C’est un lundi soir, sur le point de m’endormir, que j’ai décidé de passer au travers d’un vieil album de Vincent Vallières. « Le repère tranquille » qu'il s’appelle. Comme ça, pour le plaisir de m’endormir sur autre chose que des sons de pluie sur des toits de tôle. Et alors que j’avais presque terminé de compter mes moutons, il y a cette chanson, « Un quart de piasse », qui a joué. J’ai fait la fine oreille et j'ai commencé à prêter attention aux paroles.
Ouch. La musique a l’un de ces pouvoirs pour te faire réaliser tout ce que tu veux bien essayer de nier. Et tout ce déni qui refait surface, ça te pogne en-dedans comme une grosse boule dans l’estomac.
Tu sais, le genre de discours que tu crois avoir réussi à te faire croire toi-même à force de le dire aux autres. Le « j’vous dis, je suis bien là-dedans », le « inquiétez-vous pas, je sais dans quoi je m’embarque. » Parce qu'à force d’être aussi convaincante avec les autres, on finit par se convaincre soi-même. On se convainc qu'on est en contrôle de ses émotions et que de l'attachement, ben y'en aura jamais.
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Tu sais de quoi je parle, n’est-ce pas? La ligne mince et ô combien fragile qui sépare tes sentiments du reste. Celle qui fait toute la différence dans ta façon de voir une relation, mais surtout de la vivre. Celle qui sépare habilement l’amitié des choses un peu plus sérieuses. Celle qui se tient entre le noir et le blanc. Celle que tu crois dure comme fer à force de vanter sa solidité aux autres, mais que tu n'as jamais réellement testée. Celle qui te fouette en plein visage sans préavis un soir de semaine alors que tu croyais terminer ta journée en écoutant de bonnes vieilles chansons.
Parce que faire face à toi-même, confronter tes pensées trop souvent refoulées, mais qui reflètent pourtant exactement ce que tu ressens, c’est dur pour l'ego. Parce que tu te crois forte et surtout, tu te proclames forte. Puis tout d’un coup, tu te surprends à t'essuyer le bord des yeux quand tu entends exactement ce que tu as du mal à t’avouer. La maudite vulnérabilité. Elle nous mène la vie dure et tu la ressens toujours au moment où tu t’y attends le moins. Et ça c’est le plus difficile à encaisser, car elle te prend au dépourvu et la seule personne qui peut la faire disparaître, c’est toi.
Tu sais, notre plus grand ennemi, c’est nous-mêmes. Y faire face, c'est pas chose facile. T’es robuste, tu sais. Mais si tu persistes à travailler pour y arriver autant que tu t'entêtais à t’avouer des choses qui te rendaient heureuse temporairement, tu vas arrêter de te faire surprendre par les balades à Vincent Vallières à 1h du matin, crois-moi. Tu vas t’endurcir, mais surtout, tu vas apprendre à être honnête face à toi-même.
Les autres ont un tel pouvoir sur nous et parfois, t’as besoin de l’entendre par quelqu’un d’autre que toi pour réaliser l’ampleur de tout ce que tu essaies de te cacher.