À Gatineau, un samedi soir. Assise dans un bar, avec quelques amies, nous prenons sagement un verre en discutant. Sur les écrans, on montre les combats de la UFC. Je ne connais aucunement ce sport, mais je regarde avec un certain intérêt. Le pub est bondé de monde. Plusieurs hommes, mais aussi quelques femmes.

Devant nous, la serveuse s’applique à servir ses clients. Une belle brune. Vêtue simplement d’une paire de jeans et d’un t-shirt. Elle s’approche d’une table, les deux mains occupées par des bières. Un homme derrière elle se permet de lui offrir une belle claque sur une fesse. La serveuse se retourne, choquée. Demande qu’on identifie la main responsable. Le bar est rempli. Tous observent la scène, mais aucune main ne se lève. 

Alors que la serveuse continue de chercher le coupable, un homme devant moi se moque. Tout en lançant des regards complices à ses voisins, il mime  avec de grands gestes l’action de jouer du violon. Toujours sans réponse, la serveuse poursuit son travail. Le mime la voyant distraite, se penche à la hauteur de son postérieur et fait semblant de lui mordre une fesse. Visiblement fier de son coup, il regarde ses amis en riant. 

source: quoteaddicts.com

 

Je bouille de l’intérieur. Bien que des dizaines de personnes aient vu la scène, personne ne dit mot. Je prends parole. La voix pleine de mépris, je m’adresse à l’imitateur, lui reprochant son flagrant manque de respect et son évidente stupidité. Une pluie de vulgarité tombe sur moi. Fracassant son verre sur la table devant moi, il m’attaque à grands coups de « conne » et de « salope ». On s’interpose alors et chasse cet idiot à l’extérieur de l’établissement.

Maintenant hors de ma vue, ses amis s’approchent pour me signifier leur gêne face au comportement de leur ami. J’accepte leurs excuses, sans pour autant continuer la discussion. L’imbécile réintègre le bar. Toujours en colère, il prolonge son monologue. Regardant à quelques reprises dans ma direction pour s’assurer que je sais qu’il parle de moi. Je décide de l’ignorer. Étant donné l’irrationalité de mon opposant, le débat est inutile. Je reste assise à ma table pour regarder la fin du dernier combat. 

La soirée terminée, nous nous dirigeons vers la sortie. Des hommes attentionnés, nous ouvrent la voix afin que nous sortions sans recroiser la brute. Dans la voiture, mon amie et moi discutons de la situation. Encore sous le choc. Ravie qu’on ait pris ma défense, mais choquée que personne ne se soit levé pour protéger cette fille qui tentait tout simplement de faire son travail. 

Source: http://www.ffq.qc.ca/2016/10/contre-la-culture-du-viol/

La culture du viol, qu’on la nomme ainsi ou d’une toute autre façon, c’est aussi ça. C’est ne pas parler lorsqu’on est témoin de ce genre de comportement. C’est tolérer qu’un homme puisse ouvertement manquer de respect à une femme et se moquer lorsque celle-ci tente de réprimander une violation de son intimité. Je n’ai pas d’autorité auprès des malfaiteurs. Je n’ai pas non plus la force nécessaire pour les intercepter. Mais j’ai une voix, et jamais je ne me tairai devant ce genre de conduite. 

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