Nous sommes le 15 juillet 2021 quand j'emménage dans mon tout premier studio. La vie est belle! Plus de colocation, je peux enfin disposer des lieux à ma guise.

Je savoure les premières journées avec frénésie, essayant de ranger progressivement après le boulot, car oui, l'oublieuse que je suis avait omis de poser quelques jours de congé pour mieux organiser son aménagement.

Les conséquences n'ont pas tardé.

Trop fatiguée par mes journées surchargées, dès mon retour du boulot, je m'affaissais sur mon lit, téléphone en main, défilant les actualités du jour sur les réseaux sociaux.

Et badaboum! Ce qui devait arriver arriva. Une pagaille sans précédent régnait dans ce petit appartement de 30 m², si bien que je trébuchais à chaque fois qu'il fallait circuler. Ce petit coin du monde, dont j'étais excitée comme une puce de ranger, était devenu un champ de bataille que l'ennemi, en l'occurrence moi, voulait à tout prix éviter.

Le quotidien battait son plein, ma vie bordélique également, jusqu'au jour où un de mes potes, que j'avais eu le culot d'inviter dans mon univers, me dit d'une voix sincère en scrutant la pièce d'un regard étonné : « Je ne peux pas rester dans un tel désordre, comment fais-tu pour y vivre ? »

Paul, justement, je ne vis pas, je survis, lui dis-je en ricanant.

M'entendre prononcer ces mots me parut insensé. Vivre seule est un rêve que je chérissais depuis mon adolescence, et voilà qu'il était enfin à ma portée ; je le fuyais comme la peste.

Oh non! Non, non, il fallait y remédier.

Le lendemain matin, tel un guerrier se préparant pour son combat, je me réveillais très tôt, réfléchissant à la meilleure stratégie pour attaquer l'ennemi. Mon objectif : faire régner l'ordre à tout jamais dans ce royaume. Pour ce faire, il fallait y aller progressivement ; la grande procrastinatrice que j'étais pouvait, sans crier gare, abandonner ses nouvelles résolutions.

Du coup, pendant une semaine avant de quitter l'appartement, je rangeais minutieusement mon lit. La deuxième semaine, j'ajoutais une autre tâche, la troisième une autre, et ainsi de suite jusqu'à ce que le studio soit complètement rangé.

Il a fallu ce déclic pour comprendre que mon désordre nuisait à ma vie et pour découvrir les bienfaits de l'ordre : réduction du stress, clarté d'esprit, gain de temps, efficacité et productivité. Cela en valait vraiment la peine.

Désormais, ne me cherchez plus parmi les bordéliques de ce monde, j'ai été élevée au rang de ceux qui sont ordonnés.
Image de couverture d'Elisa Calvet B.
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