/7. Regarder Facebook ou Instagram alors que l’on est en compagnie de quelqu’un est chose commune. Pour moi, c’était plus rare d’être uniquement en train de naviguer sur les réseaux sociaux que de naviguer sur les réseaux sociaux en faisant simultanément autre chose. Perturbant, n’est-ce pas? Ma prise de conscience a débuté une journée d’école, il y a environ un an. Je répondais à mes courriels de job pendant le cours (oui je sais, c’est ordinaire, mes excuses au professeur). Mon collègue s’est tourné vers moi et m’a dit : « À essayer d’être partout, t’es nulle part. » Ses mots ont raisonné dans ma tête. C’était tellement vrai. J’ai l’impression d’être efficace, mais dans le fond, c’est complètement faux, mon attention a un maximum. Deux activités en simultané signifient diviser mon attention en deux et dans ce cas, on sait bien que ce n’est pas 50% d’attention pour le cours et 50% d’attention pour la rédaction de mon courriel. On parle plus de 80% d’attention sur mon courriel et 20% pour le professeur (encore désolée). Déjà qu’on ne retient presque rien après avoir seulement écouté quelqu’un parler, imaginez avec 20% de notre attention. Après deux semaines, selon Edgar Dale on retient 20% de ce qu’on entend. Donc 20% de 20% ça fait euhm… pas grand-chose!

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Après cet événement, je me suis mise à observer toutes ces situations qui m’empêchaient et empêchaient les autres d’être complètement présents. À l’ère où tout le monde a un TDA, surprenant qu’on soit tous aussi multitâche. Parler à quelqu’un pendant que l’on texte quelqu’un d’autre. Commenter une publication pendant que l’on soupe avec des gens. Parler au téléphone en conduisant. Publier une photo pendant une sortie. Répondre à un courriel pendant une réunion. Nous sommes constamment en quête de temps. Nous essayons de nous diviser pour être partout à la fois. Faire plusieurs choses en même temps nous donne l’impression d’être plus efficace, mais ce n’est qu’une illusion. Notre attention a un seuil maximal. L’occuper à plusieurs choses compromet sa qualité. Dans mon cas, je sais très bien qu’une des deux actions aura la priorité. Si je dîne pendant que je travaille, mon attention sera presque uniquement dédiée à mes tâches de travail et le minimum de celle-ci pour me permettre de manger. Au point où je ne ressentirai pas mes signaux de satiété. Ce minimum d’attention alloué à manger divise tout de même l’attention dédiée au travail, donc je suis moins efficace et moins consciente. « Lose-lose » situation? Le pire dans tout cela, c’est que l’on s’habitue à cette simultanéité d’activités dans nos vies, ce multitâche inefficace. Socialement, c’est accepté, tout le monde le fait. Nous acceptons d’être distraits en permanence et c’est pratiquement la norme. Nous nous habituons à cette fraction d’attention qui nous est donnée dans une conversation. Et vous savez quoi, on y croit à cette double vie. On se convainc que ça fonctionne, qu’on est réellement productif. On essaie même de « multitasker » nos relations interpersonnelles. L’humain dans tout son ensemble est assez difficile à suivre, parler à deux personnes en simultané, c’est certainement voué à l’échec. Après ça, lorsque l’on se retrouve à faire une seule chose, on ressent un vide, comme si ce n’était pas suffisant, si on était inefficace. C’est absurde, non? J’ai compris que ces activités menées en parallèle les unes aux autre nous empêchent d’être réellement présents et nous font perdre le sens de ce qui est véritablement important. Puisque tout est maintenant accessible, le choix de nos actions n’est plus basé sur la priorité de chacune, mais la synchronicité possible pour en faire plus. L’accessibilité réduit le temps de réaction acceptable, accroit le sentiment d’urgence et place tout sur le même pied d’égalité. Ce qui nous amène à choisir entre la quantité ou la qualité? Une discussion profonde, ou deux discussions en surface? Deux tâches complétées passablement ou une bien exécutée? Tout est une question de choix.

Cette prise de conscience m’a fait découvrir ce qu’on appelle le « mindfulness ». Un processus psychologique par lequel on se recentre sur le moment présent, entre autres par le biais de la méditation. Avec la popularité croissante du yoga et de la méditation, la pratique du « mindfulness » a émergé dans les dernières années. Apparemment, je ne suis pas la seule qui avait besoin de s’arrêter. Sa pratique me permet d’éviter ces doubles activités, en priorisant uniquement ce qui est important pour moi tout en en comprenant pourquoi ce l’est. Est-ce qu’il m’arrive encore d’être dédoublée? Bien sûr, je suis un être humain en 2019. Je fais de gros efforts pour diminuer ces situations, par exemple. Dans un univers où tout va à la vitesse de la lumière, où notre attention est constamment tournée vers demain, n’oublions pas aujourd’hui et maintenant.

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