Comment expliquer la culture du viol à un homme (ou une femme aussi!) fermé(e) au féminisme de base? Je vais essayer de mon mieux.

Imagine, homme moderne (je vais utiliser le masculin dans cet article parce que je crois qu'il est plus pertinent à ce moment), que tu marches dans la rue avec une petite faim. Il fait chaud et t’as vraiment envie d’un cornet de crème glacée (la sorte que tu veux kin! Gâte-toi, c’est ton imagination) et puis tu décides d’aller t’en chercher un. Je vais prendre l’exemple de nourriture utilisé par l’humoriste qui crée une séparation d’opinions au Québec présentement. Faut noter aussi que même en tant que féministe modeste, je n’ai pas été outrée du tout par la blague de Jean-François Mercier. Je comprends que des humoristes utilisent la provocation pour avoir des rires puis je sais aussi qu’il n’incite personne à agir d’une façon dangereuse. Ce qui me met en beau calvasse, ce sont les gens qui n’y voient aucun problème et ne comprennent nullement la culture du viol.

Source: www.giphy.com

Donc t’achètes ton cornet et puis tu marches en te mêlant de tes affaires. T’as des gars qui sont sur ton chemin de façon aléatoire. Ils sont quasi tous (95%) plus massifs que toi. Quand tu passes à côté d’eux, certains regardent ton cornet avec des yeux doux et tu te dis "hmmm… Ok". Ensuite un autre. Un troisième puis tu commences à te dire "Si un de ces gars voulait ma crème glacée, il pourrait me la prendre n’importe quand, je serais impuissant, ils sont tous beaucoup plus forts que moi." Tu fais deux coins de rue et un autre mec te fait un sourire en te disant "Eille, salut". Un autre qui s’approche et te dit: "C’est beau comment tu manges ta crème glacée. J’peux en avoir un lichette ?’" Et ses amigos le trouvent super drôle. Un moment donné, ta patience et ton sens de la sécurité commencent à baisser considérablement. Imagine ensuite qu’en racontant ça à tes collègues, tes amies du sexe opposé te répondent :

"C’est un peu normal t’sais, tu mangeais une crème glacée."

"Et puis?"

"J’veux dire… tu la mangeais de quelle façon ta crème glacée?"

"Je la lichais, je ne sais pas. Je sais tu moi? C’est quoi le rapport de toute façon?"

"Ben j’suis pas en train de dire que c’est correct ce qu’ils t’ont fait, mais t’sais c’est juste que… c’est comme ça depuis toujours. Manger est un besoin naturel et si tu veux pas attirer les regards et les commentaires, mange juste chez toi ou mange pas quelque chose de froid devant d’autre monde quand il fait chaud."

Voyons ! C’est quoi cette mentalité à la con ? Parce que t’as faim, tu vas me dire quoi manger, quand et où??

Source: www.giantbomb.com

Okay, imagine maintenant que le cornet, c’est ta graine (Scusez). Imagine si quelqu'un regardait ton cornet et que s'il décidait de le prendre, ça te traumatiserait à vie. Qu'il y a une chance sur 6 que quelqu'un essaie de te le prendre.

Okay, imagine que le scénario, ça t’arrive régulièrement. Même si ce ne sont que des regards, des paroles, c'est pas confortable comme situation.

Source: www.cultivatingculture.com

Je suis excessivement pudique, réservée et je suis probablement l’antipode d’une salope et pourtant je me fais regarder "de façon insistante", je me fais siffler, "cat caller" et crier des niaiseries parfois. Ça me fâche, ça m’insulte, ça m’insécurise et je m’y adapte (tristement). Mais de me faire dire que c’est parce que ma jupe est trop courte quand il fait 42 degrés dehors (vois-tu comment je me justifie quand même par la température et non pas avec mon droit acquis de porter ce que bon me semble?) et que si je ne veux pas qu’une bande d’abrutis me dévisagent, de changer ma garde-robe. Ça, me fait péter un solide plomb.

On me dira que s’ils ne disent rien, ne me touchent pas, bien que je devrais faire avec parce que oui c’est impoli et dégueulasse mais bon, ce n’est pas SI pire. Pourquoi? Parce qu’il ne m’a pas touchée? Je devrais me compter chanceuse qu’avec mon accoutrement je n’ai eu qu’à me sentir inconfortable et me faire manquer de respect pour mon choix vestimentaire? Buddy, demande-toi si un mec t’insulte ou rit de toi de loin, si tu ne lui demanderas pas quel est son problème. "S’il rit, il agit, donc là, il dépasse les bornes." Mais s’il ne fait que me fixer pendant plusieurs minutes, c’est ok parce qu’il a utilisé ses yeux pour m’intimider et non sa bouche pour rire?

Encore une fois, souvenez-vous que je ne parle pas de la blague du dit humoriste et qu’en aucun cas dis-je qu’il est dégueulasse de regarder une fille. Les filles aussi on regarde les gars, les filles. Mais mater et regarder sont deux choses et vous faites l’autruche si vous dites qu’il n’y a pas de différence.

La culture du viol fait partie de la société et nous devons commencer à imposer un changement dans la façon de penser des plus jeunes, des plus vieux si possible. Ça fait tellement partie de tous les jours que des marques comme Dolce & Gabbana se permettent même ce genre de pub (FML).

Source: www.4thwavers.wordpress.com

Bref, faites-donc la différence entre la féministe qui dit "Non ce n’est pas correcte de me mater, de me siffler, de m’aborder de façon impolie ou insistante et de me toucher de n’importe quelle façon sans invitation. Parce que personne, fille ou gars, mérite de se faire agresser de cette façon. Peu importe le total de pouces carrés de tissu qui couvre mon corps." Et celle qui dit "NE ME REGARDE PAS – JAMAIS – MES SEINS - MON ÊTRE SONT À MOI, PORC AVEC QUI JE N’OSERAI DISCUTER DE FAÇON SENSÉE!" Parce que bien honnêtement, je connais beaucoup de gens mais aucune féministe agressive finie qui pense comme ça.

C’est correct de me regarder si tu me trouves jolie, mais si tu ne connais pas la ligne à ne pas dépasser pour ne pas me rendre mal à l’aise, ce ne sont pas les filles/les féministes qui réagissent qui sont le problème. C’est ton jugement.

Coche : Pétée.

Tu vois quelque chose que j’ai manqué dans la grande théorie de la culture du viol ? T’as une opinion qui diffère de la mienne ? Tant mieux, exprime-toi! Tout le monde aime les débats respectueux !

Source photo d'entête: www.nubimagazine.com

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