Depuis le jour où on a déposé un petit bout de vie en moi, je suis devenue la personne la plus anxieuse de la Terre. Les spécialistes disent que c'est normal, que chaque maman vit ce que je vis.
Pour que je me sente moins coupable d'être comme ça, on me dit aussi que, compte tenu du passage en clinique de fertilité, cette peur est amplifiée. Oui, fois 10 millions. Ben, ça, c'est moi qui le dis.
Rappelons-nous que je n'étais pas censée pouvoir enfanter et voilà que, TADAM, je porte un miracle. Un miracle qui implique que je me répète chaque seconde que c'est trop beau pour être vrai. Tellement trop beau que ça pourrait s'arrêter.
C'est tout doucement que l'angoisse s'est manifestée, mais elle grandissait chaque jour un peu plus et ça me faisait mal chaque jour, un peu plus.
Ça a débuté par la peur que l'embryon ne s'accroche pas. Je ne saurais dire combien d'échographies j'ai passées pour me rassurer alors qu'il n'était qu'un petit bleuet.
Après, ça me foutait la trouille que son tout petit coeur s'arrête. Au grand désarroi de mon conjoint, je me suis procurée un doppler fœtal pour pouvoir entendre son coeur battre de la maison. Il y avait quelque chose de rassurant, mais j'ai vite compris que ça ne faisait que nourrir l'anxiété. En effet, ce n'est pas chaque fois qu'on arrive à capter les battements de coeur d'un embryon devenu foetus et qui est mini comme un kiwi. Avec le recul, je l'avoue, mon amoureux avait raison, j'alimentais mon anxiété.
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Ensuite, la chienne qu'il s'étouffe en jouant avec le cordon ombilical s'est pointée. Ça me rend folle de ne pas pouvoir lui enlever ce jeu. Je rationalise en me disant que c'est le jeu de tous les bébés et que c'est extrêmement rare que ça arrive. Je me dis aussi que c'est pas mal la seule distraction qu'il a en dedans de moi, le pauvre, et que je n'ai aucun pouvoir sur ses passe-temps.
Maintenant que mon fils arrive bientôt et qu'il est de la grosseur d'un melon, j'angoisse à l'idée de lui offrir une mère anxieuse, et ce, bien malgré moi.
J'espère du plus profond de mon coeur que toute cette anxiété qui m'aura suivie durant 40 semaines n'aura pas eu le temps de déteindre sur lui.
Et si c'est le cas, je me fais la promesse de lui apprendre à la contrôler, mais surtout, à l'accepter. À l'accepter en l'apprivoisant, tout doucement.