On est bien chez nous. Entre ces quatre murs qu’on connait bien, qu’on a décorés nous-mêmes, dans notre lit douillet, il n’y en a pas de problème. On connait nos voisins, notre rue, notre ville, notre région. On sait où se trouve la meilleure poutine du quartier, et on peut donner des indications aux touristes vers le Vieux-Port. Chez nous on cultive nos coutumes confortables, que ce soit, notre café matinal à la boulangerie, notre marche quotidienne jusqu’au métro, ou notre tant attendu verre de vin entre amis le vendredi soir. Nos habitudes, bien que rassurantes et confortables, sont pourtant lourdes à porter pour notre cerveau. Répéter les mêmes actions, avec les mêmes personnes, et aux mêmes endroits forme notre zone de confort, de là le mode « pilote automatique » sur lequel une majorité d’entre nous vivent. Cela dit, la magie opère à l’extérieur de cette zone familière. Et ça, on ne s’en rend jamais compte si on ne s’éloigne pas de cet univers qu’on connait si bien.
Je n’avais aucune idée, en filant à l’autre bout du monde, que ma vie allait changer pour toujours. J’ai dit au revoir (ou à jamais) à mon appartement, mon travail, mes amis, ma famille, à mes plats québécois préférés, aux couleurs d’automne dans les Laurentides, et j’ai sauté dans un avion sans billet de retour.
Il existe plusieurs manières de voyager. Partir en vacances en est une. Mais ici, on ne parle pas d’un « séjour », mais bien d’une longue odyssée (mois, années ?!), d’une phase à l’écart, qui permet de se détacher du mode de vie qu’on entretient chez nous. Peu importe la destination, on doit plonger dans un monde différent du nôtre, aux coutumes étrangères et dans un panorama qui nous apparait encore inconnu. Loin du secteur familier, on apprend toutes les minutes, on peut se bâtir une nouvelle vie et on vit chaque jour comme le dernier. C’est ainsi que l'on comprendra qui on est et d’où on vient.
Cette dernière phrase peut te sembler absurde, parce que bien évidemment tu penses déjà te connaitre, et, à quel autre endroit peux-tu découvrir d’où tu viens que celui d’où tu viens, en ? Et bien, c’est ce que je croyais aussi. Voici trois raisons pourquoi t’envoler loin de chez toi te changera à jamais.
Apprendre, apprendre, apprendre chaque minute
En voyage longtemps, on rencontre d’abord beaucoup de gens. Pas n’importe quelles gens; des gens qui viennent d’ailleurs, qui ont sans doute grandi dans un environnement dissemblable du nôtre, qui maîtrisent peut-être une autre langue, et qui ont sûrement visité des endroits dont tu n’as jamais entendu parler. Ils ont tellement à t’apprendre ! Toi aussi, tu es instruit de milliers de choses qu’ils ne connaissent probablement pas (entre autres, les -30 degrés), ce qui laisse place à des discussions fascinantes. Les habitants du coin te révéleront les secrets et les coutumes du pays. Les voyageurs te feront le récit de leurs aventures et te questionneront sur ton chez-toi. Tu te prendras à décrire ta culture natale et à parler de l’hiver canadien avec une approche différente. De plus, tu visiteras une panoplie d’endroits où le quotidien s’interprète autrement. Par exemple, le service dans les restaurants, les règles de ponctualité, l’habillement, les transports, les coutumes sociales… etc. Vivre dans un environnement étranger élargira tes horizons et testera tes capacités d’adaptation. Tu mettras en doute ces habitudes confortables dont tu pensais ne jamais pouvoir te détacher, tu découvriras d’autres manières de mener ta vie, et tu porteras un regard changé sur ta propre culture.
Se bâtir une nouvelle vie à partir de 0
Dans le cas où tu t’installes à un endroit particulier pour quelques mois (ou années), et surtout si tu travailles là-bas, tu te bâtiras une nouvelle routine. Trouver une chambre/appartement, faire la connaissance de nouveaux amis, de collègues et tenter de nouvelles activités ouvrira la porte à une vie autre qui ne se réfère presque pas à ton passé, mais qui est plutôt influencée par les coutumes de la région. De même, les relations que tu construiras seront fondées sur le moment présent. Et quand tu en as assez de cette routine, t’as qu’à changer d’endroit !
Vivre chaque jour comme le dernier
La meilleure facette du voyage, c’est le soir quand on se couche en révisant notre journée. On pense à la randonnée sur la montagne, aux plats qu’on a goutés, au sentiment des vagues de l’océan, aux nouveaux amis, et à demain, qui amènera probablement une version améliorée d’aujourd’hui ! Parce qu’en voyage, tu fais ce que tu veux; ce que t’aimes faire, pas ce que tu es obligé de faire. Dans mon cas, j’essaie d’appliquer cette pratique dans la vie de tous les jours, parce que, pourquoi se restreindre d’être comblé, quand on peut mourir demain ?