Nous avons été amies pendant quelques années, c’est vrai. Quelques années, mais pas assez pour la règle du sept ans… vous savez cette règle selon laquelle une amitié qui dure plus de sept ans dure pour toute la vie? J’ai passé de bons moments avec toi. Tu m’as aidée à ta manière. Mais, avec le temps, j’ai aussi compris que cette amitié m’épuisait. Beaucoup.

J’ai vu, au fil du temps, certain.es de tes ami.es s’en aller peu à peu. Ou plutôt, je t’ai vu les fuir. Je te donnais toujours le bénéfice du doute. J’écoutais ta version. J’ai compris que j’avais eu tort quand j’ai vu tes mêmes patterns se mettre en branle contre moi.

Début du cégep, on se rapproche. Notre amitié se forge. On partage des intérêts similaires, on rit, ça fonctionne. Surtout, tu m’offres une oreille pour écouter. Moi qui ai toujours été très timide et discrète sur ma vie amoureuse, j’avais trouvé quelqu’un avec qui je me sentais finalement à l’aise de parler de ça. Peut-être parce que nous étions presque dans le même bateau.

On allait à plusieurs activités ensemble. Puis, tranquillement, tu t’es mise à annuler certaines d’entre elles. Plus tard, tu m’as dit que tu n’aimais pas une de mes amies et que tu ne préférais pas venir quand elle était là. J’ai accepté. Pourtant, le problème ne s’est pas réglé. Tu me répondais ou tu m’écrivais toujours à la dernière minute pour me dire que ça ne fonctionnait plus finalement. Combien de fois je m’étais préparée à sortir pour ensuite me retrouver seule? Ça me fâchait beaucoup à l'intérieur et je détestais que tu me fasses sentir ainsi. Un jour, je t’en ai parlé. Tu t’es fermée, tu as prétexté que je faisais la même chose, ce qui n’était pas le cas.

J’ai fréquenté trois gars durant la période qu’a duré notre amitié. Au premier, tu m’as dit que ton feeling n’était pas bon, que tu l’avais vu avec d’autres filles et que c’était un coureur de jupons. Tu en as aussi profité pour glisser un jugement futile sur son apparence. Je t’ai cru, j’ai arrêté de lui parler en ce sens et un mois plus tard, il était en couple. Je t’ai remercié de m’avoir évité cette relation. Avec du recul, je me rends compte qu’il n’était pas du tout mon genre.

Le deuxième gars est encore mon ami à ce jour. Nous nous sommes fréquentés quelques temps. Tu l’aimais bien parce que tu le trouvais beau. Un soir, il m’a dit qu’il préférait qu’on arrête de se voir parce qu’il n’était pas prêt. Il m’avait annoncé ça tellement gentiment que je me sentais en paix avec cette décision. Pourtant, quand je t’ai appelée pour te l’annoncer, tu disais que c’était un imbécile. Je te répondais que ses sentiments étaient légitimes et qu’il n’était pas du tout méchant, mais plutôt qu’il était honnête avec lui-même, tout simplement. Tu as continué malgré tout. Tes phrases sonnaient fausses. Elles sonnaient comme les répliques typiques de la meilleure amie dans les films. Ce n’était pas naturel, on dirait que tu suivais un guide pour savoir comment agir.

couple amour soleilSource image: Unsplash

Le troisième gars est aujourd’hui mon amoureux. Quand je t’en ai parlé la première fois, je t’ai dit qu’il était intéressé par moi, mais que, moi, je n’étais pas certaine encore. Nous nous étions donnés rendez-vous une première fois, lui et moi, dans un restaurant. Je lui ai avoué comment je me sentais d'entrée de jeu. Il a été hyper compréhensif et on a tout de même eu une belle soirée. Étonnante, même. La conversation coulait de façon fluide. J’avais tellement peur que ce soit l’inverse! Puis, je t’ai dit quelques semaines plus tard, que lui et moi, nous nous étions embrassés. Je t'ai dit que j'avais enfin tourné la page concernant mon chapitre précédent. Tu as feint d’être contente pour moi, mais je sentais que ce n’était pas exactement le cas.

