Écrire. Les lunes se succèdent sous mes yeux sans jamais que je m’y remette, malgré le désir ardent, bouillonnant dans tout mon être. La plume de mes 17 ans me semble disparue et c’est possiblement mieux comme ça. Dramatique, exagérée, clivée, elle était. Vaut mieux qu’elle reste cachée dans mes cartables de feuilles lignées au fond de mon garde-robe entre mes photos de bal des finissants et mes vieux bulletins.
À lire : Lettre à mes 7 ans
Les nuances sont apparues avec l’accumulation des années, le double d’années de jadis maintenant (ne nous attardons pas trop ici !). Les nuances ne sont pas les seules à s’être faufilées dans ma tête…le doute aussi s’est invité au fil des révolutions terrestres. Entre les demandes des professeurs d’université pour une écriture limpide, neutre, scientifique (traduction : utile et soporifique) et l’écriture de notes évolutives pour le boulot toujours structurées selon le même canevas pour maximiser le temps que nous n’avons pas, mon écriture est passée de spontanée à automatisée, de vibrante à ennuyante, d’émotive à rationnelle.
Écrire. À quoi bon ? Pour moi? Je n’ai jamais réellement arrêté de le faire. Lors des tempêtes émotives j’y retournais toujours. Quand je me laissais encore aller par petits moments, le doute s’emparait de ma tête, de ma main, de mes mots. Chaque fois avec un jugement imposant porté sur moi-même. Pour qui d’autres? Tout le monde peut écrire, tout le monde semble avoir son mot à dire, d’ailleurs plusieurs pensent que leurs mots sont meilleurs que ceux de leur voisin (et je ne parle pas de Scrabble ici)… Tant de gens qui veulent être lu. Moi aussi. Et si lu voulait en fait dire être vu… Je serais donc comme tout le monde. Une humaine parmi tant d’autres humaines sur le web. Alors pourquoi le faire? S’il existe de longs articles sur la meilleure paire de bas de laine tout autant que sur la façon de réussir… J’écrirais avec quelle intention pour que ça fasse du sens ? Partager. Être en lien. Ça me ressemble.
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Et si au lieu de pourquoi, je changeais ma façon de percevoir et c’était pourquoi pas? What if? Si les arguments n’avaient plus de poids, que les doutes s’évaporaient et que le plaisir prenait place, une toute petite place. What if? Si en plus un peu de laisser-aller voulait s’y coller comme la tire sur mes mitaines à la cabane à sucre le printemps dernier. Ça pourrait possiblement goûter bon. What if…j’y prenais goût… ?
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