J’ai perdu ma mère à 26 ans. Cela fait moins d’un an que j’apprends à vivre sans elle. Techniquement, 11 mois. 11 mois très pénibles. En fait, nous avons appris de son état de santé en février 2020. Depuis, cela n’a pas été de tout repos…
La claque au visage
Plusieurs rendez-vous à l’hôpital, plusieurs traitements, deux opérations, des douleurs, des médicaments, des craintes, des doutes… puis le verdict final, cancer généralisé, incurable…
Sans retour en arrière. Jamais. C’est fou, car on se dit toujours que ça n’arrive qu’aux autres.
Ma mère était une femme en pleine santé, qui bougeait beaucoup, avait une joie de vivre contagieuse, pas de petits bobos ou quoi que ce soit d’inquiétant.
Puis « paf », comme une bonne claque au visage, l’annonce de cette nouvelle, m’a fait le plus grand mal.
Ma mère était mère monoparentale de deux grandes filles. Je suis la plus jeune. De douze ans de différence. Nous avons toujours été un trio gagnant. Les trois soudées. Ma mère prenait plusieurs rôles pour moi. Ma mère, mon père (je n’ai plus de contact avec mon père depuis mes onze ans), de mentore, de confidente. Je l’appelais pour absolument tout. Tout le temps.
Elle m’encourageait à être moi-même. Me donnait ses judicieux conseils ou m’écoutait tout simplement.
S’ennuyer profondément
Je m’ennuie de sa voix…
Ce sont souvent de petites choses simples qu’on s’ennuie le plus. De l’entendre me dire « ça va aller, ma puce ». Si je me concentre très fort, j’entends encore ce murmure dans ma tête.
Le geste doux de ses mains dans mes cheveux lorsque je pleurais, me manque. Je m’ennuie même de ses messages interminables sur ma boîte vocale. J’irais jusqu’à dire que je m’ennuie des moments où elle me chicanait lorsque j’étais ado.
Lorsqu’on doit faire le deuil d’une personne chère, nous nous ennuyons des beaux moments avec eux. Mais nous nous mettons également à nous ennuyer des moments qui ne se sont jamais produits en leur compagnie et ces moments ne pourront à présent jamais se produire.
Ma mère ne pourra pas voir ma première maison. Si un jour, je me marie, elle ne pourra jamais m’aider à me préparer pour mon mariage. Si j’ai des enfants, elle ne pourra pas être près de moi lors de mon accouchement, elle ne pourra pas non plus les bercer.
Tout ça, ce sont tous des microdeuils que je dois vivre.
La jalousie, ce drôle de sentiment
Je me surprends parfois à être jalouse… pis je m’en veux de ça…
Je suis jalouse lorsque j’entends quelqu’un parler de sa mère. Parfois, je suis jalouse de ma grande sœur. Elle, ses enfants ont connu leur grand-mère. Je suis jalouse de mon amie qui, elle, va se faire marier par sa mère. C’est particulier, car j’éprouve un sentient de jalousie, tout en étant excessivement contente pour eux d’avoir ces moments précieux.
Il faut les valoriser, ces moments. Prenez soin de vos moments avec vos proches, même ceux qui vous semblent banals.
On n’est pas préparé au décès de sa maman lorsqu’on a 26 ans. Je ne pense pas réellement que nous puissions vraiment en être prêts. Mais certainement pas à 26 ans…
On a toujours le sentiment étrange que ça n’arrivera pas. Même quand on le sait.
Alors, n’attendez pas que la vie vous rappelle sa fragilité. Prenez le temps aujourd’hui de dire à vos proches à quel point vous les aimez. Créez des souvenirs qui dureront toute une vie, car personne ne sait quand viendra notre dernier au revoir.