En après-midi du 20 septembre, les réseaux sociaux annoncent une triste nouvelle: la plus longue distance du Marathon de Montréal est annulée. Ce grand événement dont je vantais les mérites plus tôt dans la journée n’aura pas lieu. La canicule est la cause de cette décision qui est prise avant tout pour la sécurité des participants.
Des milliers de coureurs se voient pris au dépourvu à seulement quatre jours du grand jour. Celui pour lequel chacun s’est préparé durant des mois. La préparation d’une telle épreuve, ce n’est pas seulement des entraînements de course à pied. Un marathon, ça n’est pas juste physique. Ce sont des heures de concentration à courir au gros soleil, sous la pluie, en pleine nuit et même dans la neige quand il fait -20 degrés Celsius et que les gens se tiennent bien au chaud devant la télévision.
Il y a aussi les multiples blessures qui surviennent chaque année chez les sportifs. Il faut chaque fois s’arrêter pour recommencer encore et accepter de recommencer plusieurs étapes d’un entrainement.
Courir est en soi une discipline mentale. Il faut être en mesure de se confronter soi-même et de refuser d’arrêter. C’est vrai que c’est plate courir à la longue parce qu’on fait toujours le même mouvement. De là le bonheur de se promener dans sa ville et de prendre différents trajets chaque semaine pour profiter de plusieurs coins de pays et changer d’air un peu. Certains coureurs aiment bien le moment de solitude qu’apporte leur course du matin, où ils méditent seuls et paisibles.
Lors d’une course officielle, on est toujours moins zen. Il y a le défi personnel qu’on s’est fixé qui arrive à grand pas. Qu’il s’agisse de battre son record personnel en temps ou de parcourir pour la première fois un 42,2 km ou encore de compléter sans cesser de courir un parcours après une blessure, chacun s’est lancé un défi. La semaine avant ce grand défi, on est stressé pour tout et pour rien. Le simple fait de savoir que notre famille sera là pour nous encourager est une source de stress. À mon premier demi-marathon, je craignais d’oublier mes souliers le matin de la course ! Et cette année, j’étais nerveuse à l’idée de ne pas dormir suffisamment, donc je n’arrivais plus à bien m’endormir. Quel stress inutile! Je sais bien.
Il y a aussi toutes les fiertés de chaque nouvelle distance parcourue durant l’année ou chaque record de temps. On savoure chaque petite victoire sur la route du grand jour. Je dois vous dire qu’à quelques jours d’un marathon, on n’attend qu’une seule chose : le moment de franchir la ligne d’arrivée après 42,195 km. Et rien ne peut égaler ce sentiment-là! C’est un exploit personnel énorme. Je devrai, comme d’autres, me contenter de franchir 21,1 km tôt le matin, car il n’y a que la distance du marathon qui est annulée. Il y aura une course pour les 1km, 5km, 10km et 21,1 km . Cette année, la ville de Montréal n’applaudira pas ses marathoniens au parc Lafontaine.
Je mentirais si je disais que ce n’est pas si grave, puisque ce lot d’émotions vécues durant les derniers mois revient aujourd’hui et c’est dur d’accepter que son grand défi de l’année est annulé. C'est une bien triste nouvelle et comme l’événement ne peut avoir lieu qu’une fois par année, je devrai pour ma part attendre encore une année complète pour franchir la tête haute le cap des 42,195km.