J’ai fréquenté cet homme plusieurs mois. Au départ, nous pensions tous les deux que ce n’était qu’une histoire d’été. Six mois plus tard, pourtant, notre histoire se développait encore… mais nous n’étions toujours pas un couple! Tu m’as dit qu’il profitait de moi, qu’il n’était pas bon pour moi. Je ne t’ai pas écoutée. Cette fois-ci, je ne t'ai pas laissé gagner. Cet homme-là me faisait sentir bien. Il était transparent, respectueux et notre communication était excellente et démontrait une grande ouverture d'esprit. Tu m’as reproché de te demander des conseils sans m’y conformer. Moi, je me suis demandée pourquoi je devrais suivre des conseils qui n'ont pour but que de me rendre malheureuse. Tu t’es mise à me sortir une liste d’éléments absurdes que, toi, tu ne pourrais pas supporter… comme le fait qu’il était un peu plus petit que moi. Tes idées étaient préconçues. Tu essayais de me faire assimiler tes critères superficiels. Ça n'a pas fonctionné.

Puis, j’ai eu un déclic. Toutes ces amies perdues, tu les as perdues parce qu’elles étaient devenues en couple. Souvent, tu leur reprochais de ne plus t'accorder de temps, alors que c’était toi qui te rendais indisponible. Tu te fermais complètement. Tu avais peur de passer en deuxième et de ne plus être au centre de l’attention. Il y a eu ces fois où je t’ai entendu dire que tel gars n’était pas assez bon pour telle amie, mais ce n’était pas vrai. Je le sais, parce qu’une de ces amies en question, nous l’avions en commun. Son copain, je ne le connaissais d’abord que par tes jugements. Puis, je l’ai rencontré, je l’ai vu prendre soin d'elle et je l’ai vu la rendre tellement heureuse. Enfin, j'ai compris que plus la relation devenait sérieuse, plus tu devenais bizarre, voire injuste.

Après ce moment charnière, notre relation s’est graduellement brisée. Je me suis rendue compte dans les derniers mois de notre amitié que ce n’était plus sain. J’étais constamment fâchée contre toi et contre moi de t’accorder encore autant de place. J'en ai eu assez de t'accorder des chances pour finalement être déçue à nouveau. La pandémie est arrivée. Étrangement, c’est la distance qui nous a fait rapprocher le plus mon copain et moi. Mais, avec toi, ça nous a éloigné. Pour une raison que j’ignore, tu m’as bloquée sur Instagram, tout comme cette autre amie.

amis bonheur feu de campSource image: Unsplash

Je pense que j’ai longtemps utilisé cette amitié pour m’exprimer parce que je savais le faire avec toi. Au début, c’était sans en prendre véritablement conscience. Puis, j’ai tranquillement appris à m’ouvrir avec les autres aussi. J’ai beaucoup travaillé pour développer ma confiance en moi ces deux dernières années. J’ai osé prendre des décisions pour moi. Maintenant, je me sens libérée.

Quand je pose mon regard sur cette relation aujourd’hui, je pense que la raison pour laquelle c’était si facile de partager mes expériences avec toi, c’était parce que je ne ressentais pas de pression vis-à-vis ton opinion, comme si tu étais extérieure à ma vie. Peut-être est-ce pour ça que, même si nos chemins se sont séparés désormais, je ne ressens pas de peine ni de vide. Parfois, j'avoue sentir un petit résidu de colère se déposer sur mon cœur et je m'en veux.  Mais, ensuite, je réalise que toute cette histoire m'a permis de reconnaître qui étaient mes véritables ami.es. Je sais aussi que je peux compter sur ma famille et mon copain en tout temps. Mes relations sont belles, riches et saines. J'avance et je suis fière d’être où j'en suis. Sans hésitation, je peux affirmer que je suis bien entourée, vraiment. J’espère que tu l’es, toi aussi, sincèrement.

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