Chère Covid,
Ça fait quelques temps déjà qu’on apprend à te connaître, et je cherchais les mots appropriés pour t’adresser ce que tu as changé dans ma vie. Tu es arrivée dans nos vies, doucement, puis de manière froide et brutale. Tu as enlevé la vie à certains d’entre nous, brisé des familles, rendu malade nos gens, sans même qu’on puisse les assister dans leurs derniers moments.
Tu nous as appris à ne pas prendre la vie telle qu’on la connaissait pour acquis, tu as réussi à nous faire ralentir, à nous faire moins déplacer, tu nous as fait réaliser que la socialisation, notre cercle, c’est si précieux. Tu nous as appris à la dure à s’ennuyer de notre famille, nos amis, tu nous as fait réaliser qu’on aurait dû prendre plus le temps. Si tu savais comment j’ai hâte de serrer tout mon monde dans mes bras, sans mon masque. Ce masque, j’ai appris à vivre avec, à l’avoir toujours sur moi. Mes filles qui sont si jeunes auront appris à vivre avec, elles auront peu connu la vie sans ces nombreuses mesures. T’en fais pas la Covid, je comprends ces mesures, justement pour réduire le nombre de décès et limiter la propagation. Cependant, tu m’as enlevé chaque parcelle de bonheur de ma vie quotidienne. C’est peut-être égoïste de te dire cela comme ça, mais avoir un cours de yoga par semaine avec ma professeure préférée, même si c’était des groupes réduits, même s’il fallait respecter les mesures, je l’appréciais tellement. Ça m’aidait à me gérer, dans tout le stress que tu nous as amené.
Cette chaleur humaine, l’humanité, l’entraide, l’échange, le partage, ce sont des aspects que nous perdons de jour en jour. Nous sommes collés sur ce qui nous reste d’échange, nos cellulaires ou ordinateur. On a peur d’aider quelqu’un avec ses sacs, car tout d’un coup qu’elle serait porteuse. Je comprends, mais ça me fait mal, tellement mal. Tu as ravagé des couples, tu me diras que cela voulait dire qu’il n’était pas fort, mais je crois que si tu enlèves tout moment qu’un adulte pouvait utiliser pour avoir du répit, si tu enlèves les rencontres avec nos amis, notre famille, le temps peut devenir long, l’engrenage peut s’enclencher, et ce même dans les foyers où l’amour règne. Tu nous as demandé de nous adapter, tu fermes, tu ouvres, tu nous enlèves, tu nous remets certains droits, certains accès.
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Je trouve ça injuste pour nos enfants qui ne comprennent pas. Ils doivent rester dans la maison, impossible d’aller pratiquer un sport, mais nous pouvons aller dans un magasin rempli de gens qui ne respectent pas la distanciation. Dans les écoles, tu épuises tes professionnels avec toute tes restrictions, les empêches de mettre tout leur cœur dans leur transmission aux générations futures, tu les restreins encore et encore. Nos jeunes à besoins particuliers, dont on doit adapter leur quotidien, se voient encore davantage restreints.
Je sais qu’on doit travailler fort à s’unir et s’aimer, mais parfois le cœur n’y est pas. Je regarde des photos et me souviens des temps où nous pouvions être proches, où nous pouvions être juste bien. On doit choisir de regarder le positif de cette situation, comme je t’ai dit, on est ralenti, on est plus écolos, on prend plus le temps de s’appeler, mais mon dieu que je te trouve cruelle. Je suis réaliste, je crois que tu fais partie de nos vies pour un certain moment, mais j’espère tellement que tu deviendras plus douce avec le temps, que tu nous laisseras reprendre le dessus, sans enlever toutes les restrictions, en étant disons peut-être plus conciliable?
Les gens sont fatigués, irrités, parfois même apeurés, c’est le moment aussi d’offrir aux autres, et je sais que cela peut sembler fou, mais notre porte doit demeurer ouverte (avec un masque oui oui). Ce que je veux dire c’est que ce n’est pas tout le monde qui a un bon réseau, qui est en santé.
Chère Covid, j’espère que tu regarderas ça aller et que tu nous prendras une pause, une chance de respirer un peu, je crois que le changement a été vécu et que les gens auront appris ce qu’il y a à être retenu. Chère Covid, tu peux partir maintenant.