Pas un bruit.
Ce matin, j’ai ouvert les yeux et la place d’à côté était vide. Normal. Je me suis levée, avec l’espoir du aujourd’hui. Car la flamme brille chaque jour. J’ai fait couler du café. Trop. J’ai dû jeter la seconde tasse dans l’évier. J’ai mangé avec appétit ma tranche de pain. La confiture étendue parfaitement sur tous les coins. C’était bon. Ça aurait pu être bien, aussi, de goûter à une tranche mal beurrée par un autre que moi.
Je me suis habillée, mise belle. Juste pour moi. J’aurais pu porter tout autre chose en échange d’un sourire, pour un regard. Mais seulement le mien en retour dans le miroir. C’est bien tout de même.
Je suis sortie sans oublier mes clés, car en revenant, seulement moi pourrai rouvrir. De la sécurité. Pas de surprise derrière la porte. Le même son du rien qui rassure. Peut-être que je mettrai de la musique pour danser. Je peux faire ce dont j’ai envie. L’avantage.
J’ai décidé d’aller jogger. Partir vers où ? Peut-être enfin trouver, trébucher sur un par hasard. C’est enivrant de penser que peut-être que. Mais non. Pas grave, il y aura des demains.
J’ai fait les courses. Un pain. Une tomate. Un demi litre de lait. Un sac. Un cœur. Sourire au caissier. Il ne m’a pas vue, il comptait les sous.
Cet après-midi, je me suis assise au soleil. Les rayons qui avec joie, savent me réchauffer. Je suis bien. Je l’ai dit et ma tête l’a entendu. On apprend à se parler. Se dire les vraies affaires.
Je travaille sur un livre en ce moment. Dans les histoires, tout est possible. C’est génial. Avec du papier et un crayon, on invente un monde, on rencontre les gens, on écrit un rire, on apprivoise l’amour. La fin est belle, si on le souhaite. Ou il peut même ne pas y en avoir. Créer rend libre et fier. J’aurais aimé que d’autres yeux devinent mes mots. Partager. Mais l’idée d’avoir tout un univers à moi seule est réconfortante. C’est correct quand on y pense.
Source image: Unsplash
Ce soir, j’ai dressé la table et il n’y avait qu’un couvert à placer. Rapide. J’ai pris soin de mettre de l’amour dans mon plat, mais seule moi y ai goûté. Délicieux. Puis, en reposant fourchette et couteau, le calme de nouveau. Je suis sensée faire fi du son de l’absence. Pas toujours possible. J’ai allumé la télé car nul n’était présent pour échanger. Les images m’ont fait oublier. J’ai ri.
Il était tard, je repoussais le moment de quitter mes amis du câble. J’ai pris une longue douche chaude. Sans devoir en laisser au prochain. Enveloppant. J’ai choisi mon savon préféré. Un parfum rassurant. Une autre belle journée d’écoulée. En ai-je pleinement profité? Oui, sans doute, car un rien me rend heureuse, me fait sentir bien. C’est pourquoi je vis sagement. Pas dans l’attente, mais juste au cas où.
Cette nuit je me suis couchée, les draps étaient froids. Le lit, très grand. De l’espace à remplir. J’y ai pensé, un peu. J’ai éteint la lumière. Même dans le noir, je vois la place vide.
Puis dans mon rêve, il y a quelqu’un. Même plusieurs. On parle. On se touche. On se serre. On se reconnaît. Un nombre infini de possibilités, de l’amour qui vient en sens inverse. Ça ne me fait même pas peur. C’était très bien, ça aussi.
Et je me suis réveillée.
Silence.