Il y a un an, j’étais étudiante en éducation primaire et préscolaire. Parfois, il m’arrivait de me noyer dans les 300 élèves qui constituaient ma cohorte. D’autres jours, je surfais plutôt sur la vague, le temps d’un travail que j’appréciais particulièrement. J’ai toujours voulu travailler avec les enfants. Pour moi, être enseignante, c’était un choix logique. Depuis mes treize ans, je travaille dans les camps de jour, puis comme éducatrice dans des garderies privées. Mais voilà, trouver ma véritable profession, le journalisme, a changé ma vie.
Pendant longtemps, j’ai été ce genre de personne à vouloir planifier sa vie d’avance. Je serai enseignante, j’aurai ma maison à 23 ans, mon premier enfant à 25. J’aurai quatre enfants, trois gars et une fille. Je me marierai quand ils seront assez âgés pour participer à la cérémonie. Toute ma vie planifiée pour que tout se déroule comme sur des roulettes. Puis, l’échec. Ce goût amer d’objectifs fixés trop haut.
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À 19 ans, un DEC en communication en poche, j’ai choisi de poursuivre mon parcours en éducation. Boum. Première erreur. Même si j’aimais travailler avec les enfants, mes cours n’arrivaient pas à me motiver assez. J’ai donc pris six mois off, à travailler à temps plein dans une garderie. J’ai adoré être éducatrice - c’est tellement gratifiant -, mais le salaire qui venait avec l'emploi m’a repoussé. J’ai néanmoins continué par amour de la profession.
À 20 ans, j’ai pris mes cliques et mes claques et je suis partie à Montréal pour apprendre la vie, mais surtout pour obtenir un baccalauréat en journalisme. Moi qui n’ai jamais vraiment cru au destin, cette fois, c’est comme si les étoiles s’étaient alignées. Le courriel d’admission étant tombé dans mes pourriels, j’ai fait l’examen en retard, à deux heures du matin. Je n’ai pas pris le temps de vérifier ce que j’écrivais. Et puis, j’ai été acceptée. Enfin !
Pendant un an, je me suis impliquée dans presque tous les médias étudiants de mon université, et même deux médias extérieurs. J’ai enchaîné les expériences non rémunérées, parce que j’aimais ça. Quand j’écris, j’ai toujours l’impression de ne pas travailler. C’est naturel, un besoin viscéral chez moi.
J’écris pour moi depuis aussi loin que je me souvienne. Mais là, c’était différent. Des gens me répondaient, me donnaient leur feedback. Certains me remerciaient de dire ce qu’ils n’avaient jamais eu la force de dire. De parler de violence conjugale, d’agressions, de maladie mentale et de sexualité.
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J’ai la chance d’exercer deux métiers plus gratifiants les uns que les autres. D’un côté, je vois mes groupes de 0-5 ans se développer et devenir des enfants sensibles, joueurs et à l’écoute. De l’autre, je me fais la voix de ceux qui ne peuvent s’exprimer. Je mets les mots sur des sentiments qu’on ne peut expliquer et je souligne le travail et les accomplissements de diverses personnalités qui, elles aussi, font un travail remarquable.
Il y a un an, j'ai trouvé ma profession et ça a changé ma vie. Aujourd’hui, j’écris ce texte entre deux quarts de travail à Radio-Canada, dans la salle de rédaction, et je me sens accomplie. Longtemps, j’ai eu des doutes. Même cette année, alors que ma carrière allait bien, je continuais d’en avoir. C’est humain. Mais ce matin, je me sens à ma place. Et c’est ce qui compte.