Qu’est-ce qui arrive quand après presque 10 ans d’études postsecondaires, tu te rends compte que le travail de bureau, que tes diplômes t'ont permis de décrocher, n’est pas vraiment pour toi? Quand tu découvres qu’au fond de toi, tu es une nomade élevée dans un cadre de 9 à 5?
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C’est assez dur au début. Tu perds tes repères. Parce que ce qu’on t’a toujours montré, c’est : étudier; trouver un emploi stable avec de bons avantages sociaux, un bon plan de retraite et la possibilité d’avancement dans l'entreprise; te mettre en couple, parce qu’avec ton emploi tu as de la stabilité et qu'à deux, c’est plus simple d’acheter une maison et de bâtir quelque chose. C’est plus sécurisant aussi. Ensuite, ben c’est le temps des enfants. Un ou deux idéalement. Parce que sinon, ça devient un casse-tête et rien n’est fait pour les familles de cinq (je parle d’expérience).
J’étais certaine que c’était mon destin, un peu comme quand le professeur nommait les noms en ordre alphabétique au primaire, j’étais convaincue que mon nom s’en venait. Malheureusement, mon tour n’arrive pas et je n’ai pas le destin à blâmer : c’est moi qui ai peur. Cette petite voie toute tracée m’étouffe. Elle m’angoisse. Elle m’épuise. Et je ne suis pas encore à 100 % dedans.
Au fil des années, je me suis aperçue que les moments où je me sens le mieux c’est quand je voyage, que je suis proche de l’eau, que je respire l’océan. J’ai de la difficulté à rester avec le même emploi plus d’un an et faire la même chose de 9 h à 17 h. J'ai de la difficulté à ne pas partir à la découverte d’une nouvelle ville ou d’un nouveau pays chaque année ou tous les 6 mois.
J’ai besoin du soleil sur ma peau plus que 4 mois par année. De me faire fouetter le visage par de nouvelles couleurs, de nouvelles odeurs, de nouveaux sons…
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J’adore ma routine, mais j’aime encore plus la briser, prendre cette grande respiration pleine de courage et me lancer dans l’inconnu.
Être nomade c’est un terme que les gens de ma génération et les suivantes ont de plus en plus sur les lèvres. Les jeunes âgés de 20 à 30 ans ont soif d’aventures. Ils voient leurs parents et ne sont pas certains de vouloir suivre le même chemin. Les barrières sont tombées, des métiers se créent, adaptés à nos besoins d’espace, de liberté et de folie.
Ce n'est pas dans cette mentalité qu'on m'a élevé. Tout ce qui sort du cadre « ordinaire » me fait peur, car je n'ai pas vraiment d'exemples de gens faisant des métiers « différents » autour de moi... et pourtant je sais que je ne suis pas destinée à suivre les pas de ma mère ou de mon père. Je sais que je ne suis pas la seule, mais chacun le vit différemment. J'ai décidé de ne pas être malheureuse en m'emprisonnant tout de suite entre les trois panneaux d'un cubicule au 14e étage d'une tour au centre-ville.
Ça fait peur de ne pas avoir de routine, une maison, un emploi avec de l’ancienneté. Ça apporte beaucoup d’incertitude et de doutes. Mais est-ce vraiment mieux de mourir étouffer sans avoir décollé?
Moi, je sais maintenant que j’ai un esprit libre dans un corps rigide. J’ai peur et j’aime ça.