J'envie le caractère de toutes ces femmes de pouvoir que l'on voit dans les films. Des dures à cuire, maîtres de leur propre vie. D'un sens, j'aimerais, moi aussi, être capable de piler sur tous ceux qui croisent mon chemin afin d'arriver à mes objectifs. Pourtant, bien que l'envie ne manque pas, je n'y arrive pas. J'ai développé, avec les années, un certain sens de la moralité. On peut dire que ma bienveillance est devenue ma meilleure qualité, comme elle est ma pire faiblesse.
J'aimerais être une boss ass girl. Une femme forte, qui est capable de taire ses émotions et ne se laisse pas atteindre par quoi que ce soit. J'aimerais du plus profond de mon âme être celle que mes parents, mes sœurs et certains amis voient en moi. La strong independant woman qui a beaucoup de caractère, ne se laisse pas piler sur les pieds, celle qui sait où elle s'en va dans la vie, qui travaille d'arrache-pied pour obtenir ce qu'elle souhaite et laisse jamais ses émotions prendre le dessus. J'essaie toujours de me convaincre que je suis cette version que les autres ont de moi, mais ils ont tout faux.
En réalité, je suis cet enfant brisé qui doit toujours faire meilleur que tout le monde pour remplir son sentiment de validation. Je suis la personne qui attend les petites heures du matin pour pleurer toutes les larmes de son corps dans le confort de son lit et se lève le lendemain prête à affronter la nouvelle journée qui s’annonce. Celle qui doute de toutes les décisions qu’elle prend, se fait des dizaines de scénarios dans sa tête pour être certaine de toujours savoir à quoi s’attendre. Je suis la femme qui se regarde dans le miroir et qui, malgré tout ce qu’elle accomplit, continue de trouver qu'elle n'est pas suffisante. Je suis cette personne qui trouve son bonheur dans celui des autres et serait prête à laisser sa place à quiconque sur le podium.
Source image : Unsplash
Fut un temps où je ne ressentais rien ; le bon comme le mauvais. Un temps où j'aurais pu piler sur n'importe qui afin arriver à mes fins. Puis, j'ai compris que le bonheur ne résidait pas dans nos accomplissements, mais découlait plutôt de notre entourage. À quoi bon être la meilleur si tu n'as plus personne avec qui partager tes succès?
On vit dans un monde de requins, alors que plusieurs personnes seraient prêtes à piler sur quiconque afin d'arriver à ses fins. Certains ne font qu'avancer, sans jamais se retourner pour prendre compte de ce qu'ils ont laissé derrière leur passage. Ils sont prêts à tout pour atteindre leurs objectifs.
Je ne suis pas comme ces gens ; prête à tout pour prospérer. Je suis plutôt celle qui ramasse les morceaux et ne laisse personne derrière. Celle qui aide ceux qui ont plus de difficulté, qui est toujours prête à s'oublier pour remonter un collègue dans les échelons, qui calcule l'ensemble des répercussions que pourraient avoir ses actes. Je suis la femme qui agit comme si elle était la plus tough, qui prend les coups à la place des autres et se tient toujours debout. Je suis un cœur de pierre, personne ne peut m’atteindre, du moins c’est ce que je laisse croire à ceux qui m'entourent.
Avec le temps, j'ai compris que tout était une question d'attitude ; se persuader que le monde est à nos pieds, que l'on mérite sa place et de prendre ses dûs. La règle numéro un est de toujours agir comme si on savait exactement ce que l'on faisait, même dans les pires périodes de doute. Finalement, je suis plutôt fière de mon sens de la moral. Il faut que j'apprenne à n'en prendre et à n'en laisser. Arrêter de me faire du souci pour tout le monde et m'assurer d'être toujours proche de mon humanité ; ne pas me laisser prendre au jeu.
L'important je crois, n'est pas d'être la boss ass girl, mais de laisser accroire aux autres qu'on l'est tout en s'assurant de ne laisser personne derrière.