*À noter que ce texte ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'équipe éditoriale du blogue LeCahier
La goutte qui a fait déborder mon vase déjà bien rempli par toutes les absurdités que peuvent commettre mes chers concitoyens en ce temps de pandémie, cela fut d’apprendre qu’une gang de plusieurs dizaines de personnes qui sont allées fêter dans le sud à Cancún ont pris l’avion retour vers Montréal sachant qu’ils avaient tous le COVID. Non seulement ils n’ont pas eu la pensée collective de se dire que cette année, ce n’est pas une bonne idée d’aller dans le Sud, mais en plus ils ont eu la brillante idée de revenir au pays, de nous mettre en danger, merci la PCU. En plus des autres pas trop futés qui ont fait valoir leur droit inaliénable d’aller se faire bronzer la couenne coûte que coûte, en se sachant contagieux.
Le secret, c’est facile, il suffit de se procurer un test faussement négatif auprès du personnel corrompu d’un hôtel ou bien en ville, faux négatif tellement bon que les douanes n’y verront que du feu, le tout pour 100$, voire 200$ et salut bande de caves, on rentre au pays avec la gueule de bois d’une semaine d’excès, le corps portant le virus, mais la gueule bien bronzée en nous riant en pleine face en tant que société. Le pire dans toute cette histoire, c’est qu’une bonne partie de cette joyeuse bande de sans-génie a pu se permettre de payer leur voyage avec la grande générosité de Justin que voilà, la fameuse PCU. Il y en a même un qui, lorsqu’il travaillait encore, a fraudé pour obtenir de la PCU en même temps que sa paie régulière, pour pouvoir s’offrir ce trip avec son gang de pros du party, le fleuron des Québécois imbéciles, à la Bob Gratton, version 2020-2021.
Non, mais a-t'on de quoi être fier? Pendant que le personnel hospitalier ne peut pas prendre de vacances en raison de décrets ministériels et que bien des foyers respectent, le moral alourdi, les consignes sanitaires à la lettre en raison de la notion de sacrifice que demande une pandémie, pour bien du monde, aller se péter la face dans un tout-inclus, c’est ça leur priorité, leur objectif de vie, leur besoin le plus pressant. Ne pensent-ils pas que les infirmières fatiguées de devoir soigner ces mêmes idiots n’en ont pas envie, ni surtout, besoin d’une semaine destination soleil? Ne pensent-ils pas que moi, ma fiancée, ma famille, mes amis, on n’en a pas envie nous aussi ? La différence, c’est qu’on pense aux autres, qu’on a une vision plus large, mais surtout, qu’on a du respect et du savoir-vivre en collectivité.
J’entends déjà ces parasites sociétaires me sortir leur théorie du complot et me traiter de mouton, mais être une énergumène aussi insensible aux autres ne fait pas de vous des lions hors du troupeau et de la masse, mais bien plus des lâches. Je m’excuse d’avance à ma mère pour mes gros mots, moi qui m’exprime généralement si bien, mais j’en ai plein le cul et je ne suis pas le seul. Il est temps de se faire entendre parce que la grogne populaire s’accentue. Plein le cul, de cette bande d’ignorants, de sans desseins et de nombrils sur deux-pattes qui vivent comme bon le semble alors que le reste, on se prive, on souffre, isolés dans cette atmosphère lourde remplie d’angoisses, d’incertitudes, de pertes et de questionnements. Eux, ces « Los Tabarnacos », surnom encore plus mérité par leurs prouesses récentes dans le sud avec leurs faux tests, ne s’en posent pas de questions.
Depuis le début de la pandémie, je n’ai pas arrêté de travailler. Je remercie la vie, car je sais que je suis chanceux et que bien des gens ont dû avoir recours aux aides gouvernementales et qu’ils en ont réellement eu besoin et qu’ils sont travaillants, mais simplement mis à l’arrêt temporairement. De mon côté, chaque jour, je me suis rendu au travail pour garder à flot la PME dans laquelle je suis gestionnaire, en continuant tant bien que mal à faire rouler les affaires. On y est parvenu, mais on a « buché » fort et on continue à s’acharner jour après jour pour garder la rentabilité de l’entreprise et s'assurer un emploi dépendant grandement de nos actions quotidiennes pour se faire.
