J'ai encore de la difficulté à le réaliser, mon congé de maternité tire à sa fin et bientôt les jumelles souffleront leur première bougie d'anniversaire. Je réalise qu'à tous les jours elles évoluent, font un petit geste, un petit son, un petit mouvement qu'elles ne faisaient pas la veille. Mais j'ai aussi réalisé que j'ai grandi dans toute cette aventure.
J’ai réalisé que j'ai des vrais amis et que ma famille est plus importante que tout. Je tiens à dire merci à tous ceux et celles qui m'ont aidée durant les premières semaines/mois de vie des jumelles. Ce ne fut pas facile pour moi, pour le couple, et j'ai eu l'impression que ma vie était mise à rude épreuve. J'avais besoin de leur soutien pour passer à travers. Merci à tous ceux/celles qui ont su être présents même à distance pour me consoler, pour m'écouter. À ceux/celles qui ont été là pour me rassurer lors de leur premier gros rhume ou lors de l’apparition de tâche rouges, de petits bleus ou de tout ce qui inquiète un cœur de mère. À ceux/celles qui ont été présents quand j'étais au bout du rouleau, que ce soit les soirs de semaine, les jours de fin de semaine, toute dépeignée, pas présentable, en mou dans mon salon en me disant que ça allait finir par passer. Mes vrais amis, je vous ai vus, je vous ai sentis près de moi durant cette année remplie de montagnes russes d'émotions. Vous ne passiez pas simplement des commentaires sur mes photos ou mes stories, vous avez été là pour m'aider et m'accompagner dans ce cheminement qu'est devenir maman.
J’ai aussi réalisé que mon conjoint est un père et un homme extrêmement fort. Il est patient et, lui aussi, en apprentissage. Il fait ça comme un champion! J'ai si hâte que les jumelles soient grandes et que mon conjoint puisse leur montrer l'exemple d'un bon copain, d'un bon père de famille et qu'il leur montre comment une femme doit être traitée par son mari. J’ai réalisé qu'en choisissant mon copain et le père de mes enfants, je choisissais aussi leur modèle, leur homme de référence. Je suis contente et fière de mon choix. Je n'ai jamais douté de ses qualités en tant que futur papa, malgré ses petits défauts, il est et sera votre super héros (attention complexe d'Oedipe en double!)
J’ai réalisé que le couple, avec l'arrivée d'un enfant (ou deux), est régulièrement mis à l’épreuve, mais qu'avec de l'amour et de la volonté, toute épreuve est surmontable. Et ici de l'amour, il y en a! C'est ce qui nous donne la force de nous tenir debout, tous les jours et toutes les nuits, parce qu'il y en a des nuits blanches. J'ai réalisé que les bases doivent être solides avant de fonder une famille et j'étais bien contente d'être ingénieure en structure pour solidifier la structure à quelques reprises!
On ne peut pas être prête à avoir des enfants. J'ai réalisé qu'on ne peut pas être prête pour quelque chose qu’on ne connaît pas, pour vivre des émotions et toute la gamme de sentiments qui viennent avec sans jamais les avoir déjà vécus. Il faut le vivre une fois pour le comprendre et ce, dans n'importe quelle épreuve de la vie et personne ne les vivra de la même façon. Alors laissons de côté le jugement: personne ne vit de la même manière la grossesse, l'accouchement, le 0-3 mois, la première année, la première adolescence ni même le premier départ des enfants. Je vais loin, mais les gens ont tendance à nous inquiéter avec des événements futurs: TRÈS FUTURS. Vivons chaque moment à fond et passons à l'étape suivante, c'est le truc que je me suis donnée depuis la naissance des jumelles.
J’ai réalisé que j’ai peur, maintenant: peur de mourir, peur de me blesser, peur d'être hospitalisée, car j’ai peur de les abandonner. J'ai eu mon lot d'hospitalisations dans la dernière année, mais je suis toujours rentrée à la maison avec le cœur gros en les serrant dans mes bras, les yeux plein d'eau en leur chuchotant que c'était la dernière fois, que maman était revenue pour rester cette fois-ci... J'ai peur de leur faire de la peine ou de leur infliger un chagrin dont je ne pourrai pas essuyer les larmes. J'ai peur de les priver d'un des deux parents et de ne pas les voir grandir. J'ai aussi peur pour elles, qui leur arrive quelque chose. Je peux maintenant imaginer ma mère qui me voyait partir en moto ou sur les glaces du fleuve en canot à glace en se disant que j'était beaucoup trop téméraire pour son cœur de mère.
J’ai réalisé tous les sacrifices et les efforts que mes parents ont dû faire pour moi. Mon copain et moi en parlions récemment: c'est fou tout ce que nos parents ont dû faire pour nous et que, jeunes ou enfants, on ne le réalisait tout simplement pas. Je sais que mes parents ont fait de leur mieux et qu'ils ont été parfaits dans leur imperfection. Ils ont tout donné pour que je devienne qui je suis aujourd’hui et j'en suis fière, alors j'espère qu'ils le sont aussi. Je réalise que je ne pourrai jamais leur rendre autrement qu’en étant moi aussi aimante et généreuse envers les jumelles et en leur permettre d'être les meilleurs grands-parents du monde.
Finalement, j'ai réalisé que l’amitié n’a pas d’âge, parce que lorsque je parle de bébés avec une femme de 20-30-40-50-60-70-80 et même tout récemment 100 ans à l'hôpital, une maman reste une maman toute sa vie.
Petite parenthèse ici: j’ai réalisé que les bébés secoués ne sont pas la cause de mauvais parents. C’est, bien sûr, impardonnable et inexcusable. Ces parents ne sont pas fous et ne détestent pas leur enfant. Ils sont tout simplement fatigués, en détresse et ont besoin d’aide. Maintenant maman, je comprends ce genre de détresse.
J’ai réalisé que des graines de toasts qui traînent sous la table depuis une semaine ne trahissent pas une maison sale. Elles dessinent plutôt une maison où on y mange à notre faim, où on y mange tous ensemble, où on y mange en vitesse parfois. Où on échappe notre assiette et on apprend.
J’ai réalisé que je suis une bonne maman et que je réussis bien jusqu’à maintenant, car je fais de mon mieux.