Parfois je m’arrête et je me dis : «Peux-tu bien me dire pourquoi ça tombe sur moi?» ou bien «Il me semble que je ne mérite pas ça câline» ou «Je vais verrouiller mon cœur à double tour maintenant pis je donnerai plus la clé» ou encore «Je considère que je suis une bonne fille même si je ne suis pas parfaite, c’est quoi la joke, pourquoi c’est autant de la merde?».
Mes histoires amoureuses n’ont pas toujours été des échecs. J’ai eu l’immense bonheur d’avoir eu droit à des histoires très belles et d’avoir été avec des personnes qui m’aimaient vraiment pour qui j’étais, avec mes forces et faiblesses. Des personnes qui m’ont montré ce que c’est d’être réellement aimée et qui m’ont fait sentir que je mérite de l’être, et ce, de la bonne façon.
Cela dit, on croit à tort que je déborde de confiance en moi puisque je tends à afficher une certaine assurance. Si vous étiez en mesure de vous créer une petite place à l’intérieur de mon cerveau, vous verriez que ça se corse en titi. Malgré les apparences (on dit qu’elles sont souvent trompeuses, je l’affirme all the way), je vis un énorme manque de confiance en moi. Je le défie sans arrêt en repoussant mes limites, en m’impliquant dans mille et un projets, en étant entourée de plein de gens, mais il n’en demeure pas moins qu’il est toujours là, solidement ancré. Ne pensez pas que si je fais tout ça, c’est parce qu’il n’est pas si grand. J’ai juste appris à dealer un peu plus avec lui. Parfois, il prend moins de place, parfois il prend toute la place. Malheureusement, il est toujours présent.
Ce manque de confiance en moi s'associe à une terrible peur du rejet. J’ai énormément de difficulté à me gérer lorsque je suis, ou que j’ai l’impression d’être rejetée. Je suis capable de gérer mes émotions en temps normal, mais lorsqu’on me rejette, je ne sais plus comment. C’est le black-out total. C’est comme si cette manifestation confirmait l’étendue de mes insécurités que je tente de faire taire sans relâche. Cette petite voix qui me dit parfois que je ne suis pas assez belle, pas assez intéressante, pas assez brillante, pas assez amusante. Je porte tellement attention à ce que les autres peuvent dire qu’en écrivant ce texte, je me dis que si un gars venait à le lire, il penserait que je ne suis pas capable de me gérer et partirait en courant. Vous voyez ce que je veux dire.
En fait, à la place de me dire que le rejet est une chose qui arrive et que ça ne change rien à ma valeur personnelle, je recherche la parole, l’impression, la caractéristique physique, le trait de personnalité qui a déplu. Je ramène toujours le problème à moi, même s’il n’y a parfois AUCUNE raison. Je relis mes messages à la recherche de l’erreur, je repasse les événements dans ma tête en m’analysant dans tous les moindres recoins. Mon cerveau roule à 100 km/h. Je me parle et je le ralentis. Peu de temps après, il pèse à fond sur l’accélérateur et c’est à recommencer.
Tristement, j’en viens à me dire que je suis difficile à aimer, ce qui est le pire sentiment au monde. Mes amis et ma famille me rappellent à quel point ils m’aiment, à quel point je vaux beaucoup à leurs yeux, à quel point je suis unique et à quel point ma présence dans leur vie est essentielle. Je devrais me préoccuper de ces personnes qui me connaissent réellement dans tous les moindres détails de mon être. Ces personnes qui acceptent mes insécurités, ma vulnérabilité, mes peurs et mes défis puisqu’ils savent à quel point ma détermination, mon altruisme, mon humour, mon ouverture et mon énergie sont attachants. Dis-moi pourquoi j’accorde de l’importance à la personne qui me connaît à peine ou qui me connaît sans être en mesure d’apprécier mes atouts. Pourquoi?
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Je donnerais vraiment tout pour être en mesure de focaliser mon attention sur ce qui en vaut la peine, les bonnes choses et les bonnes personnes. D’oublier rapidement ceux qui ne me méritent pas ou qui me prennent comme une option. D’être assez solide intérieurement pour me tenir droite et la tête bien haute si quelqu’un part de ma vie. J’y arrive. Enfin, je finis par y arriver. Après avoir envoyé 2737274 messages qui tentent de comprendre le pourquoi du comment, pourquoi je n’ai encore pas été assez ou bien pourquoi la personne me fait sentir comme si je n’étais pas assez.
Ces messages que j’envoie qui sont si bien écrits, remplis de respect (même si l’autre personne en mériterait peut-être des plus crus) et qui témoignent d’une grande maturité au fond cachée derrière des blessures profondes. Ces messages qui sont souvent « vus » et qui auraient dont eu le mérite d’être répondus. Ces réponses qui auraient dues être idéalement des paroles, mais que si elles avaient été réelles ne seraient que des messages parce que c’est beaucoup plus facile de ne pas affronter l’autre en personne. C’est bien plus facile de rejeter quelqu’un par message, ça évite de composer avec des réactions qui nous feraient sentir qu’on n’a pas été sincère ou qu’on n’a pas été totalement honnête. J’ai de la misère avec ça : que quelqu’un mette une personne sur un piédestal pour finalement la considérer comme un rien du jour au lendemain.
Un mécanisme de protection prend souvent place dans ce temps-là. Je tente de montrer à l’autre à quel point je suis formidable, à quel point je vaux la peine d’être aimée pour le faire sentir nono de ne pas le faire ou pour lui faire ressentir qu’il perd quelque chose. J’ai l’air de la fille qui s’aime trop, à la limite narcissique. C’est tellement absurde parce que c’est totalement l’opposé. Dans le fond, c’est comme si je clamais « Hey oh!!! Je vaux la peine, t’as pas le droit de me faire ressentir le contraire ou de ne pas le remarquer». Ça l’air un peu fou dit de même, mais c’est comme ça que je le vis et que je l’explique.
Je remercie néanmoins la vie de faire en sorte que, même si ça me prend du temps me remettre sur pied, je m’en remets toujours. Je me considère excessivement forte. C’est ma plus grande fierté. Je vais continuer de travailler sur moi-même pour qu’un jour, ce soit facile de croire que je VAUX tellement quelque chose, que je MÉRITE tellement d’être aimée et respectée et surtout, que je SUIS une belle personne, et ce, peu importe comment les autres me perçoivent et peu importe comment ils agissent avec moi.
Je vais le trouver le gars qui considérera mes insécurités comme des défis et non des éteignoirs, qui va se recentrer sur mes forces et les trouver tellement belles que mes défauts seront tellement secondaires pour lui. Le gars qui me respectera et qui prendra le temps de m’écouter et de discuter de façon mature quand ça sera moins rose, celui qui m’aimera pour vrai et qui continuera à le faire à long terme.
D’ici là, je vais être la fille qui considérera ses insécurités comme des défis et non des défauts, qui va se recentrer sur ses forces et les trouver tellement belles que ses défauts seront tellement secondaires pour elle. La fille qui se respectera et qui prendra le temps de s’écouter quand ça sera moins rose, celle qui s’aimera pour vrai et qui continuera à le faire à long terme.
Comme le disait Carrie Bradshaw dans Sex and the City, «don’t forget to fall in love with yourself first». Amen.