Et c’est là, allant ou revenant de travailler, à 8h le matin, à midi ou bien à 11h revenant de 13 heures au bureau, alors que je voyais ces « chilleurs de la PCU » profiter de l’été que j’ai pensé à ce que mon père m’avait conté comme histoire sur ses voisins au chalet familial quand il était jeune. Dès 12 ans environ, comme je l’ai fait ensuite moi aussi avec celui-ci, mon père allait travailler à « la shop » familiale l’été et ils partaient tôt en revenant tard, après de longues journées de canicules éreintantes pour s’apercevoir que les voisins, qui leur envoyaient la main le matin avec un café, leur renvoyaient la main le soir avec une bière cette fois. De leurs journées, ils se prélassaient au soleil en lisant le journal et en buvant pour ensuite faire la sieste et faire des barbecues en se baignant tout l’après-midi. « Pas trop vaillants qu’ils étaient » me raconte mon père, c’était toute une famille de bougons de père en fils, qui avec leurs allocations réussissait à tous passer l’été sur le bord du lac alors que lui et son père allaient travailler, mon oncle également présent à leurs côtés.
Ce sentiment d’injustice et cette colère de devoir payer via mes impôts et taxes pour des fraudeurs trop lâches pour se botter le cul parce que la PCU c’est plus payant que leur jobine et bien moins forçant, et bien il culmine quand je les vois fumer leur joint ou aligner leurs corps morts de cannettes de bière vides à toute heure du jour, jour après jour. Avec toujours du monde différent, des véhicules stationnés différents, mais toujours le même sourire arrogant en me regardant passer assis sur leur terrasse l’air de me dire, c’est qui l’cave? Comme la cigale, ils ont chanté tout l’été et même cet hiver au chaud sur une plage de sable, alors que jour après jour, ma famille et moi respectons scrupuleusement les consignes et faisons ce qu’il faut, comme la fourmi. Mais c’est vrai, c’est qui les caves?
De nature couche tôt et aimant rédiger des textes critiques, mais avec un fond d'optimisme et d’humanité, ce soir j’ai tenté de me calmer en lisant dans le bain, en méditant et même en jouant à Call of Duty pour évacuer mon trop plein de colère, mais rien n’y fait. C’est pourquoi, maintenant rendu 1h30 du matin, je rédige cette chronique qui n’a pas d’empathie envers ces gens, j’en ai pour les gens droits et vraiment dans le besoin, mais pas pour cette gang de profiteurs qui se prélassent au soleil pendant qu’on se les gèle à -15 icitte. Mon texte n’a pas également mon ton habituellement mobilisateur et collectif qui tente à faire changer les mentalités, car je suis trop en maudit, même en « tabarnak » !
La population, mes semblables, par là je parle des gens respectueux qui ont assez de jugeote pour comprendre la notion de collectivité et d’interconnectivité, commence fortement à être à boute, écœurée et même révoltée par ces idiots. Il y en a beaucoup d’idiots, car j’ai des connaissances qui me disent qu’ils font des affaires d’or avec AirBnB à louer des penthouses pour des partys et des chalets pour de gros rassemblements à gros prix depuis le début de la pandémie. Que des dizaines de voyageurs positifs mettent à risque leurs proches, compagnons de voyage partageant l’avion, leurs collègues de travail, quand ils travaillent (lol). Mais surtout les gens respectueux qui font ce qu’ils doivent, mais qui l’attraperont peut-être à l’épicerie en croisant un de ces « Covidiots positifs » qui ne respecte certainement pas sa quarantaine, car même le 12 février, on n'a pas la quarantaine obligatoire payante alors que la Corée du Sud l’a déjà depuis le début de la lutte contre la COVID, ça, c’est l’écœurantite qui m’a frappée ce soir.
Et si le gouvernement ne prend pas plus de mesures pour contenir ses débordements les plus irritants les uns que les autres, ce n’est pas seulement ces précurseurs du non-respect total d’autrui qui chanteront l’été prochain, mais ce seront tous les bons petits soldats qui luttaient docilement qui finiront par se tanner de l’inaction envers les récalcitrants qui vont décider qu’ils en ont ras-le-bol d’être le dindon de la farce en se sentant comme invité à un dîner de cons, qui vont dire ;
« C’est fini, ça en est trop, y’en a marre les principes, on se loue un chalet entre famille et amis pis on fait comme tout le monde, on s’en caliss ! »
Et là, seulement là, ça va vraiment partir en couille et le système de santé va dérailler complètement sans l'appui de la population. En ayant peur de brimer les droits aux champions de l’assistanat social qui festoyaient, gracieuseté de la miraculeuse PCU, c’est le manque de rigueur, de professionnalisme et de couilles du gouvernement Legault et de celui de Trudeau qui aura laissé le camp des je-me-moi nombrilistes entraîner la masse conciliante des autres Québécois dans le je m’en foutisme suite à trop d'accumulation de frustrations à les voir continuer profiter de la vie comme si de rien n’était, alors qu’eux se privaient depuis bientôt une année...