Ça y est. C'est vrai. Je pars. Après de longues et mûres réflexions (pas tant, non), j'ai enfin décidé de faire le grand saut. Partir là où on a besoin de moi. Là où je pourrai être utile à 100%.

Et cela, dans tout mon être, ma créativité et ma joie de vivre.

Car, je dois l’avouer, j’ai un amour profond pour la vie. Mes passions ont toujours été l’éducation, les enfants et l’écriture. J'ai travaillé deux ans auprès des communautés autochtones dans le Grand Nord. J'ai été famille d’accueil. J'ai enseigné à des adolescents et à des enfants pendant 10 ans.

J’ai maintenant 34 ans. Et là, je pense que mon chemin est assez défriché et mon bagage assez rempli pour réaliser le plus grand projet de ma vie : l’aide humanitaire. Tout est clair dans ma tête et dans mon cœur.

J'ai adoré toutes ces expériences au Québec. Mais, chaque fois, je me disais que ce n'était pas assez. Avec les années et après maintes questions existentielles sur le pourquoi des choses, j'ai réalisé que la source du véritable bonheur de l'humain est d'avoir une famille qui l'aime et qui prend soin de lui. Tout commence avec la famille. Bref, la véritable source de la joie se trouve dans la qualité de nos relations. Quand on sent qu’on est aimé pour qui on est, ça nous fait évoluer.

Ce que je voyais lorsque je fermais les yeux, c'était une panoplie d'enfants qui me sautaient dessus en souriant.

Quand je regardais bien profondément au fond de moi, je me voyais avoir beaucoup, beaucoup, beaucoup d'enfants. Je ne savais pas trop comment j’allais réaliser ça! J’étais à l’Université, j’avais 25 ans, j’écrivais mes projets de vie dans mes cours et j’étais incapable de me visualiser dans le futur avec un homme et une famille. J’étais incapable de me voir après 30 ans. Je n’avais pas vraiment de modèles. Néant total de ce côté! Nous, les Occidentaux bien engraissés par la vie, nous avons cette chance de vivre dans l'abondance. Elle nous sort par les oreilles même.

Mais, ailleurs, dans ce même monde où l’abondance règne, des milliers d'enfants sont abandonnés chaque année.

Et ces abandons sont souvent causés par la pauvreté et le manque d'éducation. Pis ça, ça me parle depuis toujours. Pis ça, ça me touche depuis toujours. Je me rappelle la première fois. J’avais 7 ans et je regardais Vision Mondiale. Je déposais des Jos Louis aux poubelles en me disant que les enfants pauvres seraient vraiment heureux de tomber là-dessus. Je crois que mon projet est né à ce moment-là, dans toute mon innocence.

Je me suis toujours questionnée sur le sens de la vie.

Toujours.

J’en ai beaucoup souffert même. C’est une longue quête, trouver le sens de sa propre vie. Je regardais le monde dans lequel on vivait et j’avais de la misère à comprendre comment il fonctionnait. Ce fut vraiment difficile pendant mon enfance, mon adolescence et le début de ma vie de jeune adulte. Difficile, parce que je ne trouvais ni de modèles ni de repères à ce que je ressentais au fond de moi.

J'avais envie de changer le monde!

J’avais l’impression que tout le monde était plutôt préoccupé par sa propre vie. C’est correct. Mais moi, je trouvais ça tellement vide de sens de vivre pour moi-même. Ennuyant, même. Je ressentais une énergie plus grande qui venait avec envie de donner et d’aimer. Aussi simple que ça.

J’ai envie d’aider à temps plein. Ici, je suis plutôt limitée. Je sais qu’ailleurs, on a besoin d’espoir, et ça, j’en ai à profusion! 

J’ai effectué mes recherches puis j’ai trouvé un orphelinat en Asie qui voulait bien m’accueillir.

Je suis complètement excitée, surexcitée même! C’est dans 6 mois. J’ai beaucoup de choses à faire d’ici là. J’ai des engagements. Je dois finir mon année scolaire avec mes élèves.

En toute humilité, je ne sais pas ce qui va se passer là-bas. Je m’imagine juste en train de bercer des enfants, raconter des histoires et enseigner le français. Et ça, ça me comble de bonheur. Ça fait du sens, pour moi. Oui, j’ai des craintes, oui j’ai des appréhensions, mais ce n’est rien à côté de la joie que je ressens. 

Là-bas, je vais écrire. Je vais écrire beaucoup, parce que ça me fait vivre, écrire. Ça me nourrit. Je partagerai avec vous ma vie là-bas, en toute humilité.

Ça y est, je pars. 

Source de l'image de couverture : Unsplash
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